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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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conscient. Il nous remit à chacun ce qu’il s’était engagé à nous bailler, la veille. Pour nous remercier de nos services depuis notre départ du château de Beynac.
    Nous n’en crûmes pas nos yeux. Mais nous en crûmes nos mains lorsque nous soupesâmes nos bogettes. Elles craquaient de toutes leurs coutures.
    Nous plantâmes là le chevalier de Montfort pour lui laisser cuver son vin en paix. Sans lui demander son avis, nous galopâmes à brides avalées vers le quartier marchand de Nicosie. Pour y faire quelques achats…
    Nous en revînmes de longues heures plus tard. Arnaud, avec moult habits en soie et un superbe tapis d’Orient aux couleurs vives. Moi, avec une simple commande que je ne pourrais récupérer avant huitaine. J’avais baillé une fraction du prix et apposé mon petit sceau sur le registre marchand de l’orfèvre.
    Le dimanche des Rameaux, nous fûmes priés de nous rendre auprès du roi Hugues. En grand harnois. Au lever du jour, nous dit-on d’un ton sans réplique qui nous prit sans vert.
    Je remuai ma cellule sens dessus dessous à la recherche de ma cotte aux armes du baron de Beynac. Sans parvenir à mettre la main dessus. Arnaud n’avait pas revêtu la sienne non plus.
    Il me pressa de nous rendre incontinent à l’invitation du roi Hugues. Nous aurions tout loisir de les chercher à notre retour. Bien que nerveux pour cause du désordre dont je pressentais Arnaud responsable, je m’exécutai et sautai en selle en même temps que lui, revêtu d’un simple pourpoint.
     
     

     
     
    Nous fûmes, Foulques, Arnaud et moi, sur la place à l’heure dite. Le chevalier nous accompagnait. Sitôt arrivés, un capitaine d’armes ordonna d’une voix cinglante :
    « Gardes, saisissez la personne de ces deux écuyers ! » Avant que nous eussions pu envisager un repli stratégique, deux gardes nous saisirent les bras d’une main ferme. Je tentai de me dégager. Arnaud aussi. En resserrant leur pression, ils nous firent comprendre qu’il ne saurait en être question. Nous nous regardâmes, éberlués, mon ami et moi.
    Avant que nous eussions pu échanger la moindre parole ou reprendre nos esprits que nous avions fort agités, nous fûmes conduits dans la grande salle du château. Le roi Hugues avait levé ses fesses du trône sur lequel il était assis.
    « Messire Brachet et vous, messire de la Vigerie, je vous accuse du crime de sodomie. Sur la personne de… de ma bien-aimée fille Échive, la fleur de ma vie. Les mires qui l’ont examinée confirment que vous ne l’avez certes point déflorée. Mais vous l’avez sodomisée ! Pour tenter de cacher votre… votre… Le crime que vous avez commis sur sa personne royale !
    « Elle n’était point consentante. Vous le savez ! Quand bien même ! Vous lui avez ligoté les poignets et les chevilles pour mieux la soumettre ! Vous l’avez bâillonnée pour qu’elle ne crie ! Vous l’avez forcée ! Elle demeure dans un état d’hébétude et de prostration depuis ce jour. Elle ne fait plus ripaille, elle ne boit plus, elle ne parle plus. Son regard est fixe, ses yeux hagards ! Vous serez châtiés pour ce crime de lèse-majesté !
    — Mais, Sire, comment pouvez-vous nous accuser d’un tel forfait ? bafouillai-je. En vertu de quoi vous permettez-vous de nous accuser, messire Arnaud et moi ?
    — Ne niez pas ce crime odieux, messires. Les surcots à vos armes, des surcots aux armes du baron de Beynac ont été saisis aux pieds de ma tendre Échive. Les vôtres !
    « Qui aurait pu les porter ? Vous vous êtes dévêtus de clic et de clac pour commettre votre forfait ! Des serviteurs vous ont vu vous enfuir à toutes jambes, à la chaude. Nus comme des vers, je n’ai que dépris pour vous !
    — Sire, c’est impossible ! Ce ne pouvait être nous ! Je vois là grande batellerie et grande piperie ! »
     
    L’esprit en grand émeuvement, je me rebiquai et songeai un instant à solliciter une confrontation immédiate avec la princesse Échive. Mais le roi Hugues la déclarait hébétée et prostrée, incapable d’articuler une parole. Ou exiger une confrontation avec les serviteurs qui osaient affirmer qu’ils nous avaient reconnus. Comment pouvaient-ils m’avoir reconnu ? !
    J’hésitai. Car si le coup était bien monté, c’en serait fait de nous. Sur l’instant, il me parut plus sage de s’accoiser. Pour réfléchir plus avant. Difficile quand on a le corps et l’esprit en grande agitation

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