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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui !… La protéger, l’aimer, c’était lui !… Qu’en avait-il fait de sa fille !… Alors, devant ce jeune homme qui tordait ses mains et pleurait à grosses larmes, il recula, il voulut fuir lui-même… Il se retourna vers Saïzuma… vers Léonore…
    — Viens ! râla-t-il, presque insensé lui-même, viens ! fuyons ensemble ! Pardaillan lui mit la main sur l’épaule.
    — Monsieur le cardinal, dit-il, soyez homme. Voici mon ami, M. le duc d’Angoulême… il aimait la pauvre petite Violetta… Vous dites qu’elle est morte… vous ne pouvez tout au moins refuser à cet enfant la terrible consolation de savoir comment elle est morte…
    — Comment ?… bégaya Farnèse… morte… assassinée.
    Pardaillan tressaillit. La pensée du duc de Guise traversa son cerveau.
    — Assassinée ! dit-il froidement. Par qui ?
    — Par une femme… une tigresse… oh ! je l’ai laissé échapper !… Malheur sur moi, malheur sur vous, puisque je ne l’ai pas tuée quand je la tenais !…
    — Cette femme ! cette femme ! frémit le chevalier, tandis que Charles haletant se rapprochait pour entendre le nom de la maudite.
    Le cardinal fit sur lui-même un puissant effort et parvint à reconquérir un peu de calme :
    — Cette femme, dit-il, ne vous avisez pas de vous heurter à elle ; vous seriez brisés comme verre. Vous qui pleurez Violetta, vous qui aimiez ma fille bien-aimée, j’éprouve pour vous toute la douloureuse pitié d’un homme qui souffre ce que vous souffrez. Duc d’Angoulême, et vous aussi, monsieur, prenez garde à cette femme ; puisque vous avez connu et aimé Violetta, elle doit vous connaître et vous haïr… fuyez, s’il en est temps… fuyez Paris, fuyez la France, fuyez tous les pays où elle pourra se trouver ; elle a des espions partout, elle sait tout, elle voit tout…
    — Mais vous-même, monsieur ! s’écria Pardaillan, qui ne put s’empêcher de frissonner.
    — Moi, c’est autre chose ! dit Farnèse. Moi, je suis le damné qui marche à sa destinée. Moi, j’ai juré la mort de Fausta, et si Fausta doit mourir de la main d’un homme, il faut que cet homme, ce soit moi !…
    — Cette femme qui a assassiné Violetta, c’est donc…
    — Elle s’appelle Fausta !…
    — Bon ! grommela Pardaillan, je vois que je l’avais bien jugée ! Eh bien, Fausta du diable, puisque tu ne te mêles pas seulement de faire des rois, puisque tu te mêles aussi de tuer… pardieu ! à nous deux !…
    Farnèse, déjà, s’était retourné vers Léonore. Mais maintenant qu’elle avait remis son masque rouge, le charme était rompu. Ce n’était plus Léonore de Montaigues… c’était Saïzuma la bohémienne. Il joignit les mains, et d’une voix basse, ardente :
    — Léonore, je t’aime toujours !… Léonore, maudis-moi ! mais fuyons ensemble… Ton cœur, je le réchaufferai… ton âme, je la réveillerai…
    Saïzuma eut ce rire terrible qui avait déjà glacé Farnèse.
    — Mon cœur ! dit-elle, ne savez-vous pas qu’il est resté dans la cathédrale, et que l’évêque l’a broyé sous ses pieds…
    — Viens ! gronda le cardinal. Je veux que tu viennes !…
    La bohémienne, avec la force de la folie, se débarrassa de l’étreinte de Farnèse, et d’une voix stridente, cria :
    — Jean de Kervilliers ! Est-ce toi qui m’appelles ?
    Le cardinal recula, la sueur au front, les cheveux hérissés.
    — Jean de Kervilliers ! hurla la folle en marchant sur lui, que me veux-tu ? Où veux-tu m’entraîner ? O mon père, où êtes-vous ?… Silence, tous !… La cloche a sonné… voici le maudit qui soulève l’ostensoir d’or et va bénir l’assemblée…
    Un gémissement lugubre râla sur les lèvres de Farnèse qui recula encore.
    — Le maudit ! murmura-t-il. Oui, maudit ! Bien maudit !…
    Et il s’enfuit, éperdu, chancelant, et longtemps encore Pardaillan, cloué sur place par cette scène tragique, entendit son gémissement qui s’éloignait, et enfin se perdit dans le lointain. Le chevalier, alors, essuya la sueur qui coulait de son front.
    — Venez, dit-il en saisissant le bras de Charles, sortons de ce couvent où l’air retentit de malédictions…
    Charles secoua douloureusement la tête et d’un signe lui montra Saïzuma.
    — Sa mère ! murmura le jeune homme.
    — La bohémienne… La folle !… Oui, je vous comprends…
    Il se rapprocha vivement de Saïzuma :
    — Madame, dit-il doucement, me

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