La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

cercueils furent alors retournés sur des tréteaux, celui qui se trouvait à l’extérieur étant protégé de la chaleur par des couvertures mouillées. On plaça ensuite sous le cercueil d’or plusieurs lampes à paraffine fonctionnant au maximum de leur puissance mais réglées pour ne pas dépasser le point de fusion du zinc.
    En dépit d’une température d’environ cinq cents degrés, il fallut plusieurs heures pour obtenir un résultat. Dès que les premiers indices de mouvement apparurent, on éteignit les lampes et, au bout d’une heure, les cercueils commencèrent à se séparer. Cela fut d’abord presque imperceptible, mais nous fûmes bientôt en mesure de dégager le second cercueil, le cercueil d’or restant toujours posé sur les tréteaux. On ne pouvait guère distinguer qu’une masse visqueuse, de la consistance de la poix, très difficile à dissoudre, en dépit de l’utilisation de grandes quantités de dissolvant.
    L’intérieur du cercueil d’or, auquel adhérait encore le masque, était recouvert de la même matière. On avait donc également protégé le masque en l’enveloppant dans une couverture mouillée. Comme il avait été exposé directement à la chaleur accumulée à l’intérieur du cercueil, il fut possible de le retirer avec une relative facilité.
    Ensuite, il nous fallut revenir au premier cercueil, qui se trouvait encore dans le sarcophage. Nous parvînmes à l’extraire au moyen du treuil. Dès qu’il eut dépassé l’arête supérieure du sarcophage, on glissa juste en dessous une plaque de bois et on le transporta au laboratoire où se trouvait déjà le couvercle. Malheureusement, l’humidité qui s’était dégagée des onguents l’avait abîmé, et les dorures se décollaient par endroits. Ces détériorations furent néanmoins réparées grâce à l’injection d’une cire de paraffine chaude, dans les interstices, qui rendit solidité et assise aux dorures.
    Il ne restait plus maintenant dans le sarcophage que le lit de bois doré à tête et pieds de lion, construit dans un bois lourd, résistant et doré. Il était tout en bas et soutenait le premier cercueil. Mais le plus extraordinaire était qu’après avoir soutenu les trois cercueils, plus de 1 250 kilos, pendant plus de trente siècles, il demeurait absolument intact. On passa alors tout autour de larges lanières de tissu et on hissa ce magnifique spécimen de l’art égyptien hors du sarcophage. Il avait environ trente-cinq centimètres de haut, deux mètres trente de long et sa forme s’adaptait exactement à celle du premier cercueil. L’élément central comportait un bas-relief représentant une corde, assez semblable à ceux que l’on trouve sur les angaribes soudanais d’aujourd’hui. Les jointures de la charpente avaient à peine bougé, attestant de la solidité du bois et de la qualité du travail.
    Désormais, la chambre mortuaire et le sarcophage étaient vides et, pour la première fois, nous étions en mesure de mieux comprendre le cérémonial et le déroulement des funérailles d’un pharaon ainsi que les coutumes qui s’y rattachaient. Le tombeau de Toutankhamon et ses trésors venaient de nous livrer leurs derniers secrets. Ils allaient nous permettre d’approfondir toutes nos découvertes et d’enrichir, de façon inestimable, l’ensemble de nos connaissances.

POSTFACE
ESQUISSE BIOGRAPHIQUE DE FEU LORD CARNARVON
    par sa sœur, lady Burghclere
     
    Ouvertement ou en secret, tout le monde est sensible au romanesque. C’est sans doute pour cette raison que la découverte de la tombe de Toutankhamon a soulevé un intérêt aussi vaste et aussi passionné. Et cet intérêt s’est étendu à celui à qui l’on doit cette découverte, et que la tragédie soudaine dont il a été victime à l’heure de son triomphe a encore contribué à grandir. Une histoire qui débute comme un conte des Mille et Une Nuits et se termine sur une illustration du mythe grec de la Némésis ne peut manquer de frapper l’imagination des hommes et des femmes qui, jusque dans leur existence quotidienne, restent sensibles au merveilleux. C’est pourquoi la présente esquisse de cette personnalité aux multiples facettes trouve place ici, comme introduction à l’histoire de la découverte à laquelle lord Carnarvon a consacré toute son énergie et à laquelle il a, finalement, sacrifié sa vie.
    Né le 26 juin 1866, George Edward Stanhope Molyneux Herbert, lord Porchester, reçut