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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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aimer !… Ceci est une épreuve que m’impose l’Esprit suprême, et dont je dois sortir victorieuse. Une âme comme la mienne n’est pas faite pour d’ordinaires passions : j’aimerai cet homme tant qu’il vivra. Donc, il faut qu’il meure !…
    Elle eut un tressaillement. Son œil flamboya d’orgueil :
    — Mort, je l’aimerai peut-être encore… mais il ne sera plus en moi que le souvenir mélancolique d’un mal passé, guéri par ma volonté, Pardaillan mourra ! Et pour que mon triomphe sur moi-même soit véritable et complet, c’est de ma main que mourra Pardaillan !…
    Elle se leva à ces mots et acheva :
    — Que je le tienne devant mon épée, qu’il soit une fois vaincu… vaincu par moi !… Et peut-être le dédain de sa défaite étouffera-t-il jusqu’au souvenir de mon amour !… De l’épreuve, mon âme doit sortir plus étincelante, plus invulnérable, comme l’acier qui a passé par la trempe…
    Et ce mot d’acier amenant en elle une autre préoccupation, elle tira son épée, l’examina attentivement. Elle avait repris tout son calme et elle souriait. Mais ce sourire était aigu, indéchiffrable comme celui du sphinx antique. Elle ploya l’acier dans ses deux mains : soudain, la lame se brisa, avec un petit bruit sec.
    — Quand on va lutter contre un Pardaillan, murmura-t-elle, il faut une lame solide. Ma main est habituée aux lourdes rapières ; Molina m’a fourni les épées les mieux trempées du monde ; Vanucci de Florence m’a enseigné l’art de l’escrime et m’a appris des jeux d’épée qui aboutissent toujours à la mort. J’ai par-dessus tout l’invulnérable courage d’un être qui sait que sa mission n’est pas remplie et qu’il ne peut pas mourir encore… Je ne puis pas mourir : donc, c’est Pardaillan qui va mourir…
    Alors, elle passa dans une salle voisine. C’était la salle d’armes de ce palais où Fausta avait arrangé son existence telle qu’elle était organisée à Rome et partout où elle allait. Aux murs, des épées, des rapières, des poignards de toutes dimensions, de toutes formes, des lames plates et larges, des lames triangulaires et aiguës, des lames en serpent, des lames en dents de scie, armes mortelles qui faisaient d’inguérissables blessures.
    Fausta les passa en revue. Elle choisit une longue rapière mince, flexible, légère et solide, surgissant d’une large coquille capable de protéger la main et le bras. Elle l’éprouva, s’assura que la pointe n’avait pas besoin d’être affûtée, et enfin la ceignit à sa ceinture.
    C’était une femme qui faisait de tels apprêts !…
    Alors Fausta s’enveloppa d’un manteau, plaça sur son visage un large masque de velours et assura son feutre sur les torsades noires de ses cheveux. Elle jeta un coup d’œil sur une horloge : elle marquait trois heures du matin.
    — Le jour va bientôt paraître, fit-elle. Il est temps !…
    Elle siffla trois fois au moyen d’un sifflet d’argent qu’elle portait toujours suspendu à son cou. Un homme parut.
    — Nous allons en expédition, dit Fausta.
    — Combien d’hommes d’escorte ?
    — Vous seul, cela suffira.
    — Quelles armes ?…
    — Venez sans armes : vous ne vous battrez pas, vous !
    Sans faire aucune observation, l’homme déposa sur une table les deux pistolets qu’il portait à la ceinture, dégrafa son épée et la suspendit au mur à la suite des autres. Alors Fausta sortit de la maison à pied, suivi de ce seul homme désarmé.
    Les rues de Paris étaient noires encore, et la solitude était profonde, les truands et tire-laine ayant depuis longtemps regagné leurs gîtes. Mais quelques vagues lueurs éparses indiquaient que l’aube était proche. Fausta marchait d’un pas souple et rapide de jeune fauve partant à la chasse. En route, elle donna des instructions à son compagnon, et quelle que fût l’autorité de Fausta, si absolue que fût l’obéissance de tous ceux qui la servaient, sans doute ces instructions étaient bien étranges, puisque l’homme ne put retenir un geste d’étonnement vite réprimé.
    Lorsqu’ils arrivèrent devant l’auberge de la
Devinière
, le jour commençait à tomber sur Paris en nappes confuses encore. Fausta s’arrêta dans la rue. L’homme la regarda comme si, hésitant encore, il eût demandé une confirmation des ordres qu’il avait reçus.
    — Allez, dit simplement Fausta.
    Alors l’homme heurta à différentes reprises le marteau

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