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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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pendant toutes ses trois
ou quatre semaines de vacances et, après, j’ai dû le ramener.
BIEN ÉTRANGE EST LA VIE
    Je ne sais pas si j’ai raison de raconter ça, mais pour le
voyage de retour jusqu’à Chiasso et la frontière avec les enfants, nous sommes
d’abord passés par Formia, et dans cette ville j’ai fait la connaissance d’un
homme sur la plage. C’est resté très superficiel : il nous a montré la
plage de Serapi, ce qui a fait que je lui ai accordé un rendez-vous. Impossible
de me rappeler son nom, c’est dire si ce fut une aventure sans lendemain. C’était
un ours d’homme, un Italien. Sur la plage de Serapi, il m’expliqua les
tourbillons, les trous de mer brusques et profonds où on peut se noyer, même
sachant nager, parce qu’on est aspiré par le courant, et il me renseigna sur
tous les parages. Il n’y a rien eu de sexuel, à proprement parer, entre nous :
juste un ou deux petits échanges de baisers, voilà tout.
    Ensuite, à Rome où j’étais allée prendre le train direct
pour la Suisse, et aussi montrer Saint-Pierre à Ludovico, il y a eu encore
quelqu’un. Un lieutenant d’aviation. J’ai toujours sa photographie. Nous avons
fait connaissance dans le train de Rome ; il m’intéressait bien. Nous ne
sommes pas restés longtemps à Rome, et aussitôt après il a dû rejoindre son
escadrille ; mais avec celui-ci, eh bien, oui, c’est vrai qu’il s’est
passé quelque chose.
    Puis j’ai rejoint la frontière avec les enfants et remis mon
fils à sa grand-mère qui m’attendait, les yeux mauvais. Elle n’était pas
gentille dû tout et elle semblait encore plus furieuse ; je lui ai passé
Ludovico par-dessus la barrière et je suis repartie, pleine de tristesse et
blessée jusqu’au cœur, en compagnie de Giulietta, et ce jusqu’en Sicile, car
Tutino avait terminé son temps à Gaète. À Naples j’ai pris le bateau pour
Palerme, où j’ai retrouvé l’éternel Tutino qui avait pris une chambre pour moi
et la petite dans l’hôtel où j’étais descendue avec Tolleg. Bien étrange est la
vie.
NAISSANCE D’ANDRÉA
    C’était le mois d’août, mauvaise époque. Il faisait une
chaleur terrible et je me sentais tout le temps affreusement patraque, mais je
ne m’en souciais guère, jusqu’au jour où je m’en suis fait la remarque… « Bravo,
ma fille, te voilà enceinte de Tutino, cette fois ! » Cela dit, impossible
d’être absolument certaine… ou bien le père devait être le lieutenant de marine
Tutino, ou alors c’était le lieutenant d’aviation. N’importe comment, le père
était dans l’armée… Ça ne pouvait pas être Gigi, ça c’était sûr, puisqu’il se
trouvait à Vienne et qu’à la frontière il n’y avait eu que ma belle-mère. Ce
fut un détail de la plus haute importance au moment du divorce, car il m’était
impossible de prétendre que ce nouvel enfant était de mon mari, bien que, curieusement,
tout le monde déclarât qu’il ressemblait à tel point aux autres que personne ne
l’aurait jamais soupçonné de ne pas être de Gigi… Il avait l’air plus suisse qu’italien.
    J’annonçai la chose à Tutino et je lui dis : « Je
ne veux pas le garder. » Il me répondit que lui était ravi et qu’il
voulait de cet enfant. Moi, non, pas question. Je n’étais pas contente du tout.
D’abord parce que j’avais tout le temps mal au cœur et que ça n’avait jamais
atteint ce degré pour les autres. (Quand je pense à la chose terrible qui
devait arriver par la suite, c’est là un point intéressant, tant biologiquement
que psychologiquement.) Pour le premier seulement, j’avais été un peu malade, à
cause de l’anesthésique. Cette fois, je me sentais misérable, sans parler de
cette chaleur qu’il faisait !
    Ce fut la dernière base navale où je suivis Tutino. Ensuite,
il revint à Positano, et le fait est que là, un peu en contrebas de la demeure
de ses parents et dans le jardin, il avait une petite maison où nous nous
sommes installés, mais avec une moitié de consentement de sa mère seulement ;
elle n’était pas très contente de la situation. Elle aurait voulu nous voir
mariés, et c’était maintenant tout à fait hors de question, ce qui ne lui
plaisait pas du tout. Quant à moi, si je suis venue vivre avec son fils dans
cette petite maison, c’est uniquement parce que je devais encore me présenter à
un autre examen d’État à Naples. J’avais beau être nantie de mon diplôme

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