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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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écuyers Brachet de Born et La Vigerie seront déférés devant les jugeurs de notre Haute Cour dès ses prochaines assises.
    « La sentence ne fait aucun doute. Elle sera exécutée dans les trois jours qui s’en suivront. Le temps pour eux de faire pénitence et de recommander leur âme à Dieu.
    Sire, quelle peine peuvent-ils encourir pour un crime de lèse-majesté dont ils ne sont pas coupables ?
    — S’ils sont jugés coupables et ils le seront, croyez-moi, ils seront punis de la même manière qu’ils ont péché. Ils seront condamnés au supplice du pal. En place publique !
    « Pour servir d’exemples ! Pour montrer à tous qu’on ne s’attaque pas impunément à la famille d’un roi ! À la famille des Lusignan ! À la famille des rois de Chypre et de Jérusalem ! »
    Le supplice du pal ? Je tournai la tête du côté d’Arnaud. Je le sentis au bord de l’epilence. Ou au bord d’un nouveau fou rire surprenant en ces circonstances dramatiques. Je lui lançai un regard suppliant :
    « Tu n’as pas fait ça, au moins ? Dis-moi, tu n’as pas commis un acte aussi ignoble ? Je hurlai presque : réponds, nom de Dieu ! » Il murmura : « Je suis responsable, pas vraiment coupable ! »
    En fait de réponse, il ne put retenir sa vessie. Elle lâcha et une petite flaque s’élargit lentement à ses pieds. Ses chausses, d’un bleu du plus bel indigo, prenaient une couleur de plus en plus sombre. Je fus moi-même à deux gouttes d’en faire autant. Je lançai un regard de supplique au chevalier de Montfort.
     
    « Reconnaissez-vous au moins les lois de notre Sainte-Mère l’Église apostolique et romaine, Sire ? lança-t-il d’une voix haute et forte pour que tout le monde l’ouït.
    — Sa loi prime sur les autres, messire. Je la reconnais céans. Le roi Hugues s’était radouci.
    — Si tel est le cas, acceptez-vous de relever le défi que moi, Foulques de Montfort, chevalier banneret, je vous lance ?
    — Quel défi, messire ?
    — Le défi de l’honneur, Sire ! Pour l’honneur de mes écuyers. Et pour la sauvegarde du mien ! Acceptez de vous soumettre au jugement de Dieu ! Sauf pour vous à reconnaître votre erreur incontinent devant tous vos barons ici présents !
    — Je n’ai point entendu votre réponse, messire de Montfort. Un défi ? Quel défi, par Saint-Christophe ?
    — Le défi de vous battre contre moi lors d’un tournoi, Sire Hugues ! Je demande le bénéfice de l’ordalie  ! D’un combat à mort ! Dieu seul jugera qui est coupable ou ne l’est pas, à la parfin !
    — Savez-vous, messire Foulques, que ma tendre Échive, ma bien-aimée fille, est à l’instant entre la vie et la mort ? Après avoir été atrocement forcée (Plus bas : atrocement sodomisée) ? » Le roi Hugues de Lusignan exagérait certainement l’état d’hébétitude dans lequel se tenait la princesse. Montfort ne releva pas :
    — Je sais, Sire. Je l’ai ouï dire (il se signa). Mais je ne puis accepter que des gentilshommes de ma suite en soient injustement tenus pour responsables. Les écuyers Brachet de Born et La Vigerie étaient près de moi, le jour où votre bien-aimée Échive fut forcée.
    — Ah ? J’en doute, messire. Vous mentez pour les protéger. Les violenteurs de ma tendre et bien-aimée Échive relèvent de ma justice. Ils connaîtront le châtiment réservé aux sodomites !
    — Sire Hugues, vous doutez de ma parole et m’en voyez très fort contrit. » Foulques de Montfort avait encore élevé le ton.
    Avec grande braverie, il lança son gant aux pieds du roi de Chypre. Ce dernier ne broncha pas. Le chevalier surenchérit :
    « Vous m’offensez grandement. Par Saint-Christophe, acceptez l’ordalie ! Sauf à commettre récréance ! »
    Le mot était de trop. Pour une telle insulte, il aurait bien pu finir à dix pieds du sol, pendu au gibet ou plus probablement décolé à la hache. Et nous, empalés.
    Le roi Hugues se maîtrisa. Il conserva son calme. Il fut sur l’heur plus sage qu’il n’y paraissait. Il rétorqua, en s’adressant à notre champion le chevalier de Montfort :
    « Par le sang que nos ancêtres ont versé, nous sommes de même famille, messire chevalier. Pourquoi nous battre jusqu’à ce que mort s’ensuive ?
    — Pour l’honneur, sire Hugues ! Si vous êtes aussi du sang de ces valeureux croisés. Du sang des Lusignan ! À moins que vous ne préfériez vous complaire parmi ces fols qui

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