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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Montfaucon. Par Saint-Yves, voilà une raison de plus pour ne point tarder   ! »
     
    Aussitôt dit, Bertrand Du Guesclin planta là le frère du comte de Pierregord, dévala quatre à quatre les marches du donjon et fit appeler son héraut. Il lui ordonna de parcourir séance tenante les abords de la ville   :
    « Partout où tu trouveras de mes gens, dis-leur que nous allons assaillir l’abbaye voisine   !
    —  Une abbaye   ? C’est là grand sacrilège   ! balbutia le héraut.
    —  Cesse de m’embufer et obéis aux ordres incontinent   ! hurla Du Guesclin. Nous allons bouter les Anglais et y rétablir le couvent, imbécile   ! Rassemble tout mon monde   ! Et que d’aucuns ne manquent   ! Tu en réponds sur ta vie, à la parfin   ! » crut-il bon d’ajouter, le visage déformé par un rictus monstrueux, en brandissant sa hache.
    Parvenu dans la basse-cour du château, Du Guesclin fit sonner de la trompette. Tout le monde courut aux armes. Il ordonna aux bourgeois de la cité de lui remettre plus d’une centaine d’échelles d’assaut ou de béliers pour enfoncer portes et fenêtres.
    Il envoya dans le même temps une petite troupe pour cerner l’abbaye et surveiller les alentours. En leur recommandant grande prudence, grande discrétion et non point grande vaillance. Il craignait que le félon ne s’échappât par quelque voie souterraine pour se soustraire au sort qui l’attendait.
    En voyant les dispositions prises par Bertrand Du Guesclin, Talleyrand de Pierregord et les siens se mirent à sa suite, en bon ordre de bataille. Ils conduisaient avec eux les pièces de trois pierrières, des engins de jet dont ils croyaient qu’on aurait grand besoin.
    « Nous n’en voulons pas   ! s’écria Du Guesclin. Avant qu’ils ne fussent dressés, nous boirons largement du vin de nos ennemis   ! » La cause était entendue.
    En ce jour de septembre de l’an de grâce 1370, Bertrand Du Guesclin n’avait pas encore été élevé à la dignité de connétable de France. Mais, depuis près de vingt ans déjà, il boutait les loups godons hors d’Aquitaine, hors du royaume de France.
    Il s’apprêtait à serrer dans les mailles de son filet un loup félon, un grand criminel, le plus grand que la terre ait connu. Un traître à la cause. La seule cause qui compta pour lui. Celle du roi, celui à qui il avait fait allégeance et juré fidélité jusqu’à la mort   : le roi de France, Charles de Valois, cinquième du nom.
     
    Un homme venait de dresser un piège diabolique. Les mâchoires de ce piège, d’une autre nature, étaient plus tranchantes que celles qui retenaient la louve, la mère du jeune loup. Mais le loup ne le savait pas. Enfin, pas encore.
     
    Comment aurait-il pu seulement l’imaginer   ?

 
     
     
     
     
     
    PREMIÈRE PARTIE Les racines du Mal
     
     
     
     
    Périgord hiver 1345 – été 1346

J’en ai cru mes yeux,
    Ils m’ont engagé dans une voie
    Dont jamais je ne sortirai,
    Où jamais je n’ai renoncé.
     
    Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la Charrette encore appelé « Le roman de Lancelot   »
     
     
     
     
    Chapitre 1
    À Beynac, à XIII jours des calendes d’avril de l’an de grâce MCCCXLV. Et quelques mois plus tôt, dans une combe aux environs de la Beune, en plein hiver, à V jours des ides de janvier {iii} .
     
    En cette fin d’après-midi, à treize jours des calendes d’avril, tout se passait bien. Nous avions mis la dernière main aux préparatifs de la guerre qui s’annonçait : entraînements intensifs aux armes de main et aux armes de jet, au tir à l’arbalète sur cibles mouvantes, corvées de guet, bref, plus de servitudes qu’en temps de paix.
    Les bûcherons, le maître charpentier, le maître ferronnier et leurs apprentis travaillaient d’arrache-pied pour couper, tailler, dégauchir les pièces de chêne et assembler à force tenons, mortaises, chevilles et pièces de métal forgées, les nombreux éléments qui composaient les engins de jet dont le baron avait ordonné la construction : une mortelle arbalète à tour, deux simples pierrières, un mangonneau à roue de carrier et deux gros couillards à la précision spectaculaire “par Sainte-Barbe !” à en croire Georges Laguionie, le maître des engins.
    Les tisserands, les tanneurs, les équarrisseurs tordaient, torsadaient les nerfs de bœuf, le chanvre, le lin ou le crin qui devaient servir à la traction et au tir des projectiles. Michel de

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