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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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vit son fils sain et sauf.
    Les chroniqueurs précisent qu’il leva ses deux mains vers le ciel, dans une ultime action de grâce, et que son âme s’envola avant qu’il ait eu le temps de dire à son fils Jehan où se trouvait le trésor dont Joseph Al-Hâkim leur avait fait don.
     
    Toutes les recherches qu’entreprit Jehan de Montfort pour mettre la main dessus demeurèrent vaines. Joseph Al-Hâkim, le chrétien maronite, avait cédé la place au frère Joseph, membre de l’Ordre des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Le lieu où étaient conservés les biens qui lui revenaient à présent, le comte Philippe l’avait emporté dans sa tombe.
    Frère Joseph parvint à Carthage, à six jours des calendes de septembre, soit le 26 août 1270. Le roi Louis, neuvième du nom, s’était éteint la veille, terrassé par le terrible Mal noir. Ou par effet de dissenterie. On ne sut jamais. Frère Joseph pleura toutes les larmes de son corps.
    Au mépris des risques qu’il encourrait (de nombreux chevaliers, écuyers et gens d’armes gisaient morts ou mourants, atteints par la pestilence ou la dissenterie), il baisa le front du roi et administra sa potion aux mourants. Sans que l’on ne sût jamais s’il avait ainsi sauvé des vies ou s’il avait précipité leur trépas dans d’atroces souffrances.
    Il embarqua derechef sur la même nef, le lendemain, pour rejoindre sa commanderie hospitalière. Il avait tellement espéré pouvoir guérir le roi Louis à l’aide des précieuses fioles dont il s’était muni ! Il ne put même pas lui administrer les derniers sacrements. La mort de saint Louis anéantit les espoirs que les chrétiens d’Orient plaçaient en lui.
     
    Un an plus tard, le sultan Baïbars et ses Mameluks enlevaient deux des plus belles forteresses que les chevaliers francs avaient construites en Terre sainte au cours des deux siècles précédents :
    Châtel-Blanc appartenait à l’Ordre du Temple, Akkar à l’Ordre de l’Hôpital.
    Mais le plus grand désastre fut celui de la reddition de l’imprenable krak des chevaliers hospitaliers qui se livra lorsque les assiégés n’eurent plus de cordes pour tirer l’eau du puits.
    Frère Joseph résidait en la commanderie hospitalière de Tyr. À son arrivée, il apprit la mort de son ami, le comte Philippe de Montfort. Pour lui aussi, il arrivait trop tard. Il resta en prière une semaine entière, jour et nuit, sans boire ni manger, pour le repos des âmes qu’il n’avait pu sauver ni par sa science ni par la force de son électuaire.
    Il finit par délirer et tomber d’inanition. Ses frères le portèrent, le soignèrent avec moult attentions et le veillèrent. Il demeura entre la vie et la mort deux longs mois durant. Mais frère Joseph de Jérusalem avait un corps aussi robuste que son esprit était pieux et généreux.
    Sitôt rétabli, le commandeur de l’Ordre de l’Hôpital lui enjoignit de rallier la commanderie hospitalière d’Acre, avec deux cents gens d’armes. Afin d’en renforcer les défenses, avait-il affirmé. En fait, pour l’éloigner du cercle des investigations que ne manquait pas de mener Jehan de Montfort lorsqu’il avait pris connaissance de l’acte que son père avait déposé dans leur coffre. Car il savait pertinemment que frère Joseph entendait faire don de ce trésor aux héritiers des Montfort, à sa mort.
    Quoi qu’il en fut, le commandeur se garda bien de le crier sur les toits. Il savait qu’à défaut d’être récupéré avant une date bien précise que frère Joseph avait stipulée, le trésor resterait définitivement dans les coffres de l’Ordre de l’Hôpital.
    Frère Joseph, en bonne obéissance, s’exécuta et demeura en la commanderie hospitalière de Saint-Jean-d’Acre jusqu’à la fin. Vingt ans plus tard.
     
     

     
     
    « Mon père, puis-je me permettre une question ? questionna le chevalier de Montfort.
    — Je vous écoute, mon fils.
    — Savez-vous à partir de quelle date le trésor doit revenir tout entier à l’Ordre de l’Hôpital ?
    — Cette date approche. Elle approche à grands pas. Plus précisément, nous devons produire nos actes avant le jour de l’Assomption de la Vierge Marie, en l’an de grâce 1347.
    — Par Saint-Christophe, il ne nous reste que six mois ! Sauriez-vous pour quelles raisons frère Joseph avait-il fixé une date aussi précise ?
    — Le jour correspond à celui où frère Joseph a été confirmé en cet ordre

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