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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ainsi, répondit le chevalier sans esquisser le moindre sourire. Vous aviez simplement oublié votre boîte à malices, cette nuit, lorsque vous regagnâtes votre châlit.
    « N’auriez-vous pas abusé de ce bon vin plus que de raison, hier au soir ? D’ailleurs, n’aviez-vous pas fait vœu de ne boire que de l’eau si nous survivions à cette effroyable tempête, au large de Thunes ?
    — Je vous prie de garder vos farceries pour vous, messire chevalier ! Vous avez dû mal entendre. Et je n’ai pas à répondre de mes actes devant vous.
    — Allons, allons, mon père, ne vous fâchez point et pardonnez-moi, je ne souhaitais point vous offenser.
    — Le coffre du mestre-capitaine est-il sûr, au moins ? s’enquit vertement le père d’Aigrefeuille.
    — Certainement aussi sûr que celui de la commanderie de l’Ordre de l’Hôpital. Outre ses carte di fortuna et son astrolabe, son coffre est rempli de besants et de florins d’or. Les marchands ne sont pas que des navigateurs. Ils gèrent aussi de petites fortunes pour leurs commanditaires.
    L’ouverture de son coffre est actionnée par une mécanique extérieure complexe à l’aide de trois clés différentes que le mestre-capitaine porte sur lui, de jour comme de nuit.
    — Soit, soit. N’en parlons plus, mon fils. Conduisez-moi incontinent dans le carré du mestre-capitaine et priez-le d’ouvrir son coffre. Par le Christ-Roi, je tiens à m’assurer moi-même de la présence de ma boîte à messages.
    « Et cessez de parler de boîte à malices. La musique vous en paraîtra bien douce, dans quelque temps, messire Foulques.
    — Oui, certes. Si nous récupérons nos lettres à changer avant le jour de l’Assomption », renchérit ce dernier.
    Nous assistions à la scène, Arnaud et moi, à dix pas de là. Nous n’étions pas les seuls. Tout l’équipage qui était de bordée sur le pont avait interrompu ses menues corvées. Jusqu’à ce que le mestre de manœuvre ne les rappelle à l’ordre, d’une voix tonitruante.
    Il est vrai que les museries à bord étaient rares. Le chevalier de Montfort souriait. Il venait de prendre sa revanche. Une revanche bien modeste, en vérité.
     
    La baie de Famagouste approchait. Le mestre-capitaine était sur le pont. Il fit savoir au père dominicain que sa requête attendrait la fin de la manœuvre d’accostage. Cette fois, la nef ne virait point l’ancre dans la rade. Elle devait accoster, flanc contre quai.
    La manœuvre s’avéra aisée. Le vent avait molli, le ciel était lumineux, la mer, calme. Une douceur étonnante pour la saison, comparée à celle que nous avions coutume de connaître en pays d’Aquitaine.
    Le mestre-capitaine fit ôter les bonnettes de la grand’voile. Puis il ordonna d’amener et de ferler la voile de misaine. Les marins s’exécutèrent et serrèrent la voile pli sur pli en l’assujettissant à l’aide de rabans. La nef traça d’abord sur son erre avant de s’immobiliser.
    Le mestre de manœuvre fit hisser les chaloupes par un système de palans et d’élingues, les mit à l’eau en élongeant de loties haussières pour guider le navire vers le quai à la seule force des rames.
    Lorsque la nef fut solidement amarrée aux bittes du quai, le mantelet du sabord de charge fut relevé et le débarquement des marchandises put commencer. Le père d’Aigrefeuille récupéra peu après sa précieuse boîte à malices. Pardon, sa précieuse boîte à messages.
     
    Nous étions parvenus au terme de notre voyage, la veille de la fête de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
    Nous avions dans nos impedimenta, la cotte d’armes, la ceinture et l’épée du chevalier Gilles de Sainte-Croix que monseigneur de Royard, évêque de Sarlat, nous avait chargés de remettre solennellement au commandeur de l’Ordre des chevaliers hospitaliers. À charge pour lui de le faire savoir à Hélion de Villeneuve, grand maître de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui résidait en l’île de Rhodes.
    Notre attention fut attirée par le chant saugrenu d’un coq, à cette heure. Plusieurs cages à poules sortaient des entrailles du navire pour être débarquées à quai. Il est vrai que nous avions souvent savouré des œufs frais tout au long de la traversée !
    « Ah ! il ne manquait plus que celles-là, nous dit Arnaud. Je les ai suffisamment entendues jacasser. Lorsque messire Foulques m’a consigné dans la cale sèche, près des poulaillers. Elles

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