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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sur le portrait de son mari.
    — Parlez ! reprit Henri avec impatience. Voyons, vous, ma sœur, que dites-vous ?
    — Je dis, s’écria la duchesse de Montpensier, que c’est une honte de voir le grand Henri, Henri le Saint, Henri le Conquérant descendre à de pareils calculs ! les
Stemmala Lotharingiœ et Barri dacum
ont prouvé au monde que notre maison va chercher ses fondations jusqu’à Clodion le Chevelu ! Je dis qu’il est démontré que les Capet et les Valois sont des usurpateurs et que vous êtes le roi légitime !… Que Philippe d’Espagne en montre donc autant !
    — Va pour la généalogie ! Mais les provinces !…
    — Je viens de parcourir la Bourgogne, dit le duc de Mayenne. Elle crie : « Mort à Hérode ! » plus fort que Paris. Elle est prête à crier : « Vive Henri IV, roi de Lorraine et de France ! »
    Le Balafré tressaillit à ces nouvelles.
    — Si vous voulez mon sentiment, continua Mayenne en tirant sa barbiche par un geste machinal, je vous dirai qu’au fond, moi… ça m’est égal. Seulement, puisque vous parlez des provinces, c’est vraiment dommage de laisser nos Bourguignons et aussi nos Francs-Comtois s’égosiller à demander un roi. Il serait charitable de les prévenir d’avoir à attendre une petite année… Ils n’en crieront que mieux l’an prochain.
    Le duc de Mayenne se mit à rire, comme il riait, c’est-à-dire de toute sa panse secouée, tandis que son œil rusé répétait clairement :
    — Moi… ça m’est égal !
    — Si la Bourgogne et la Franche-Comté sont d’humeur à attendre, reprit alors le cardinal de Guise, je n’en dirai pas autant de la Champagne…
    Il se retourna vers le Balafré qu’il regarda en face :
    — J’arrive de Troyes. Le peuple s’est précipité à ma rencontre. Les échevins ont été pendus. L’effigie d’Hérode a été brûlée.
    Les quelques hobereaux fidèles à Valois ont fui. J’ai fait élire de nouveaux échevins. Une garnison de deux mille reîtres soutient le peuple révolté et rallié au nom de Guise. Trois mille cavaliers parcourent le pays, et la Champagne, debout tout entière, vous acclame. La tempête se propage et gagne la Picardie, l’Artois ; la Normandie suivra Henri, Henri ! nous avons allumé un terrible incendie. Et quand il va consumer cette race pourrie, quand il va purifier le royaume, exterminer l’hérésie, détruire Valois, quand le peuple de France vous appelle et vous réclame, vous nous demandez d’éteindre l’incendie, vous nous demandez de refouler l’espoir de ce peuple… Tenez, vous me faites pitié !… Je m’en vais ! Prenez garde, Henri, que cette foudre que nous avons forgée ne se trompe de tête et, ne pouvant frapper Valois, ne vous atteigne au front !…
    Le cardinal, de sa botte éperonnée, frappa violemment le parquet, se leva, et grommela entre ses dents :
    — Roi de parade ! Roi de carton ! Par le sang du Christ, pourquoi suis-je né le troisième !
    Et il fit quelques pas vers la porte.
    — Demeurez, Louis ! dit alors la duchesse de Nemours.
    Le cardinal s’arrêta net. Car dans ces âges, l’autorité de la mère de famille était encore incontestée.
    — Demeurez, mon frère, ajouta le Balafré. Quelle que soit la décision qui sortira d’ici, il faut qu’elle soit prise en commun… Avec vous, je suis tout. Sans vous, je suis bien peu.
    Le cardinal, flatté d’avoir humilié ne fût-ce qu’un instant l’intraitable orgueil de son frère, reprit sa place en disant :
    — D’ailleurs, mon cher Henri, je vais vous apprendre une petite chose qui va sans doute modifier vos idées : Valois est loin d’être aussi malade que le prétendent sa mère et Miron [14] . Il n’a nulle envie de mourir. Je le sais par son confesseur, qui l’approchant à toute heure, a pu se rendre compte de son véritable état. Que diriez-vous donc si au lieu d’une année que vous demande la Médicis, il vous fallait attendre cinq ans, dix ans même ? Que devient dès lors votre plan ?
    — L’année écoulée, fit vivement le Balafré qui espérait ramener la famille à ses idées, je redeviens libre, je ne suis plus enchaîné par mon serment… Et alors il sera temps… Qu’en dites-vous, ma mère ?…
    Le cardinal haussa les épaules, Mayenne tira sur sa barbiche, et la duchesse de Montpensier fit cliqueter ses ciseaux d’or. Les deux frères et la sœur se regardèrent d’un air qui voulait dire :
    — Rien à

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