La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
méthode à un garçon doué d’une mémoire exceptionnelle et d’une rapidité d’esprit peu habituelle. Cela aurait été une bénédiction, par exemple, que son éducation coûteuse lui ait enseigné de répondre aux lettres qu’il recevait.
Avant qu’il ne parte pour l’école, précepteurs et gouvernantes avaient rangé Porchester dans la catégorie des paresseux. Et il est probable qu’il n’était pas aisé de capter l’attention de ce jeune garçon remuant. Pourtant, selon les critères moins rigoureux des temps présents, il serait difficile de considérer comme en retard un enfant de dix ans parfaitement bilingue – le français étant la langue utilisée pour converser avec sa mère et ses professeurs –, qui savait manier l’allemand, avait de bonnes connaissances en grammaire latine, possédait les premiers éléments du grec et savait chanter d’une manière charmante au son d’un vieux piano désaccordé. Mais les étiquettes qu’on vous attache vous restent fatalement collées. Une fois décrété paresseux, c’est l’élève et non pas le maître qui porte la faute. Il est possible aussi que la réputation d’érudit du père ait handicapé le fils. C’est l’une des petites ironies de la vie, qui devrait faire réfléchir nombre de maîtres d’école, que l’homme destiné à dévoiler tout un chapitre de l’histoire ancienne détestât franchement les classiques tels qu’on les enseignait à Eton.
Le quatrième comte était trop fin pour obliger son fils à poursuivre des études promises à l’échec. Porchester quitta donc très tôt Eton pour étudier et voyager sous l’égide d’un précepteur. Le travail, accompli dans le petit laboratoire sur les bords du lac de Highclere ou lors de promenades dans la Forêt-Noire, ne devait pas être très pénible. Mais ces années de voyage le laissèrent en possession d’un stock d’informations diverses, peu familières à l’écolier moyen et d’un intérêt très stimulant. Il passa également quelques mois à Embleton, sous la tutelle du futur évêque de Londres, le Dr Creighton, auquel il resta très attaché. La phase suivante consista à travailler avec des répétiteurs en Angleterre et à Hanovre en vue d’entrer dans l’armée. Mais le projet d’une carrière militaire fut vite abandonné. Et, en 1885, lord Porchester fut inscrit au Trinity College de Cambridge. Là, frappé par la beauté des boiseries du College, il offrit aux autorités de faire gratter les multiples couches de peinture qui défiguraient les panneaux et de les restaurer à ses propres frais – offre qui, malheureusement, fut repoussée. La manie de la collection n’était pas encore aussi répandue qu’elle ne l’est aujourd’hui ; mais l’étudiant faisait déjà penser à l’homme que les antiquaires de Londres prendraient plus tard pour arbitre. C’est d’ailleurs bien avant Cambridge qu’il commença à fréquenter les brocanteurs. Tout jeune, outre l’inévitable album de timbres et un serpent – ce dernier abrité pendant tout un trimestre dans son bureau, à Eton –, il possédait une petite collection de tasses et de porcelaine qu’il s’empressait d’enrichir dès qu’il avait quelque argent. Il était encore à Cambridge quand il entreprit de collectionner gravures et dessins français, notamment les dessins de Rops, à présent estimés des connaisseurs et qu’il achetait alors pour quelques francs.
Néanmoins, à cette époque, c’était le sport plus que les antiquités qui intéressait le jeune homme, et on peut supposer qu’on le voyait plus souvent à Newmarket qu’aux cours magistraux. Son père venait alors de faire construire une villa sur la riviera italienne, à Porto Fino, un promontoire solitaire qu’on ne pouvait atteindre que par bateau, une crevasse profonde barrant la route qui menait au petit port. Porchester s’acheta donc un voilier et devint un passionné de la mer. La Méditerranée n’est pas toujours le lac serein que dépeint l’imagination nordique. Et Lerici, proche de Porto Fino, évoquant le tragique souvenir de Shelley, était là pour rappeler au marin les risques qu’il court s’il néglige d’amener la voile lorsqu’un coup de vent soudain souffle de la terre. Ces bourrasques menacèrent plus d’une fois la vie du jeune « milord », les marins italiens ayant l’ennuyeuse habitude, dans ces moments-là, de tomber à genoux pour invoquer la Madone, laissant
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