La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
cercueils se touchaient.
Le couvercle était fixé par huit tenons d’or (quatre de chaque côté) maintenus en place dans des encoches par des clous. Si nous parvenions à les retirer, nous pourrions soulever le couvercle. L’espace séparant les deux cercueils étant très étroit, les outils généralement utilisés pour retirer les clous n’étaient d’aucun secours. Il fallut en concevoir d’autres. Alors, avec de longs tournevis, transformés pour l’occasion, on retira doucement les longs clous d’or massif qui durent malheureusement être sacrifiés, puis on souleva le couvercle par ses poignées d’or.
Sous nos yeux, occupant tout l’intérieur du cercueil d’or, gisait une impressionnante momie nette et soignée, sur le corps de laquelle on avait répandu des onguents, noircis et durcis par le temps. Contrastant avec la couleur sombre du corps, un magnifique masque d’or brillant, représentant le visage du pharaon, couvrait la tête et les épaules. Cette incomparable momie symbolisait Osiris. Le masque d’or, spécimen unique de l’art antique, avait une expression triste mais calme, suggérant la jeunesse prématurément surprise par la mort. Sur le front, sculptés dans l’or massif, se trouvaient les emblèmes de son pouvoir, Nekhebet le vautour et Bruto le serpent, représentant les deux royaumes sur lesquels il avait régné. Au menton, la traditionnelle barbe d’Osiris, en or massif et en verre aux couleurs du lapis-lazuli. Autour du cou, un collier triple composé de disques d’or jaune et rouge ainsi que de faïence bleue ; enfin, un scarabée de résine noire, portant la marque du rituel Behnu, reposait entre ses mains et était fixé au cou par des courroies souples incrustées d’or. Les mains d’or bruni, croisées sur la poitrine, étaient cousues à l’enveloppe de lin. Elles tenaient le fouet et la crosse, également emblèmes d’Osiris. Juste au-dessous, se trouvait l’enveloppe de lin extérieure, enrichie d’ornements incrustés d’or et fixés à une représentation de Ba, l’oiseau de l’âme, enveloppant le corps de ses ailes étendues. Comme ces ornements somptueux avaient été soumis aux onguents, on avait du mal à en discerner les détails, qui, à l’exception du visage, ne brillaient pas.
Bien que les attributs de cette momie fussent ceux des dieux, le visage était certainement celui de Toutankhamon, avenant et calme, car on retrouvait ses traits sur les statues et les cercueils.
Quand M. Burton eut photographié la momie sous tous les angles, nous pûmes regarder de plus près l’état de conservation dans lequel elle se trouvait. Le fouet et la crosse étaient en grande partie décomposés, pratiquement réduits en poussière ; les fils qui maintenaient les mains et les ornements en place sur l’enveloppe extérieure étaient pourris, et les différentes parties tombaient dès qu’on les touchait. Quant au scarabée de résine noire, il était couvert de fissures. Il fallut donc retirer ces ornements un par un et les poser, dans le même ordre, sur une plaque de bois, afin de pouvoir les nettoyer et les remonter. Plus nous avancions, plus nous nous rendions compte que les bandelettes et la momie étaient en très mauvais état. Elles étaient complètement carbonisées sous l’action des acides gras contenus dans les onguents qu’on avait déversés sur elles.
D’autre part, le masque et la momie étaient solidement collés au fond du cercueil par les restes solidifiés de l’onguent et il était impossible de les faire bouger. Que fallait-il faire ?
Nous savions que la chaleur était capable d’amollir cette substance. Il fallait donc espérer qu’il serait possible, en l’exposant au soleil, de la faire fondre suffisamment pour parvenir à dégager la momie. Nous tentâmes donc l’expérience pendant plusieurs heures mais sans succès, alors que la température atteignait 65 degrés. Comme nous ne disposions d’aucun autre moyen, il nous fallut nous résoudre à poursuivre l’examen du pharaon dans les cercueils.
Mais comment dégager le masque d’or et retirer le cercueil encastré ?
La chaleur étant pourtant le seul moyen de faire fondre l’onguent, il fallait le soumettre à une température très élevée, mais sans risquer d’endommager le reste. On s’employa donc à protéger l’intérieur du cercueil d’or avec d’épaisses plaques de zinc susceptibles de résister aux plus hautes températures. Les
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