Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
Vom Netzwerk:
c’était
déjà fini entre nous.
ÉTUDIANTE EN MÉDECINE
    Mon examen de la matura  – le baccalauréat, en
somme – je l’ai passé à Salzbourg, au lycée, et pas à Vienne. J’étais si
faible en math qu’il n’y avait rien à faire pour me les apprendre, même par
cœur. Absolument rien à faire. J’ai essayé le bachotage, ça n’a pas marché. N’empêche,
à Salzbourg j’ai obtenu des mentions spéciales dans toutes les matières, et en
math un « Bien ». On m’a demandé vers quelles études je voulais m’orienter ;
j’ai répondu que j’avais envie de faire ma médecine – enfant, ça m’impressionnait
déjà – et on m’a admise, mais à la majorité du jury, pas à l’unanimité.
    Une fois ma matura passée, un jour où on était au Volksgarten,
voici que s’amène entre autres un étudiant, en médecine celui-là, du nom de
Klaar. Et moi je dis : « Personnellement je doute que je puisse
jamais faire un médecin ; c’est trop dégoûtant à cause des cadavres. »
Là-dessus, mon étudiant me prend par la main et nous voilà partis. Nous sortons
du Volksgarten par un adorable après-midi, à cinq heures, et il m’emmène à l’institut
d’anatomie et me fait descendre dans les sous-sols, là où on garde les corps
dans des chaudrons… Ça m’a laissée parfaitement froide. Je tenais parfaitement
le coup, de ce côté-là pas de problème. Et de là je me suis dit que je pouvais
préparer en paix ma médecine et je me suis inscrite aux cours de faculté.
    Il n’y avait que deux filles dans le tas d’étudiants, deux
filles dont moi. Pour mes parents c’était le cauchemar – tout ça : les
études au Cours Schwartzwald, les soirées à l’Opéra, et Max Adler, et la matura  –
oui, mon existence entière était un cauchemar pour eux. Le jour où par-dessus
le marché ils ont appris que j’allais faire des études de médecine, ils ont
appelé l’Oncle à la rescousse et j’ai reçu une raclée en rapport avec mon âge. Seulement,
comme on l’a vu, les punitions ne servaient qu’à me durcir comme fer la volonté.
    C’était un homme très résolu que cet oncle, et il est
probable que mes réponses pas trop polies et ma mauvaise conduite l’avaient mis
en colère lui aussi ; en plus il était très fort ; mais après tout j’avais,
oui, quoi ? vingt ans… « Je saurai t’en faire passer le goût, moi… Un
déshonneur pareil dans la famille !… » Papa s’y est mis aussi, ils
criaient en chœur : « Nous ne voulons pas d’une fille de ce genre
dans la famille, une fille impazzata des garçons ; tout ça c’est
uniquement pour te permettre d’aller traîner avec les garçons sur les bancs ! »
    Voilà comme on voyait la chose à l’époque. Faire sa médecine,
pour une fille, c’était s’attirer le mépris. Nous n’étions que deux : moi
et la juive Frieda. Pas une de plus.
    Pour professeur j’avais Tandler. Il me prisait beaucoup. Il
aurait voulu que plus tard je devienne démonstratrice au département d’Anatomie,
et il prenait toujours mon parti. Je n’ai jamais eu le moindre problème dans
mes études, sauf en math, mais je n’avais plus rien à en faire, des math.
    Vous me croyez fatiguée ? Jamais je ne fatigue quand je
parle ; je peux continuer comme ça, de mon train de chameau, pendant des
heures.
UNE AUTRE AMOURETTE
    Maintenant on en arrive à une autre histoire de garçon. Mes parents
qui ne voulaient rien savoir de mes fameuses études, m’emmenaient à des bals. Il
y en avait, c’est incroyable ! Et à l’un d’eux je me suis liée d’amitié
avec un certain lieutenant Rehn. C’était un jeune homme de belle mine. On l’invita
à la maison ; on y donnait des thés où on invitait tout un tas de gens, et,
dans le tas il y a donc eu ce lieutenant Rehn, à la suite de quoi il y a eu du
mariage dans l’air. Papa disait que c’était une sécurité parce que lieutenant c’est
une situation, et il a dit à Maman : « Eh bien, qu’elle se marie ! »
sauf que ça n’avançait à rien de bon, parce que j’étais braquée, je n’en
voulais pas. Je n’avais pas une ombre de sentiment pour ce garçon. À l’idée de
renoncer à mes études pour épouser ce Rehn, ah ! non, pour l’amour du Ciel,
ça jamais ! J’en étais révoltée. Si bien que chaque fois qu’il était
invité, je sortais avant qu’il arrive. Ça montre comme j’étais, mais j’ai
toujours été comme ça. Quand je ne veux pas

Weitere Kostenlose Bücher