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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de la liberté. Vous êtes libre. Venez !…
    Jeanne allait s’élancer, emportée par cette ivresse spéciale du condamné devant qui on prononce ce mot magique : liberté… Soudain elle s’arrêta, plus pâle. Une pensée terrible venait de lui traverser l’esprit.
    — Et Madeleine ! râla-t-elle, ma sœur !… Oh ! madame… libre avec elle… oui !… nous pleurerons ensemble notre malheureux père… Mais sortir d’ici… seule… sans Madeleine… non !… J’aime mieux mourir !…
    Fausta eut une imperceptible crispation de contrariété devant cet obstacle imprévu. Mais elle sourit tout à coup, et plus douce encore, plus caressante et plus pitoyable :
    — Votre sœur Madeleine est sauvée comme vous. Elle est déjà hors de cette triste prison et vous attend. Venez…
    Jeanne Fourcaud s’abattit sur ses genoux, saisit les mains de Fausta et les couvrit de baisers. Une violente réaction se faisait en elle. Forte et calme devant la mort à laquelle elle se préparait, la brusque nouvelle de la vie et de la liberté assurées la terrassait. Elle sanglotait, elle laissait déborder sa reconnaissance avec ses larmes… La Fausta, d’un geste d’impatience, la releva, l’entraîna presque défaillante de bonheur. Dans le couloir, elle remit Jeanne Fourcaud aux mains d’un geôlier et dit :
    — Conduisez-la jusqu’à la litière…
    Le geôlier obéit sur un signe de Bussi-Leclerc et entraîna la prisonnière graciée. Alors Fausta se tourna vers l’autre geôlier et lui désignant Violetta :
    — Enfermez cette créature…
    Violetta devant la gueule ouverte du cachot eut un recul instinctif, et une sorte de gémissement râla sur ses lèvres. Mais la main du geôlier s’abattit sur elle, et l’instant d’après, la porte se refermait lourdement, les verrous étaient poussés… D’un geste, alors, Fausta renvoya le geôlier et les deux soldats qui remontèrent l’escalier. Elle demeura seule avec Bussi-Leclerc. Un livide sourire plissa ses lèvres.
    — Pardaillan, murmura-t-elle au fond d’elle-même, oseras-tu chercher ton amante jusque dans cette tombe ?…
    Bussi-Leclerc la contemplait avec un sentiment de terreur mêlée d’étonnement. Peu à peu les bouillonnements qui faisaient palpiter le cœur de Fausta s’apaisèrent. Froidement, elle demanda à Bussi :
    — Vous ne comprenez pas ?
    — J’attends que vous m’expliquiez…
    — Où est Madeleine Fourcaud ?
    Bussi-Leclerc étendit le bras vers la porte d’un cachot voisin et dit :
    — Là !…
    Fausta désigna le cachot où Violetta venait d’être jetée, et elle dit :
    — Et là se trouve Jeanne Fourcaud !…
    Bussi-Leclerc, tout cuirassé qu’il fût contre les émotions sentimentales, ne put s’empêcher de frémir, devinant quelque formidable aventure de vengeance dans la substitution qui avait été exécutée.
    — Quoi ! balbutia-t-il, cette jeune fille que vous avez amenée…
    — Elle s’appelle désormais Jeanne Fourcaud… Vous devez demain matin livrer les Fourcaudes à la justice du peuple. Vous les livrerez !… Vous voyez bien, messire Leclerc, que vous ne manquerez pas à votre parole !…
    Lorsque Bussi-Leclerc et Fausta furent remontés à la surface de la terre, dans cette petite cour étroite et noire qui semblait un pur et large horizon à ceux qui avaient vu les cachots souterrains, Jeanne Fourcaud fut placée dans la litière, presque évanouie par les premières bouffées d’air. Belgodère s’approcha de Fausta.
    — Tu veux savoir ce qu’est devenue la fille de Claude ? demanda-t-elle.
    — Rien ne vous échappe, madame, dit le bohémien courbé. Violetta, vous le savez, c’est mon espoir. Pardonnez-moi donc si j’ose vous interroger. Voilà huit ans que Violetta m’appartient. Je la gardais jalousement pour… ce que vous savez. Enfin bref, au lieu de la vendre à Mgr le duc, il se trouve que c’est à vous que je l’ai vendue… Je sens, je devine que l’heure est venue où je pourrai parler à Claude…
    — Mais sais-tu seulement où il est ?
    — Non, mais je le trouverai, n’ayez crainte. Claude et moi nous nous sommes toujours retrouvés.
    Belgodère se redressa dans la nuit. Ses yeux brillèrent d’un tel éclat de haine qu’ils parurent jeter dans les ténèbres des lueurs phosphorescentes.
    — Voyons, reprit alors Fausta pensive, tu m’as toujours promis de me raconter ton histoire : le moment est venu. Voici ce que tu vas faire ; tu vas

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