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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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un frisson, où ne tressaillait pas un muscle, le drame effrayant de la pensée montait à fleur de peau en plaques livides ; cette lividité peu à peu gagnait toute la figure qui prenait une couleur de cendre ; et les yeux fixes, larges, profonds, grands ouverts, jetaient des feux sombres.
    Fausta, jusqu’à cette minute, avait lutté contre la passion. Maîtresse de ses sentiments, forte comme une illuminée qui vit au-dessus ou à côté de la vie, elle avait méprisé les premiers avertissements de l’amour. Maintenant la tempête d’amour grondait en elle. Emportée par le souffle qui emporte toute l’humanité, toute la vie des êtres et des choses, elle se débattait en vain. Sa pensée rugissait. Son cœur sanglotait. L’étonnement, la rage, la honte, la révolte, l’abattement, tour à tour, passaient en hurlant et en gémissant dans son âme. Et maintenant, courbée, déchue de sa propre magnificence, les ailes brisées, elle râlait un cri sublime qu’elle exécrait parce que c’était un cri humain : « J’aime ! oh ! j’aime ! »
    Alors, elle chercha à raisonner. De pitoyables raisonnements, comme tous ceux de l’amour dont l’essence même est de ne pas raisonner. « Peut-être, songea-t-elle, suis-je simplement jalouse ; un mal dont je puis me guérir par quelque rude opération… Jalouse ? De qui ? De la petite bohémienne ! De la fille de Farnèse ! Maudit soit le jour où j’ai connu Farnèse !… Eh bien !… mais la voici l’opération qui doit me guérir ! Violetta, demain matin, va mourir… Elle morte, serais-je encore jalouse ?
    La jalousie tuée, elle aurait bon marché de l’amour. Si Violetta meurt, elle arrivera à étouffer le souvenir de Pardaillan ! » Voilà ce qu’elle imaginait.
    Et comme elle s’affirmait ces choses délirantes, comme elle sentait sa pensée vaciller et tituber dans cette marche incertaine, soudain un tableau se forma devant ses yeux.
    Elle était à la fenêtre de la maison sur la place de Grève. Le ciel était radieux. Des parfums enivrants montaient jusqu’à elle, des éventaires des marchandes de fleurs. Une foule énorme roulait sur la place… Guise apparaissait, parmi des acclamations… puis les trompettes sonnaient une fanfare, et Crillon apparaissait…
    Et alors, elle revoyait l’épisode… un homme tenait tête au roi de Paris et semblait, de son regard, faire refluer la foule menaçante… et Pardaillan, la rapière haute vers le ciel, marchait à travers la multitude qui tourbillonnait… C’est là qu’elle l’avait vu pour la première fois ! C’est ainsi qu’elle le revoyait !… C’était de là que datait son amour !… Dès cette minute, elle avait aimé le héros !… Fausta, immobile jusque là, baissa la tête et poussa un profond soupir.
    — Je l’aimais déjà, râla-t-elle au fond d’elle-même. Violetta morte, je l’aimerai encore !…
    — Ma chère souveraine, murmura à ce moment Myrthis, une de ses suivantes préférées, vous êtes bien pâle et il est bien tard… Ne songez-vous pas à vous reposer ?
    — Pourquoi demeurez-vous ainsi ? dit à son tour Léa, comme si vous étiez changée en statue, et comme si vos yeux regardaient l’enfer ?…
    Fausta releva la tête ; son regard s’adoucit graduellement ; elle fit un geste très doux et très impérieux à la fois. Les deux suivantes, habituées à l’obéissance passive, se retirèrent et Fausta, demeurée seule encore, reprit le cours de son affreuse méditation. Elle cherchait une conclusion digne d’elle. Jamais jusqu’alors dans la vie étrange, fabuleuse, fantastique qui était sa vie, elle n’avait eu de longues hésitations : l’acte chez elle, suivait toujours immédiatement la pensée. Cette conclusion qu’elle s’imposa, nous la donnons ici comme une preuve de son intrépidité d’âme :
    — J’aime, dit-elle. Ceci est avéré. Si affreuse que soit l’aventure, rien ne peut faire qu’elle ne soit pas ; j’aime ce Pardaillan, moi qui ai souri de l’amour que m’offraient les plus beaux gentilshommes de Rome, de Milan, de Florence… partout où j’ai passé, j’ai provoqué des passions ; quand je regarde derrière moi, je vois un sillage d’amour. Et moi qui n’ai jamais aimé, je suis frappée à mon tour… j’aime cet homme qui m’a regardée en face…
    Elle haletait. Elle souffrait vraiment une torture physique devança la décision qu’elle prenait.
    — Je ne dois pas

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