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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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nombreux barons suggérèrent de présenter des excuses.
    En guise de réponse, le jour même des nones d’avril, le 5 avril de l’an 1291, une armée considérable se massa sous les murs d’Acre : soixante mil cavaliers, cent soixante mil autres gens en armes.
    En face, sept cents chevaliers, mil trois cents sergents à pied ou montés, et quatorze mil piétons que vinrent renforcer par mer, un mois plus tard, à trois jours des nones de mai, soit le 4 mai 1291, l’épilenciel mais courageux Henri de Chypre, avec deux cents chevaliers et cinq cents gens de pied.
    Soit un rapport des forces qui s’élevait à plus d’un contre treize. Mais la forteresse, renforcée par deux grandes tours, la Tour Neuve et surtout la Tour Maudite, étaient réputées imprenables.
     
    Le soir, le pavillon du sultan se dressa sur un monticule. Tout autour, la plaine se couvrit d’autant de tentes que d’alvéoles dans une ruche.
    Dès le lendemain, quatre trébuchets aux dimensions exceptionnelles furent assemblés à des emplacements judicieusement choisis. Entre chacun d’eux, le sultan fit installer un grand nombre de mangonneaux et de petites balistes. Tous les engins entrèrent en action trois jours plus tard, fauchant les défenseurs, ébranlant les murailles.
    À seize jours des calendes de mai, soit le 15 avril, les Templiers, profitant d’une nuit claire, tentèrent une sortie pour incendier la Furieuse, le plus puissant et le plus dévastateur des engins de jet ennemis. Leurs chevaux trébuchèrent dans les cordages des tentes sarrasines. Ils échouèrent et ne purent rentrer dans la ville qu’à grand arrois de peines, poursuivis par plusieurs centaines de cavaliers hurlants et vociférants.
    Le sultan fit augmenter la cadence de tir de ses engins pendant que plus de mil prisonniers creusaient des mines sous les murailles pour en saper les bases. Les chrétiens tentèrent désespérément de colmater les brèches par de lourds chats en bois.
    Les Sarrasins les incendièrent à l’aide de feux grégeois qui répandaient d’épaisses et puantes fumées noires. Plusieurs milliers d’assaillants se relayaient pour combler les fossés à l’aide de paniers remplis de sable et de bûches.
     
    Le jour même des ides de mai, soit le 15 mai 1291 au matin, un pan entier de la Tour Neuve s’effondra. Dans la nuit, on tenta de faire embarquer les femmes et les enfants. La mer devint si grosse qu’ils prirent peur et regagnèrent leurs demeures. Leurs tombes étaient creusées.
    Le maréchal du Temple, Pierre de Sevry, tenta de négocier une capitulation honorable. Le sultan Al-Ashraf la lui avait proposée. Lorsque les émissaires se présentèrent devant sa tente, ils furent tous décapités sur le champ.
     
    À quatre jours des calendes de juin, soit le 28 mai, une grande timbale sonna très fort, déclenchant l’attaque décisive. Les Sarrasins avancèrent sur trois rangs. Le premier portait de hautes targes formant bouclier. Le second lançait le feu grégeois. Le troisième décochait une pluie de flèches et préparait l’assaut de dizaine de milliers d’autres.
    Après deux mois d’un terrible siège, la Tour Neuve fit prise, la porte Saint-Antoine, gravement menacée. Pour s’y être rendus, le maître du Temple, Guillaume de Beaujeu, cousin du roi de France, Philippe le Bel, et le maréchal de l’Hôpital, Matthieu de Clermont, trouvèrent la mort, côte à côte sur les remparts, dans une ultime réconciliation. Trop tardive.
    Le maître de l’Hôpital, Jean de Villiers, grièvement blessé, put être transporté sur une galée en partance pour Chypre. Avec le trésor de l’Ordre, qui fut ainsi sauvé.
    Jean de Grailly, le connétable de France et Otton de Granson, un gentilhomme suisse, défendirent pied à pied la porte Saint-Nicolas. Les Sarrasins poussaient d’immenses clameurs. Bien que grièvement blessés, l’un et l’autre réussirent à s’embarquer audernier moment.
    Côté mer, les femmes et les enfants fuyaient vers le port, se bousculaient, se séparaient, pleuraient, tombaient à l’eau, se noyaient. Ivres de sang et de carnage, les Mameluks se disputaient les femmes, les forçaient, les tuaient, foulaient sous les sabots de leurs chevaux les enfants qu’ils avaient jetés à terre.
    Des femmes qui étaient grosses mourraient étouffées. Elles et les petiots qu’elles portaient dans leur ventre.
     
    La forteresse du Temple, la Voûte d’Acre, avait un accès direct à la mer

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