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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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Lucerne. Il s’agissait
d’un Noir et d’une jeune Suissesse, et figurez-vous qu’ils étaient restés
collés ensemble. Il a fallu deux ou trois médecins pour aider à les défaire. Vous
auriez dû voir ces blessures ! Et quant au Noir, on aurait cru une bête
sauvage… vraiment effrayant. Mais pour en revenir à ma jeune Allemande, elle, elle
était seule quand je l’ai trouvée, et mon confrère aidant, j’ai pu faire du
beau travail. Dans son cas, ça n’était effrayant que sur le moment. Elle a très
bien guéri et elle est venue me rendre visite à mon cabinet, mais je n’ai
jamais découvert qui était l’homme en question.
    Oui, pour un médecin c’était sûrement une île de douleur, et
pas seulement pour ce qui était des pauvres. Il y a eu cette malheureuse Américaine
qui était bourrée d’argent et qui vivait dans une maison au-dessous des Due Golfi,
quand on va à la Marina Piccola. Son ambition était de tenir une manière de
salon pour artistes, elle recevait énormément de monde. Il y avait Pucci, le
modéliste (il avait coutume de changer de chemise entre les plats d’un repas). Elle
a même réussi à avoir une fois Graham – il était extrêmement difficile de
refuser ses invitations, étant donné le nombre de déjeuners qu’elle donnait par
semaine, et à Capri il n’y a qu’un médecin qui puisse se permettre de dire :
« Non, ce lundi je suis pris, mardi aussi, et mercredi n’est guère commode. »
Elle se faisait des relations, mais pas d’amis, si bien qu’un jour elle a avalé
tout un chapelet de somnifères, et pour plus de sûreté, elle s’est ouvert les
veines au-dessus du bidet. Quand on l’a trouvée morte, les gens sont entrés et
ont tout volé dans la maison, même les vêtements. Ce n’est pas moi qui le leur
reprocherai trop, c’étaient de pauvres gens et elle n’avait plus de besoins. Mais
les funérailles – ça, ce fut ignoble. De tous ses amis, Tony Paanaker, le
Hollandais, fut le seul à suivre l’enterrement. Peut-être la saison était-elle
finie, je ne me rappelle plus ; mais je n’ai pas oublié la façon dont les
hommes des pompes funèbres, avant de descendre le cercueil dans la fosse, ont
dévissé toutes les poignées de cuivre pour les empocher.
    C’est une histoire triste et drôle à la fois – c’est
peut-être ça le pire. Mais il y a eu aussi Lady Green, qu’on jeta en prison à
Naples. Ça, ce n’est jamais une aventure drôle, et pourtant comment ne pas en
rire un peu ?
    Avant la guerre, Lady Green avait pour amant un matador
espagnol, elle avait même essayé de persuader Mussolini d’autoriser la corrida
en Italie. J’ignore ce qu’il advint du matador. Après la guerre, Lady Green, qui
était maintenant une vieille dame, vivait seule dans sa maison, en compagnie d’un
jeune valet très susceptible. Si elle invitait chez elle un homme, le valet
écrivait de petits billets et de petits poèmes qu’il déposait sur le plateau du
petit déjeuner, et où il déclarait son amour – ce qui n’était pas toujours
du goût de tout le monde.
    Lady Green jouait de la guitare et elle était kleptomane. Un
jour, elle a volé le chéquier d’un de ses invités, et le lendemain elle a
envoyé son valet à Naples pour y encaisser un chèque rempli par elle ; mais
le valet fut arrêté sur le bateau et on le mit en prison à Naples, avec Lady
Green. Elle en sortit, grâce, je crois, à son mari qui vint d’Angleterre ;
mais avant ça, Graham alla passer une nuit à Sorrente avec une amie, et le
portier de l’hôtel chuchota à l’oreille de cette amie : « Je suis
bien content de voir qu’on vous a relâchée, Lady Green. » Graham, j’ai l’impression,
fut un peu gêné ; elle, pas du tout !
    Vous voyez que ça ne change pas – nous autres, en
Italie, nous préférons les gens qui ont fait de la prison. Ce sont des vrais. Qui
voudrait être l’ami d’un carabiniere  ?… bien qu’ils soient parfois
à plaindre, eux aussi. Il y en avait un à Caprile, il était amoureux d’une
jeune fille qui vivait dans la maison juste en face de la mienne, sur le même
chemin, et il aurait bien aimé l’épouser, mais elle ne voulait pas de lui, et
une nuit on a entendu boum, boum. Je suis descendue en courant : il l’avait
tuée d’une balle avant de se donner aussi la mort. Vous voyez, même un carabiniere peut avoir du cœur.
LE COMPLICE EN ADULTÈRE
    Tony Paanaker, tenez, voilà un phénomène. Vivre

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