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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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de chevalerie ; et l’acte en faveur des Montfort a été rédigé en l’an 1270, souvenez-vous. Frère Joseph était superstitieux. Il était un adepte du chiffre 7. N’avait-il pas acquis, des mains d’un marchand, les précieuses fioles pour le prix de sept fois sept le mil ? Faites vous-même le calcul.
    — C’est incroyable, 77 années plus tard, constatai-je !
    — Mais, si le commandeur de l’Ordre de l’Hôpital tint la chose secrète, comment avez-vous pu en avoir connaissance ?
    — C’est là une question fort pertinente, messire Foulques. Une excellente question qui m’apporte la preuve que vous oyez le récit de ces faits d’une oreille attentive. N’oubliez pas, un demi-siècle d’enquête. Vous n’allez pas tarder à saisir… », insinua le père d’Aigrefeuille sans répondre sur le champ.
    En tapotant la boîte à plis dans laquelle j’avais rangé l’acte dont le père d’Aigrefeuille m’avait confié la garde, je réalisai que si un seul parchemin sur les trois venait à faire défaut, le trésor du frère Joseph ne serait baillé, ni au chevalier de Montfort ni au père d’Aigrefeuille.
    L’aumônier général de la Pignotte serait appelé à comparaître devant les auditeurs de la Rote pour avoir, par sa négligence, réduit à néant un demi-siècle d’enquêtes minutieuses et coûteuses. Le chevalier de Montfort serait ruiné. Mais je redoutais plus que tout la colère de notre maître, le baron de Beynac.
     
     

     
     
    Le commencement de la fin du royaume de Jérusalem survint avec l’entrée des Mameluks dans Tripoli, à quatre jours des calendes de mai de l’an 1289, soit le 27 avril.
    Entre-temps, le roi Édouard d’Angleterre avait accompli son vœu de croisé. Il avait relevé les murs de Saint-Jean-d’Acre et réussi à imposer une paix plus ou moins durable. Les éternelles rivalités qui existaient entre les différents comptoirs marchands, vénitiens, génois, pisans n’étaient pas éteintes pour autant. Sans parler des tractations que menaient, chacun de son côté, le roi de Chypre, Hugues de Lusignan, troisième du nom, puis son successeur, l’épileptique Henri, deuxième du nom.
    De leur côté, les ordres de chevalerie, imbus de leur indépendance, négociaient dans le dos des uns et des autres avec des factions sarrasines rivales, Mongols, Égyptiens, Syriens, Turcs, Mameluks… Tous ces conflits d’intérêt entre chrétiens conduisirent plus sûrement le royaume de Jérusalem à sa perte que les assauts des armées sarrasines.
     
    « Mon père, veuillez pardonner mon interruption, mais le récit est-il encore long ? Ne pensez-vous pas que messire Foulques pourrait lever la punition qui frappe l’écuyer Arnaud ? À moins qu’il n’ait point encore purgé sa peine, dis-je en me tournant vers le chevalier ?
    — Par Saint-Dominique, je l’avais complètement oublié, ce vaunéant. Vous avez raison, messire Bertrand. Je reconnais bien là votre sens de l’amitié pour ce niquenouille. Priez le mestre-capitaine de le libérer et de le conduire jusqu’à nous.
    — Et priez le mestre-capitaine de nous faire servir notre souper. Il commence à faire faim et soif. Dites-lui aussi que deux pintes de cet excellent vin de Castille seraient les bienvenues », ajouta le père d’Aigrefeuille en se servant un gobelet d’eau fraîche.
     
    Chose dite, chose faite. Arnaud apparut quelque temps plus tard, hagard. Ses yeux, cernés par de longues nuits d’insomnie, étaient enfoncés dans leurs orbites, son teint livide, son corps décharné. Il avait vieilli de dix ans.
    Le chevalier n’en fut point ému. Bien au contraire, il le pria de se raser promptement, de se laver, de changer de vêtements et de paraître rapidement devant lui. S’il voulait profiter du souper qui ne tarderait point à être servi, précisa-t-il.
    À l’idée d’un vrai souper, Arnaud ne se le fit pas dire deux fois. Il revint plus vite que nous nous y attendions, blanc comme un chou brouilli, mais propre et présentable. Il ne dégageait plus ces relents de sueur, de crasse et d’orine qui avaient embaumé la pièce, l’instant d’avant. Lui, si coquet ! Son amour-propre avait dû prendre une sacrée claque. Il est vrai que les claques, il connaissait.
    « Par les cornes du Diable, vous avez changé d’habit, frère Jean ! Et racorni ! Vous n’étiez pourtant pas au pain et à l’eau en cale sèche, vous ! s’esclaffa Arnaud en jetant un œil

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