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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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soir-là, il a dit : « Non, tu as ton diplôme. Suffit
comme ça. »
    Le professeur Gentile se montra très gentil pour moi, il me
dit que si j’avais l’intention d’exercer où que ce fût, s’il pouvait m’être d’aucun
secours il en serait très heureux. Ça se passait en 1922.
    En l’honneur de ce diplôme, Gigi m’envoya ma première belle
robe en vraie soie, toute brodée, bleu nuit et garnie d’écossais. C’était
vraiment une très jolie robe. Il l’avait achetée pour moi à Vienne et il me l’avait
expédiée, très mal emballée, si bien qu’à l’arrivée on aurait pu prendre ça
pour un paquet de vieux linge, Tutino, lui, n’avait pas eu d’attention de cet
ordre, pour la raison qu’il n’avait pas voulu de ce diplôme. Ce qu’il pouvait
être furieux ! Que Gigi m’ait envoyé cette robe, c’était la dernière
goutte. À ce moment-là Tutino était en poste à Gaète, si bien que j’ai dû l’y
suivre, et comme je voulais que Ludovico y vienne aussi, ça l’a rendu encore
plus furieux – tout de même, cette idée ! Le fait était que j’avais
supplié mes beaux-parents de consentir à ce qu’une fois mon doctorat italien
obtenu, Ludovico, que je n’avais pas vu de toutes ces années, me soit amené à
la frontière pour passer ses grandes vacances scolaires d’été avec moi en Italie,
et ma belle-mère avait accepté.
    À Gaète, je déclarai à Tutino que j’allais me rendre à la
frontière, et qu’il fallait que je revoie mon fils : « Tu n’as
plus rien à y redire » – et d’ailleurs il ne me faisait ni chaud ni
froid. Quel sale voyage ce fut, avec tous les changements, car ce n’est pas
très direct, de Gaète. J’ai rejoint la frontière à Chiasso, et là, sur son
quant-à-soi, ma belle-mère m’attendait, tout le contraire d’aimable, et elle me
dit : « J’espère que vous prendrez bien soin du petit. » Je
réponds : « Mais oui, évidemment ; et puis Giulietta aussi est
là-bas, à Gaète. » Alors elle dit : « Et les vacances finies, il
faudra qu’il revienne ici, et pas question de nous le renvoyer, comme de Naples
la dernière fois, avec de complets étrangers ; pensez qu’il n’avait que
sept ans ! » (Tout ça parce que je l’avais mis dans le train à Naples
en le confiant à une Suissesse qui était descendue avant lui, et que l’enfant
était de ce fait arrivé seul à Bâle.) Ce fameux voyage de Ludovico devait bien
dater de cinq ans ; toujours est-il qu’à ça j’ai répondu « C’est
promis. Tel je le reçois, tel je le renverrai. » Nous avons juste échangé
ces quelques paroles. C’était à la frontière, elle debout d’un côté, moi de l’autre,
car je ne suis pas passée en Suisse. Elle a seulement pu me remettre l’enfant
avec sa petite valise.
    Nous avons donc repris le train pour Gaète, et ça a
recommencé de plus belle. Cette fois, c’était de l’enfant que Tutino était
jaloux. Ludovico avait apporté son filet et sa boîte à papillons, et nous
sommes allés à Lerice, la ravissante plage de Gaète. Tutino était forcé de
retourner régulièrement à son école, et lorsqu’il venait nous rejoindre le
samedi et le dimanche, alors il était jaloux de mon fils autant que de moi.
« Une femme seule avec deux enfants sur une plage, quel est l’italien qui
raterait pareille occasion de lier connaissance », pensait-il, et bien
entendu il n’avait pas tort, il savait ce qu’il en était, d’expérience. N’était-ce
pas ce qu’il avait fait lui-même autrefois à Positano, quand il lisait D’Annunzio
et poussait à ma place le landau ?
    « Oh ! ne plus rien avoir à faire au monde avec un
Italien ! » me disais-je. C’était un vrai martyr, cette jalousie
continuelle. Et Ludovico qui me disait : « Qu’est-ce que tu attends pour
le quitter, il est toujours si méchant avec toi. » Naturellement, il ne
comprenait pas très bien la situation, il ne voyait que ces scènes incessantes,
alors il me demandait : « Qu’est-ce que tu as encore fait ? »
Et moi je répondais : « C’est que, vois-tu, on devrait aller moins
souvent à la plage. » Et lui me disait : « Pourquoi ça ? »
    C’était sans problème avec Ludovico. Nous nous entendions
fameusement tous les deux. Nous allions en excursion jusqu’à une tour, en
emmenant la petite, qui était très heureuse elle aussi. Ludovico était devenu
extrêmement gentil avec elle. Il lui a appris à nager

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