Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
pas mieux entraîné que ce gorille noiraud et prétentieux ? Je ne pus cependant empêcher un frisson me parcourir le corps de la tête aux pieds. Mes gardes durent le sentir car ils resserrèrent avec force leur étreinte sur mes bras.
    À la parfin, je ne donnais pas cher de la vie de notre champion. Ni de la nôtre, a fortiori. Quels que soient les talents que j’avais pu observer chez icelui lorsqu’il avait tranché du Godon avec son épée à deux mains. Lors de la bataille dans les faubourgs de la Madeleine, en notre ville de Bergerac.
    Je craignais qu’il ne fût servi comme un cerf à l’hallali. Ce court sur pattes au torse de géant, à la tête de centaure, n’en ferait-il pas qu’une bouchée ?
     
    Le roi Hugues de Lusignan, quatrième du nom, ordonna aux gardes qui nous avaient saisis de nous relâcher : le chevalier de Montfort répondait de nous sur sa vie.
    Il précisa que nous devions être séparés et mis au secret. Bien traités toutefois. Jusqu’au jour de l’ordalie. Jusqu’au samedi qui précédait le dimanche des fêtes de Pâques. Il ponctua sa sentence sur ces mots :
    « Qui a menti sera châtié par Dieu, qui a dit vrai sera établi en son bon droit. C’est là, bonne et grande justice. » C’est là justice bien expéditive, pensai-je. Passer ainsi de vie à trépas !
    Devrions-nous finir notre courte vie, embrochés comme des cochons que nous n’étions pas. Que je n’étais pas ?
     
    Le supplice du pal   ! Embrochés du trou du cul jusqu’à la gorge   ! La mort la plus indigne, la plus dégradante, la plus atroce qui soit. Pire que le supplice de la roue   !
     
    Mon Dieu pour un crime que moi, en tout cas, n’avais point commis.

 
    Après tout, si quelque innocent est condamné injustement, il ne doit pas se plaindre du jugement de l’Église qui a jugé d’après des preuves suffisantes, et qui ne lit pas dans les cœurs. Et si de faux témoins l’ont fait condamner, il doit recevoir sa sentence avec résignation et se réjouir de mourir pour la vérité.
     
    Nicolas Eymerich « Manuel des Inquisiteurs   »
     
     
     
     
    Chapitre 12
    À Nicosie, lors des fêtes de Pâques, au printemps de l’an de grâce MCCCXLII {xv} .
     
    Les trompettes éclatèrent dans un éblouissant jeu de sons et de lumière. Leurs cuivres étincelaient de rouge et d’or sous un soleil levant que ne gâtait pas un nuage en ce samedi de Pâques de l’an 1347.
    Une foule considérable de manants, d’artisans et de bourgeois curieux d’assister au spectacle de l’ordalie se pressait de part et d’autre d’un eschalfaud en bois surmonté d’un dais à baldaquin.
    Le roi de Chypre, Hugues de Lusignan, quatrième du nom, avait pris place sur des sièges avec ses barons, ses chevaliers et tous ses invités d’honneur.
    Les trompettes se turent. Les clabaudages cessèrent incontinent. Chacun retint son souffle. Je jetai un regard à Arnaud. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il ne me voyait plus, telle une momie figée dans un sarcophage.
    Douze arbalétriers se tenaient devant l’eschalfaud où siégeaient le roi, la reine, les barons et les chevaliers de la cour.
    La reine, d’une grande beauté, semblait nous fixer d’un regard dur. Autant je pus en juger, en face, à une distance de plus de cent pas. Le roi, coiffé de sa couronne, échangeait des propos avec ses fils, Pierre, Jean et Jacques de Lusignan qui se tenaient séants, à côté de lui. Je n’aperçus pas la malheureuse princesse Échive, où que se portât mon regard.
    Derrière les arbalétriers, une haie composée de plus d’une centaine de valets d’armes dressait une forêt de piques. Aussi immobiles que des statues. Mais plus menaçants.
    Plus loin, en retrait, une vingtaine de sergents étaient montés sur des chevaux blancs, lance à l’arrêt. Tous portaient un chapel de fer, un grand haubert qui les maillait de la tête aux pieds et un surcot gris frappé aux armes des Lusignan.
     
    Sur ordre de leur maître, les arbalétriers mirent le pied à l’étrier, bandèrent les cordes, cliquèrent la gâchette, posèrent un carreau sur l’arbrier et pointèrent leur engin vers le centre de l’enclos, parés à décocher.
    « Oyez, oyez, bonnes gens ! » Le héraut d’armes exposa à voix haute et puissante les raisons de l’ordalie qui opposait le chevalier Geoffroy de Sidon et le chevalier Foulques de Montfort.
    Le chevalier de Sidon arborait en sa qualité de champion du

Weitere Kostenlose Bücher