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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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longuement les environs, mais il n’y avait plus personne.
    q

Chapitre 26 L’ENCLOS DU COUVENT
    L orsque le lamentable Croasse, tremblant de tous ses membres, fut entré dans la maisonnette, Belgodère qui le suivait, son terrible gourdin au poing, ferma la porte soigneusement et s’adressant à son piteux hercule que la frayeur rendait vacillant comme un homme ivre :
    — Or ça, tu me cherchais, m’as-tu dit… Eh bien, me voilà. Que me veux-tu ?… Qu’as-tu à me dire ?…
    — Maître… je voulais… vous nous aviez quittés… je… mai… aî… tre…
    Croasse, qui louchait lamentablement sur la menaçante trique, bégayait éperdument ne sachant à quel saint se vouer et surtout ne trouvant pas, malgré tous ses efforts, une explication plausible.
    — Cornes du diable ! fit Belgodère, peu patient de son naturel, es-tu donc mué en mouton moutonnant ?… Tu bêles et ne réponds pas !… Faut-il te délier la langue tout de suite ?…
    Et le bohémien levait déjà sa matraque pour frapper… ce qu’il appelait délier la langue. Le coup n’était pas encore porté que déjà Croasse s’écroulait en faisant entendre un beuglement lugubre. Pourtant, tout en tendant le dos avec résignation, l’ancien chantre mugissait :
    — Jésus !… je suis mort !… Holà !… ne frappez pas… je vous dirai tout…
    Et dans son for intérieur il ajoutait : « Ah ! Philomène ! Philomène !… où m’as-tu conduit ?… Ah ! misère de moi !… »
    — As-tu fini de m’écorcher les oreilles ?… Tout à l’heure tu bêlais, et maintenant tu beugles comme un veau… Ca, fleur de potence, explique-toi… et fais bien attention à ce que tu vas dire… ou, par Belzébuth, je te frictionne si bien qu’il ne restera pas un pouce de ta vilaine carcasse que mon bâton n’ait caressé d’importance.
    — Hélas ! gémit Croasse, je ne sais que trop qu’il me faudra toujours en venir à cette triste extrémité… Quoi que je dise ou quoi que je fasse, je serai rossé quand même… Ah ! pauvre de moi !…
    — Peut-être !… dit le bohémien ; si tu parles sincèrement, tu seras épargné… pour cette fois-ci.
    Belgodère ne faisait pas cette vague promesse par bonté d’âme, ou parce qu’il s’était senti ému par les plaintes sonores de son « hercule », mais tout simplement parce qu’il importait essentiellement à ce sacripant de savoir comment et pourquoi son ancien employé se trouvait inopinément à un endroit où il était à mille lieues de s’attendre à le voir.
    Quoi qu’il en soit, et si vague qu’eût été sa promesse, elle rendit, avec une lueur d’espoir, un peu de force et de courage au malheureux Croasse qui en avait bien besoin.
    — Si je vous dis la vérité, vous ne me frapperez pas ? interrogea-t-il anxieusement.
    — Cela dépendra de ce que tu me diras… Va !… je t’écoute.
    Croasse vit bien qu’il lui fallait se contenter de ces paroles, si peu encourageantes fussent-elles, et qu’il ne tirerait pas davantage de ce maître qu’il maudissait du fond de l’âme. La vue du solide gourdin au poing robuste du bohémien, paralysait tous les efforts de son imagination. Si bien que sur un geste d’impatience de son bourreau, il résolut tout uniment de dire la vérité toute nue sans s’inquiéter des suites qu’elle pourrait avoir pour ses nouveaux maîtres : le sire de Pardaillan et le duc d’Angoulême qu’il regrettait amèrement en ce moment, car ceux-là du moins ne lui parlaient pas la matraque au poing. Ce fut donc d’une voix mal assurée qu’il commença son récit :
    — Voilà, maître… Votre disparition soudaine… car soit dit sans reproches, vous nous avez quittés brusquement, sans nous rien dire…
    — Après… interrompit brutalement le bohémien… Ai-je des comptes à vous rendre ?…
    — Je ne dis pas cela, dit précipitamment Croasse, je ne dis pas cela… Vous êtes bien maître d’aller où bon vous semble… et vous n’avez rien à nous dire en effet… Je veux dire simplement que votre brusque départ nous a laissés, Picouic et moi, dans un cruel embarras… l’hôte de l’auberge de l’
Espérance
nous ayant mis dehors, nous ne savions que devenir !
    — Cet animal a raison au fait, murmura Belgodère.
    Notons ici que Croasse mentait effrontément, car on se souvient que Picouic et lui avaient bellement profité d’une absence du bohémien pour gagner la rue et se mettre en quête d’un

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