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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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rapport avec l’écuyer Brachet, messire prévôt ? questionna Michel, le capitaine d’armes de la place, soit pour en savoir plus, soit pour gagner du temps.
    — L’écuyer Brachet est soupçonné de ce crime. Laissez passer, nous devons faire mainmise sur sa personne pour le soumettre à la question ! »
    Je crus avoir une hallucination. La décoction du barbier devait contenir des herbes folles. La question ? Personne ne résistait à la question dans la chambre de torture. Ni à Sarlat ni dans aucune autre prison des royaumes de France ou de Navarre.
    Je me vis claquemuré en basse-fosse avant d’être torturé, roué, écartelé ou conduit sur le bûcher. Comme Jacques de Molay, le grand maître de l’Ordre du Temple, l’avait été sur l’ordre du roi Philippe dit le Bel, quatrième du nom, en l’an de grâce 1314 à treize jours des calendes d’avril, le 19 mars, jour pour jour. Une date anniversaire en somme.
    Tout avait commencé un certain soir, à cinq jours des ides de janvier, moins de trois mois plus tôt. Quelque part dans une combe aux environs de Beynac.
     
     

     
     
    Ce soir-là, je n’étais ni calme ni serein, mais inquiet. Parti chasser en solitaire, par une belle journée de janvier, je m’étais laissé entraîner au fil du temps sur des terres qui m’étaient inconnues, alors que je connaissais bien la région pour la parcourir à cheval depuis ma plus tendre enfance.
    Le crépuscule approchait. La brume s’épaississait et m’empêchait de voir à plus d’une portée d’arc. Le jour déclinait. Les sabots de ma jument grise crissaient sur le sol givré et craquaient quelques branchages d’un pas devenu de plus en plus lourd et incertain. Nous étions aussi harassés l’un que l’autre.
    Si un manant m’avait aperçu alors, il serait parti en courant, saisi d’effroi, en lâchant tous ses outils. Car il n’aurait vu qu’un cavalier chevauchant le brouillard à près de six pieds du sol, lance couchée, telle une fagilhère sur un balai, comme nous nommions une sorcière en notre langue d’oc, tant la couleur de la robe grise de mon destrier se confondait avec le brouillard qui s’étendait à présent.
    Le problème ne se posait pas. De manant, il n’y en avait pas, pas plus que de chevalier ou d’écuyer. Tous les gens raisonnables s’étaient réfugiés chez eux dans la salle de vie, près du cantou où un bon feu de bois devait ronfler allègrement.
     
    La chasse avait été décevante. J’avais couru un cerf, sans réussir à le tirer. J’avais chargé un sanglier avec ma lance de chasse de huit pieds équipée d’un arrêt de main léger, sans parvenir à le piquer. Le sanglier avait fait front. Ses défenses acérées, bien en évidence sur des babines retroussées, m’avaient dissuadé de lui donner l’assaut.
    Il avait finalement rejoint les taillis, et je n’avais eu aucune envie de le tirer àpied dans un corps àcorps incertain. Courageux, mais pas téméraire. Dans ces occasions-là, il était plus prudent d’être accompagné, m’avait conseillé le maître des chasses.
    Or Arnaud, le second écuyer de notre maître, le tout puissant baron Fulbert Pons de Beynac, avait préféré faire la cour à sa nouvelle mie, Blanche, fille d’un consul du Mont-de-Domme.
    Ses appâts, à l’en croire, lui étaient apparus plus tentants que les charmes d’une partie de chasse avec moi, son compain et meilleur ami. Je souris à cette pensée : il avait été bien avisé.
     
    Je sentis une faim de loup me tirailler le ventre. Je n’avais point dîné et n’avais pour tout souper qu’un lapin de garenne que j’avais tiré d’une flèche bien placée. Coup de chance. Et quelques tranches de lard que j’avais dérobées en passant par la cuisine, sous l’œil complice de Louise qui avait eu le tort d’étaler sur la table les victuailles du prochain repas.
    Le lapin, je devais encore le dépecer et le rôtir à la broche sur de bonnes braises. À cette pensée, l’eau me vint à la bouche.
    Pour l’instant, il dodelinait de la tête en battant de son pauvre corps inerte le flanc de ma selle.
    Je rêvai aussi d’une bonne flambée. Je commençai en effet à grelotter sous le simple haubert de mailles que j’avais enfilé pardessus mon gambeson de laine. Le court mantel en peau de renard jeté sur mes épaules ne parvenait pas à me protéger du froid qui me dardait de mille aiguilles. J’étais transi.
    Les anneaux entrelacés de mon

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