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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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monseigneur. Maurevert digère le plat de vengeance dont il s’est nourri tout à l’heure sinon dans l’auberge, du moins devant la
Devinière
.
    — Ah ! oui… il a une haine… une vieille haine contre le Pardaillan Eh bien, il doit être satisfait ? Il le sera mieux encore demain et, quel que soit son appétit de vengeance, je me charge de l’apaiser pour longtemps.
    — Tudieu ! quel appétit, monseigneur ! reprit Maineville. Depuis l’affaire de la butte Saint-Roch…
    — Les ailes du moulin ? fit Guise en riant.
    — Oui. Eh bien, je croyais en vouloir fort au sire de Pardaillan. Et voici Leclerc qui n’a pas passé un seul jour sans faire porter un cierge à Notre-Dame afin que la bonne Vierge lui permît de prendre sa revanche. Est-ce vrai, Bussi ?
    — C’est ma foi vrai ! dit Leclerc. Et je suis fâché que ce drôle se soit rendu. J’y perds une douzaine de ducats que j’ai dépensés en bonne cire de première qualité.
    — Tu te plaindras à Notre-Dame quand tu iras en paradis, fit Guise.
    — Donc, continua Maineville, Leclerc et moi nous avions une dent fort aiguisée contre le damné Pardaillan. Mais cette dent n’était rien auprès de celle de Maurevert qui en a une vraie défense de sanglier. Je l’ai vu, monseigneur, au moment où le fier-à-bras s’est venu lui-même placer parmi les gardes comme un simple truand qui se rend au guet. Maurevert m’a saisi le bras à m’en faire crier, et il a dit : « Voici le plus beau jour de ma vie… » Puis il est devenu pâle comme un mort…
    — Mais tu t’affaiblis ! lui dis-je. — « Oui, me répondit-il d’un ton qui me fit passer un frisson sur l’échiné, c’est la joie… » Il se remit pourtant, et lorsqu’on emmena le Pardaillan, il sauta de son cheval. Et comme je lui demandais où il allait il me montra le prisonnier et il se mit à suivre les gardes.
    — Oui. Il voulait être sûr, fit Bussi-Leclerc. Comme si la Bastille n’était pas une fidèle maîtresse !
    — Surtout depuis que tu en es devenu l’amant, dit le duc de Guise. Eh bien, laissons donc Maurevert à son régal, et occupons-nous de nos braves ligueurs. Il faut prendre une décision.
    — Oui, mon frère, dit à ce moment une voix rude, il est temps de prendre une décision.
    On vit alors entrer l’homme qui parlait ainsi, et qui depuis un instant avait entrouvert la porte.
    — Louis ! s’écria Henri de Guise.
    — Et Charles ! ajouta un deuxième personnage qui pénétra dans la salle en soufflant comme un bœuf.
    — Et cette pauvre petite Catherine ! ajouta une voix féminine, malicieuse et douce à la fois.
    — Et votre mère, Henri ! ajouta une voix féminine aussi, mais grave, avec on ne savait quoi de sombre.
    Le duc de Guise, à la vue de ces quatre personnages qui venaient d’entrer, fit un signe à Maineville et Bussi-Leclerc, qui s’étant inclinés profondément, disparurent et fermèrent la porte.
    — Mes frères, ma sœur, ma mère, dit alors le duc, soyez les bienvenus. Rien ne pouvait m’être aussi précieux que de voir réunie toute la famille, en une circonstance où se joue la gloire de notre nom et où la maison dont je suis le chef peut conquérir la première place qui soit au monde.
    — C’est cette conquête qu’il s’agit de décider, dit la mère des Guise. Votre famille Henri, votre famille que vous êtes heureux de voir, a risqué fortune, gloire et vie même pour vous aplanir la route qui mène au trône. Vous n’avez qu’un pas à faire. Ce pas, vous hésitez à le faire. Si vous ne le faites pas, Henri, nous sommes tous perdus.
    Le duc de Guise pâlit et porta la main à son front. Puis, comprenant que l’heure était venue d’une explication décisive, il invita d’un geste ses visiteurs à prendre place dans des fauteuils, et s’asseyant lui-même :
    — Causons donc, ma mère, dit-il, car vous savez que je suis prêt à mourir plutôt que de vous voir menacés par un danger que j’aurai créé…
    Les quatre personnages s’assirent. C’étaient : Louis de Lorraine, cardinal de Guise ; Charles de Lorraine, duc de Mayenne ; Marie-Catherine de Lorraine, duchesse de Montpensier, et Anna d’Este, duchesse de Nemours, veuve de François de Guise, tué par Poltrot de Méré au siège d’Orléans.
    La mère de Guise avait une figure de fanatique. Sous les bandeaux gris de ses cheveux que recouvrait une dentelle noire, ses yeux avaient une étrange expression d’implacable

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