Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
fit-elle avec une hauteur qu'elle ne sut pas assez bien maîtriser. Me direz-vous où vous avez pris ces idées insensées ?
    — Ici même ! Vous avez été reconnue dès l'instant où vous avez franchi la porte de Courtrai. Voyez- vous... dame Catherine - c'est bien votre nom n'est-ce pas ? - si disgracieux et si austère que soit le costume dont vous avez jugé bon de vous affubler pour entrer dans Bruges, il ne saurait complètement dissimuler une beauté comme la vôtre... une beauté dont tous, ici, ont gardé le souvenir ébloui...
    — Mais enfin...
    — Allons ! Il est bien inutile de nier ! Qui pensez- vous convaincre avec ce système ? Ou alors, faites- nous donc la grâce d'ôter cette coiffe, si modestement ample, et de nous montrer vos cheveux. S'ils ne sont pas de l'or le plus pur nous reconnaîtrons notre erreur et nous admettrons que vous n'êtes pas la dame de Brazey.
    Comprenant qu'elle était acculée, Catherine tenta au moins de parlementer. Il fallait que ces gens lui rendissent sa liberté. Mieux valait essayer de s'entendre...
    Soit ! fit-elle avec un sourire. Vous m'avez reconnue. Mais votre horloge retarde, sire bourgmestre, et bien des choses se sont passées depuis le temps que vous évoquez. Ainsi, je ne suis plus la dame de Brazey et n'ai plus rien à faire avec la Bourgogne où cependant j'ai gardé quelques amis, ce qui devrait vous sembler assez naturel. À
    présent, je suis comtesse de Montsalvy, épouse de l'un des meilleurs capitaines du roi Charles VII et dame de parage de la reine de Sicile.
    J'admets, ajouta-t-elle avec un sourire, que ce genre de déclaration, voici encore deux années, m'eût sans doute valu un séjour dans l'une de vos geôles. Mais France et Bourgogne sont en paix, dorénavant, n'est-il pas vrai ?... A présent, vous savez tout et je pense qu'il ne vous reste plus qu'à me souhaiter bon voyage et à vous retirer.
    Mais le sourire n'avait servi à rien et, sous le chaperon rouge, le visage de Van de Walle demeura de pierre.
    — Pas encore, si vous le permettez ! Me direz- vous, en ce cas, ce que vous êtes venue faire ici et sous une fausse identité.
    — Puisque vous êtes si bien renseigné, vous devriez le savoir : je suis venue prier devant le Précieux Sang de Notre-Seigneur pour qu'il consente à rendre la santé à mon époux gravement blessé il y a quelques mois. Il m'a paru plus convenable de le faire sous un nom d'emprunt. Hier, vers la fin du jour, j'ai été...
    — ... vénérer la relique en compagnie de maître Van Eyck, j'en conviens ! Mais ensuite vous avez quitté discrètement la chapelle en passant par l'hôtel de ville. Et, en bateau, vous avez gagné la maison de la Florentine. De ce côté-là aussi il est inutile de nier. Nous avons des agents habiles... très capables de suivre quelqu'un sans se faire voir, surtout quand la nuit tombe !
    — La voix froide, posée, articulant soigneusement chaque syllabe afin qu'elle porte mieux, agissait comme un acide sur les nerfs de Catherine, emportant ses belles résolutions de calme et de diplomatie. Sa voix, à elle, fut encore plus glaciale quand elle riposta, perdant patience : En admettant que tout ceci soit vrai... me ferez- vous la grâce de me dire en quoi mes affaires vous regardent
    ? — Personnellement elles ne me regardent pas, j'en conviens, mais elles regardent la cité tout entière dès l'instant qu'elles présentent quelque valeur pour sa sauvegarde. Or vous portez l'enfant d'un prince qui nous cause de bien grands ennuis, et cependant vous n'avez pas craint de venir ici pour vous en débarrasser !
    — C'est faux ! Jadis, oui, j'ai eu un fils de monseigneur Philippe... mais cet enfant est mort et vous le savez certainement aussi bien que quiconque, vous qui savez tout ! Mais, depuis, j'en jure Dieu, il ne m'en a pas fait d'autre ! Comment l'aurait-il pu d'ailleurs alors que j'habitais l'Auvergne et lui ses États ?...
    Louis Van de Walle leva la main comme pour endiguer le flot de paroles.
    — Il est inutile de vous défendre comme vous le faites, madame
    ! Tout ce que vous pourrez dire ne servira à rien !
    — Ce qui veut dire ?
    — Que vous demeurerez ici jusqu'à la naissance de cet enfant. Il sera peut-être possible alors de voir à qui il ressemble !
    — Je me tue à vous dire qu'il n'est pas du Duc !
    — Peut-être... et au fond cela ne présente que peu d'importance, fit le bourgmestre avec un froid sourire. Ce qui importe c'est que vous soyez ici, en attente

Weitere Kostenlose Bücher