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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vers Croasse… Celui-ci, mettant à profit le court instant où il lui avait semblé que son terrible patron ne le regardait pas, s’était élancé pour franchir la palissade. Mais Belgodère le guettait du coin de l’œil : au moment où l’infortuné Croasse allait enjamber la palissade, il fut saisi par le mollet et violemment ramené au sol. Croasse tomba à genoux. Belgodère saisit Croasse au collet de son pourpoint et le remit debout.
    — Ah ça, dit-il, que fais-tu ici ?
    — Maître, balbutia Croasse, mais… je vous cherchais !…
    — Eh bien ! puisque tu me cherchais, tu m’as trouvé. Arrive !… Marche, ou gare la trique !…
    Quelques instants plus tard, Croasse, blême d’épouvante, entrait à son tour dans la maisonnette, et il lui sembla qu’il pénétrait dans son tombeau. Philomène, à travers les planches mal jointes, avait assisté à toute cette scène, et avait tout entendu. Elle avait vu Violetta ; elle avait vu Belgodère ; elle avait vu Croasse tomber à genoux devant cet homme. Alors, saisie de crainte, elle s’était enfuie rapidement.
    Elle emportait avec elle un amer regret et une profonde satisfaction. Le regret était pour l’unique aventure de sa vie, qui s’en allait à vau-l’eau. La satisfaction était pour ce secret qu’elle venait de surprendre.
    Or, après la joie de surprendre un secret, il y en a une autre plus grande encore : c’est de le raconter. Et dix minutes ne s’étaient pas écoulées que sœur Philomène et sœur Mariange, installées toutes deux dans leur réduit, se préparaient l’une à raconter et l’autre à écouter de toutes ses oreilles.
    — Ah ! sœur Mariange, quelle aventure !… Mais vous me promettez bien au moins de n’en rien dire ?
    — Sur ma patronne, je vous le jure, dit Mariange qui cherchait déjà dans sa tête à qui elle pourrait bien répéter ce qu’elle allait entendre…
    — Eh bien, il y a un homme au couvent !…
    — Ceci n’est pas neuf, et si ce n’est que cela…
    — Oui, mais un homme installé à demeure… ou plutôt deux hommes maintenant… et une prisonnière !…
    Alors sœur Philomène fit un récit exact et détaillé de ce qu’elle venait de voir. Et lorsque ce récit fut terminé, sœur Mariange tomba dans une profonde méditation. Sous ses dehors frustes, c’était une matoise, habile à tout comprendre et surtout à tirer bon parti de ce qu’elle avait une fois compris. Et le résultat de ses réflexions fut que non seulement elle résolut de ne pas ébruiter le secret découvert par sœur Philomène, mais encore qu’elle dit à celle-ci :
    — Ecoutez, sœur Philomène, c’est très grave, ce que vous venez de me dire.
    — Vous croyez, sœur Mariange ?
    — J’en suis sûre. Je crois que M me  de Beauvilliers prendrait des mesures terribles contre nous si elle savait que nous savons…
    — Jésus ! Vous m’effrayez !…
    — Ce qui est sûr, c’est que si vous parvenez à taire votre langue…
    — Vous m’offensez, dame Mariange !
    Elles oubliaient en effet, parfois, qu’elles étaient sœurs. Elles l’étaient si peu !
    — Je sais, dit froidement Mariange, que je vous offense en vous croyant capable d’arrêter votre langue, ne fut-ce qu’une minute. Mais cette fois, pourtant, il faudra vous résoudre à vous taire.
    — Et qu’y gagnerai-je ? s’écria Philomène.
    — Une fortune peut-être ! La vie assurée ! Songez à cela, sœur Philomène.
    — Oui, mais comment ?…
    — Ceci, c’est mon secret à moi. Et comme je ne veux pas qu’il coure le couvent, je le garde.
    — Cependant, je voudrais bien savoir… je suis curieuse, c’est mon seul défaut.
    — Vous saurez plus tard. En attendant, si vous voulez gagner de l’or beaucoup d’or, de quoi vous vêtir comme une dame de bourgeoisie, de quoi séduire enfin ce héros dont vous m’avez parlé, eh bien, taisez-vous !
    Philomène, insensible à l’appât de l’or, frémit à la pensée qu’elle pouvait retrouver et achever de séduire le beau Croasse. Elle jura de se taire… Alors, sœur Mariange sortit en toute hâte ; mais pour plus de sûreté, elle enferma Philomène dans le réduit.
    Mariange se dirigea rapidement vers le vieux pavillon qu’elle avait elle-même désigné à Pardaillan et à Charles d’Angoulême. Mais ce fut en vain qu’elle y pénétra précipitamment. Le pavillon était vide. Elle courut à la brèche monta sur le pan de mur écroulé, et inspecta

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