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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fabuleuse Toison d’ Or, il se tenait debout à quelques pas d'elle, bras croisés, adossé au chambranle de la porte. Il la regardait sans rien dire mais l'expression affamée de ses yeux était plus éloquente qu'une prière :
    — Jamais tu n'as été si belle !... murmura-t-il et sa voix était si lourde de passion contenue que Catherine se sentit frémir mais avec l'insidieuse sensation de plaisir dont aucune femme, même la plus fidèle, ne peut se défendre en face d'un homme qu'elle sait tenir en son pouvoir. Jamais je ne t'ai autant aimée ! Tu ne sauras jamais à quel point je t'aime !
    Il n'avait pas fait un mouvement, pourtant elle recula d'un pas comme devant un danger.

    — Que veut dire cela ?
    — Rien. Je t'aime...
    — Mais enfin, vous m'aviez annoncé un ami... pourquoi êtes-vous ici ?
    — Parce que je t'aime...
    — Mais le banquet... la fête des Rois !
    — Tu n'iras pas... et moi non plus ! Les Rois, les ducs, les princes souperont sans nous ! Moi, cette nuit, je ne veux qu'une reine... toi !
    Je t'aime !
    Appuyée contre une crédence, elle crispa ses doigts sur l'argent glissant, ferma les yeux pour résister au vertige qui montait. C'était comme si un abîme s'ouvrait soudain devant ses pas, un abîme où, tout à coup, elle mourait d'envie de se jeter... Elle tenta héroïquement de s'en défendre.
    — Ce n'est pas vrai !... fit-elle d'une voix si faible qu'elle l'épouvanta. Vous avez une épouse, des maîtresses sans nombre, des bâtards... que venez-vous me parler d'amour !
    — Parce que j'en ai le droit. Parce que je n'ai jamais aimé que toi...
    — C'est impossible !...
    — Crois-tu ?... Regarde cette chambre, ta chambre, celle où tu m'as donné tant de bonheur, celle où je t'ai aimée sans jamais arriver à l'assouvissement.
    — Ce n'est pas ma chambre. Nous ne sommes pas à Bruges !
    — En effet. Pourtant elle existe partout, cette chambre, dans tous mes palais je l'ai fait reproduire minutieusement, amoureusement...
    Cette fois elle rouvrit les yeux, de larges yeux effarés si dilatés qu'il se mit à rire.
    — Non, je ne suis pas fou ! Va à Bruxelles, à Dijon, à Hesdin, sans parler de Bruges, bien sûr, où ta maison demeure intacte, partout tu la retrouveras... comme tu retrouveras cette image.
    Vivement il alla jusqu'à l'un des panneaux de velours, appuya sur un motif invisible et le mur s'ouvrit découvrant un grand portrait que Catherine considéra avec stupeur car non seulement elle ne l'avait jamais vu mais encore elle n'en soupçonnait même pas l'existence.
    Une lente rougeur envahit son visage, son cou, sa gorge car le long panneau de peuplier la montrait nue, une rose à la main à l'exception d'un seul bijou ; une chaîne de rubis soutenant le bélier de la Toison qui semblait naître de l'or frisé de sa touffe féminine.

    — Qui a fait cela ? souffla-t-elle.
    — Van Eyck... sur mes indications ! Lui aussi t'aime et moi je pouvais décrire chaque pouce de ton corps. Il m'en a fait cinq...
    identiques. Diras-tu encore que je ne t'aime pas ?
    — C'est insensé... c'est de la folie ! La duchesse...
    — N'a jamais vu ces chambres et ne les verra jamais. Moi seul en ai la clef et seules ces esclaves muettes s'en occupent quand je leur en donne l'ordre !
    — Mais... pourquoi ?
    — Pour te retrouver parfois, pour retrouver ton parfum, l'atmosphère que tu aimais. C'est vrai, j'ai des maîtresses sans nombre parce que ma chair a besoin d'une chair femelle mais aucune, jamais, n'a été admise à briller auprès de moi comme tu brillais toi ! Alors, quand je suis trop las de toutes ces femmes, quand je suis las de mon cœur vide et de ma tête politique, je fais allumer du feu dans l'une de ces chambres, j'y fais mettre des fleurs, des chandelles, j'y fais servir à souper et je bois, je bois jusqu'à ce que le souvenir de ta chair devienne insupportable... et puis je vais m'agenouiller devant toi, devant ton image... et je fais l'amour. Tout seul !... A présent, viens !
    Il s'approchait d'elle et lui tendait la main. Elle recula pour éviter le contact de cette main comme si elle eût été rougie au feu.
    — Non !...
    Il se mit à rire.
    — N'aie pas peur ! Je ne vais pas te jeter sur ce lit, si tentant soit-il.
    Je t'ai invitée à souper, il me semble ? Alors viens souper ! On nous sert !
    Il était écrit que cette nuit Catherine irait d'étonnement en étonnement.
    Le sol s'ouvrait lentement. Une table toute servie monta du trou béant qui se

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