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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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opposer Fausta à Sixte-Quint, bouleverser la chrétienté… occuper son esprit avec rage, avec furie… oublier enfin, tâcher de vivre dans une paix morne avec son cœur, tandis que la grande bataille le détournerait de ses souvenirs. Maintenant, il comprenait l’inanité de ces tentatives.
    Il avait vieilli… Sa longue barbe soyeuse était blanche, et blancs ses cheveux. Mais lui ne se savait pas vieilli… Il y avait en lui des réserves d’énergie refoulée, il était de la famille des grands aventuriers qui étonnaient l’Europe de leurs entreprises, cousin de cet Alexandre Farnèse qui à ce moment même préparait la colossale expédition contre l’Angleterre et devait se heurter à ce tragique épisode de la vie des peuples : la destruction de l’Invincible Armada.
    Jean Farnèse, dans la ruée à la conquête de l’amour, s’était brisé les reins dans ce lamentable épisode de la vie des cœurs : l’arrivée de Léonore dans Notre-Dame… Léonore morte, le cardinal avait cherché une autre voie, d’autres dérivatifs à la violente activité de son âme, décuplée par l’activité ambiante de ce siècle de fer.
    Léonore retrouvée vivante, il revenait à l’amour. Il eut un espoir fou : reconquérir Léonore, aimer encore, être aimé encore, fuir, fuir avec elle…
    D’un mot, montrons-le tel qu’il était : il oublia Violetta !… Il oublia qu’il avait une fille, que cette fille était morte, et qu’il était là pour frapper la Fausta. Plus rien au monde n’exista que son amour, sa volonté d’amour…
    « Léonore, voulez-vous m’entendre ? Voulez-vous que je vous dise mon crime qui fut de ne pas oser déchirer le pacte qui me liait à l’église ? Qu’ai-je fait ? J’ai eu peur. J’ai été lâche. Mais je vous ai aimée. Je vous ai adorée. Est-ce que cela ne compte pas à vos yeux ? »
    Le cardinal roulait ces pensées dans sa tête sans les exprimer. Il cherchait les termes de passion qui allaient réveiller l’étincelle dans le cœur de Léonore…, Et comme il ne trouvait pas, comme ses lèvres tremblantes refusaient de formuler les sentiments déchaînés en lui, vaguement, dans un geste de supplication, il tendit les mains, et tout à coup sans bruit, sans secousse, il se prit à pleurer.
    Farnèse n’avait pas pleuré depuis seize ans. Farnèse n’avait pas pleuré lorsqu’il avait demandé la vie de sa fille à Fausta. Farnèse pleurait devant Léonore. Ce lui fut une sensation brûlante, délicieuse et terrible.
    — Vous pleurez ? demanda Léonore avec une grande douceur de pitié. Vous avez donc, vous aussi, des douleurs ?… Les douleurs s’en vont avec les larmes. Moi, je ne peux pas pleurer, et c’est pourquoi je garde mes douleurs qui m’oppressent, qui m’étouffent… Oh ! si je pouvais pleurer comme vous !…
    Le cardinal avait relevé la tête. Une immense stupeur s’emparait de lui. Quoi ! C’était Léonore qui parlait ainsi !… Pas de reproches !… Rien que de la pitié !… Il trembla. Cette terreur aiguë traversa son cerveau que Léonore avait à ce point oublié son amour, qu’elle le dédaignait à ce point que pas même de la haine ne lui restait au cœur…
    Il la regarda. Et il demeura haletant, éperdu…
    — Dites, reprit Léonore, quelle est votre souffrance ? Pour quoi pleurez-vous ? Peut-être pourrai-je vous consoler ?
    « Oh ! rugit le cardinal en lui-même, mais elle ne me reconnaît donc pas !… Mais je suis donc plus mort pour elle qu’elle n’était morte pour moi !… Mais je ne suis donc plus moi !… »
    Et dans un râle d’angoisse affreuse, il l’appela :
    — Léonore !… Léonore !…
    Elle le regarda avec un étonnement qui lui déchira le cœur.
    — Léonore ? dit-elle. Quel nom prononcez-vous là ?… Pauvre fille !… Taisez-vous, ne dites jamais plus ce que vous venez de dire… car vous pourriez la réveiller…
    Cette fois, la terreur fit irruption dans l’âme du cardinal.
    — Ecoutez, poursuivit Léonore, je vais vous dire votre bonne aventure.
    En même temps, elle saisit la main du cardinal, qui, à ce contact, frissonna longuement.
    — Folle ! bégaya-t-il, folle !… Plus que morte !…
    Alors, ce fut lui qui saisit les deux mains de la bohémienne. Il les pétrit dans les siennes. Son visage toucha presque le visage de Saïzuma.
    A ce moment, la porte du pavillon s’ouvrit, et deux hommes entrèrent. C’étaient Charles et le chevalier

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