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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pauvre cœur comme elle disait, qui enfin osait se révéler et parler tout haut après avoir parlé si longtemps tout bas.
    — Attention ! Vingt hommes ici, pour lancer les poutres !… Et feu sur les fenêtres, si elles s’ouvrent !…
    — Vous voyez, Pardaillan, que votre vie, c’était ma vie. S’il ne s’agissait pour vous que de quelque méfait qui se paye par la prison, je serais tranquille, car je me ferais forte de vous délivrer. Vous vivant, même prisonnier comme vous le fûtes jadis à la Bastille, je vivrais… je me dirais : « Sûrement, il en sortira. S’il n’en trouve pas le moyen, je le trouverai, moi !… »
    — Huguette, ma chère Huguette, c’est précisément de cela qu’il s’agit !
    — Non, non… vous allez mourir, Pardaillan ! Votre air et vos préparatifs me disent assez que vous êtes décidé à vous faire tuer sur place…
    — Décidé à me défendre, voilà tout. Mordieu, croyez-vous que ce soit si agréable d’aller à la Bastille ?
    — Non, Pardaillan ; mais on sort de la Bastille, on ne sort pas du tombeau…
    — Hum !… on sort… on sort… pas toujours, ma chère !
    — Oh ! mais c’est donc bien grave ce que vous avez fait ?
    — Pas grave du tout. Comme je crois vous l’avoir dit, je n’ai rien fait, moi. J’ai simplement empêché de faire. Mais enfin, je vous avoue que les huit ou dix mois de prison que j’ai mérités m’effrayent, et j’aime mieux risquer tout pour tout.
    Pardaillan, en parlant de huit ou dix mois de prison qu’il redoutait, était sublime. Son regard pétillait de malice, et le sourire de ses lèvres, ce que l’hôtesse appelait si justement son bon sourire, exprimait une pitié attendrie qui étonnait sur ce visage.
    — Risquer tout pour tout, reprit Huguette, c’est donc que vous allez mourir. Pardaillan, laissez-moi mourir avec vous. Songez à ce que vous me proposez. Je m’irais enfermer dans la cave pendant que ces furieux vous chargeraient. Et j’entendrais la bataille. J’entendrais le cri de triomphe de celui qui vous porterait le dernier coup… et vous pensez que j’attendrais tranquillement que tout soit fini ! O Pardaillan, vous ne me comprenez donc pas ? Vous ne m’avez donc jamais comprise ? Je vous dis que si vous mourez, je n’ai plus rien à faire dans la vie. Laissez-moi vous dire… Je ne puis rien être pour vous, et vous êtes tout pour moi. Je ferais affront à la mémoire de madame Loise et je me ferais affront à moi-même si je disais que je vous aime. Supposez que je suis pour vous une sœur qui, ayant tout perdu, n’a plus que vous au monde, ou mieux… une mère. Ce mot me vieillit, n’est-ce pas ?… mais je ne suis plus de première jeunesse… une mère ! c’est bien cela…
    Elle éclata en sanglots et murmura :
    — Vous voyez que je prends le rôle qui peut le moins inquiéter celle qui dort dans votre cœur, Pardaillan… mon cher enfant, est-ce que ce n’est pas le devoir d’une mère de mourir près de…
    Les sanglots l’empêchèrent de continuer.
    — Assez, Huguette, assez ! dit Pardaillan d’une voix basse et tremblante. Vous n’êtes ni une mère ni une sœur pour moi. Vous êtes celle que j’ai le plus aimée après le pauvre ange que j’ai perdu… Vous êtes celle que choisirait mon cœur si ce cœur, vous l’avez dit, Huguette, n’était mort en même temps que Loïse… Vous ne mourrez pas… et je ne mourrai pas !… Allons, séchez vos larmes qui rougissent vos beaux yeux… Corbleu, madame ma belle hôtesse, je veux plus d’une fois encore venir goûter au bon vin de vos caves et au vin plus doux encore et plus consolateur qui coule de vos lèvres… Huguette, quand je me serai tiré de cette sotte affaire… quand je sortirai de prison… préparez-moi la chambre que j’habitais là-haut… Nous vieillirons ensemble en causant, les soirs d’hiver, de M. de Pardaillan, mon père, qui vous aimait tant…
    Pardaillan s’était mis à se promener, sans fièvre apparente. Mais il était livide. Pendant qu’il parlait, voici ce qu’il songeait. « Voici donc venue l’heure de payer les dettes de mon père et les miennes à la bonne hôtesse de la
Devinière
… Ce dévouement craintif, cet amour que les années n’ont pas émoussé et qui ose à peine se révéler, oui, Huguette, cela mérite de ma part un effort que je n’ai jamais fait. Pauvre Huguette ! Pour tant de délicate tendresse, mère, sœur, amante à la fois,

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