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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ses vêtements de ville, il s'était mis un masque.
    La vêture austère de Catherine parut le remplir d'aise et, entrant dans le jeu qu'il avait indiqué lui- même, il s'inquiéta de la santé de dame Berneberghe, l'informa à très haute voix du fait que le bedeau responsable de la chapelle du Saint-Sang se tiendrait à sa disposition le soir même pour la mener à la relique et ajouta qu'il se ferait lui-même un devoir de venir la prendre un peu avant le coucher du soleil.
    Il avait été décidé, en effet, que la dame-pèlerine ne ferait qu'un très court séjour...
    Ayant dit, il s'apprêtait à partir mais cette comédie, qui se déroulait dans la salle de l'auberge, parut tellement distrayante à Catherine qu'elle ne put s'empêcher de la prolonger un peu.
    — Vous avez fait diligence, messire Van Eyck, et je vous en suis profondément reconnaissante mais fallait-il tant de hâte ? Je pensais ce jourd'hui faire visite à dame Marguerite, votre vertueuse épouse, auprès de laquelle vous m'aviez si aimablement invitée à Lille.
    N'aurai-je donc pas le plaisir de la voir ?
    — Hélas ! Mon épouse est souffrante et ne saurait recevoir. Elle me charge de vous dire tous ses regrets car elle espérait beaucoup rencontrer une dame d'aussi grand mérite mais je crois que, pour cette fois, cela ne sera guère possible !
    Il avait rougi malgré lui et détournait les yeux, si visiblement gêné que Catherine faillit lui éclater de rire au nez. Ses retours à la maison, où Marguerite devait régner en souveraine absolue, n'étaient certainement pas empreints de délirante tendresse et Catherine en venait à se demander ce qui se serait passé si acceptant son invitation elle était arrivée en même temps que lui. En fait, peut-être Jean n'avait-il jamais eu réellement l'intention de l'emmener chez lui et en arrivant dans la ville il eût sans doute trouvé un bon prétexte pour l'installer à l'auberge... en admettant qu'elle continuât de refuser farouchement de reprendre logis dans son ancienne demeure du quai du Rosaire...
    Ne voulant pas retourner plus longtemps sur le grill un vieil ami qui, par-dessus le marché, prenait de tels risques conjugaux pour lui rendre service, elle le laissa partir et conseilla à Gauthier et Bérenger d'aller visiter la ville tandis qu'elle-même se préparerait à l'expédition du soir. Car selon elle, ce fameux rendez-vous, pris avec le bedeau, ne pouvait signifier qu'une seule chose : la Florentine la recevrait le soir même afin que son séjour dans la ville fût aussi bref que possible.
    Elle était un peu choquée d'ailleurs que Van Eyck eût masqué d'une aussi sainte intention un pèlerinage au Saint-Sang ! - cette visite à une avorteuse qui constituait bien réellement un crime aux yeux de Dieu mais elle n'était pas en situation d'imposer ses volontés, trop heureuse encore d'avoir trouvé cette aide providentielle sans laquelle il ne lui fût plus resté d'autre issue que la mort.
    Vers la fin du jour, quand Van Eyck vint la chercher, elle s'enveloppa de son manteau noir, prit un gros livre d'heures et le suivit, les coiffes baissées sur le visage, dans l'attitude convenant à une pieuse créature.
    — Où allons-nous ? demanda-t-elle quand ils se furent suffisamment éloignés de l'auberge.
    — Mais... je vous l'ai dit : à la chapelle !
    — Nous y allons vraiment ? Je croyais...

    — Nous y allons d'abord ! Il ne faut pas que l'on puisse soupçonner la raison réelle de votre présence ici. Voyez-vous, dans les temps que nous vivons ici, je dois faire preuve d'une extrême prudence car les bons serviteurs du duc Philippe ne sont pas tellement bien vus. Pour un rien, nous serions même en danger.
    — Alors pourquoi rester ? Installez-vous à Lille ou à Hesdin jusqu'à ce que le calme revienne. N'avez- vous pas déjà vécu plusieurs années à Lille, jadis ?
    — En effet mais j'ai choisi de vivre ici et je veux y rester.
    — Vous n'y êtes pas né, cependant ?
    — Non. Je suis né loin d'ici, dans une petite ville au fond du Limbourg, à Maeseyck dont je n'ai gardé aucun souvenir. Ici il y a le ciel, les couleurs, l'éclat, la beauté et même la splendeur, tout ce que l'on ne trouve nulle part ailleurs, tout ce dont je ne puis plus me passer. J'ai vécu dans bien des endroits, Catherine, mais je mourrai à Bruges. Voilà pourquoi je prends, pour vous aider, tant de précautions... des précautions qui vous choquent un peu n'est-ce pas ?
    ou qui vous

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