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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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enviée à lui ! Follement...
    désespérément et pour une seule nuit d'amour...
    Sans brusquerie mais fermement, la jeune femme se dégagea des bras qui déjà se refermaient sur elle.
    — Jacques ! reprocha-t-elle doucement, nous voilà bien loin de notre sujet, il me semble ! Il y a longtemps que vous n'avez plus rien à envier au duc et j'entends demeurer une épouse fidèle. Voulez-vous que nous revenions à notre prisonnier ?...
    Le soupir de Roussay fut de taille à ébranler les murs mais il se leva sans mauvaise grâce.
    — C'est vrai. Vous voulez que j'aille m'assurer qu'il est encore en vie ?...
    — Non. Je veux aller m'en assurer moi-même.
    — C'est impossible... du moins à cette heure et dans ce costume.
    Avez-vous la possibilité de vous procurer un costume d'homme ?... et un cheval ?
    — Pour le cheval je l'ai, pour le costume je pense que ce sera facile.
    — Parfait. Alors, rentrez chez vous et revenez juste après le crève-feu, comme si vous veniez tout juste de franchir les portes avant leur fermeture, et annoncez-vous au corps de garde comme mon cousin, Alain de Maillet. Dites que vous avez à me parler d'urgence. Je serai auprès du Roi car... il m'arrive parfois de faire une partie d'échecs avec lui pour le désennuyer, ajouta-t-il d'un ton honteux qui fit sourire Catherine. La garde extérieure est alors moins sévère puisque je l'assure moi-même à l'intérieur. Je vous ferai monter auprès de moi.
    Un élan juvénile jeta Catherine au cou de Roussay sur les joues duquel elle plaqua deux baisers sonores.
    — Vous êtes l'homme le plus merveilleux du monde, Jacques, et je ne vous remercierai jamais assez ! Soyez sans inquiétude : je saurai jouer mon rôle de façon à ne pas donner l'éveil.
    — Je n'en doute pas, je n'en doute pas... Ah ! pendant que j'y pense
    : un peu élégant le costume, s'il vous plaît ! Nous ne sommes pas des croquants.
    Catherine se mit à rire et alla se regarder devant une glace pour rajuster les plis de son chaperon un peu dérangés par toutes ces embrassades. Dans le miroir, elle saisit le regard de Roussay qui s'attachait avidement à son cou, à la ligne de ses épaules.
    — Comment faites-vous pour être toujours aussi belle ? murmura-t-il. Vous allez emporter avec vous toute la lumière de cette pièce.
    Nous sommes de trop vieux amis pour les madrigaux, Jacques ! Au fait, puisque vous êtes si heureux de me voir, comment se fait-il que l'on ne vous ait pas vu chez dame Symonne comme vous l'aviez promis ? Vous avez eu trop à faire?
    Il y eut un silence comme si cette simple question embarrassait le capitaine. Mais il finit par prendre son parti et jeter, brusquement :
    — Oui... enfin, non ! j'étais gêné ! Furieux contre moi et contre mes hommes.
    — Pourquoi, Grand Dieu ?...
    — Parce que... oh, autant que vous le sachiez après tout : le nommé Philibert a bien été jeté en prison... mais la fille La Verne nous a échappé en traversant le bourg. On n'a pas pu la retrouver... et je craignais que vous ne m'en teniez rigueur.
    Catherine fronça les sourcils. La nouvelle ne lui faisait pas plaisir.
    Il lui était désagréable de savoir libre et impunie la femme qui avait si froidement condamné le bon Mathieu à une mort lente et horrible.
    Mais elle avait trop besoin de Jacques pour manifester son mécontentement, si légèrement que ce soit. S'efforçant au contraire d'oublier que la fuite d'Amandine lui valait une ennemie de plus dans la ville, elle haussa les épaules avec une feinte désinvolture.
    — Puisque vous tenez l'homme, c'est déjà bien... Cela vous permettra de retrouver la femme. Elle ne représente d'ailleurs plus un grand danger pour mon oncle. S'il n'en est pas guéri après ce qu'elle lui a fait endurer, c'est à désespérer de la sagesse des hommes.
    — Aucun homme n'est sage lorsqu'il s'agit de la femme qu'il désire, fit Roussay d'un ton tellement lugubre que Catherine craignant qu'il ne revînt à la charge préféra ne pas entendre et se dirigea vers l'escalier suivie du capitaine qui s'était remis à soupirer. Le costume masculin serait peut-être une bonne chose pour venir le rejoindre cette nuit...
    La tour n'était pas très haute, pourtant l'escalier paraissait sans fin. Au poing de l'homme qui précédait Catherine la torche brûlait mal, fumait beaucoup et ne donnait guère de lumière. Aussi la jeune femme prenait-elle grand soin de ne pas buter sur les marches usées quand un tournant éclipsait

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