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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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résolution. Si elle avait été belle, cette beauté s’était figée. Elle était comme une morte en qui survit encore une malédiction. Elle ressemblait à Catherine de Médicis. Seulement, tandis que la mère des Valois était surtout superstitieuse, la mère des Guise était une croyante dans toute la terrible force que ce terme pouvait alors signifier.
    Le duc de Mayenne, jouisseur heureux de vivre, lent à prendre une décision, plus lent à l’exécuter, gros mangeur, excellent buveur, affligé du reste de cette légendaire corpulence dont le Béarnais devait tant se moquer, très brave à ses heures, était le type le plus « humain » de la famille. Une table bien servie lui paraissait plus à considérer qu’un titre de plus ou de moins, et le fumet d’une bonne bouteille de bourgogne plus délectable que la fumée de l’encens accordée aux grands de la terre ; avait-il tort ? D’ailleurs, ce n’était pas un de ces balourds, comme on a eu tort de le représenter. Il était fin, rusé, doué d’une des plus précieuses qualités de l’homme en société : c’est-à-dire l’indulgence. Cette indulgence, ce scepticisme d’homme qui a un peu tout vu et qui a constaté qu’au fond, ce n’est guère la peine de tant se donner de mal — dès qu’il ne s’agit pas de vivre et de bien vivre, cette qualité, disons-nous, lui donnait une sorte de supériorité sur ses frères et lui permit de traverser la vie sans accrocs graves.
    Le cardinal de Guise était l’antithèse vivante du duc de Mayenne. Troisième fils de François de Lorraine, il avait été destiné, comme cela se pratiquait dans les grandes maisons, à l’état ecclésiastique, tandis que Charles, le deuxième fils, était destiné aux armes et qu’Henri, l’aîné, était l’héritier, chef de la famille. Mais il semblait qu’il y eût un quiproquo. Charles, duc de Mayenne, eût fait un moine admirable et l’ordre de primogéniture en avait fait un homme d’armes. Louis, qui eût été un reître accompli, une sorte d’Alexandre Farnèse, était, malgré lui, homme d’Eglise. On voyait rarement ce cardinal à l’église : en revanche, on le rencontrait souvent, bardé de fer, à la tête de ses bandes de pillards sans vergogne. C’était un être de farouche rudesse et d’opiniâtre violence. Aussi orgueilleux que son frère aîné, aussi violent, guerrier redoutable, chef de bataille expérimenté, il avait de plus un sens politique et diplomatique qui faisait défaut au grand Henri. Il était un peu la pensée dans cette famille, tandis qu’Henri n’était guère que le bras. Son ambition s’élevait à de vastes et lointains désirs. Et s’il avait toujours poussé son frère à s’emparer de la couronne, c’est que peut-être il espérait que cette couronne viendrait un jour se poser sur sa propre tête !…
    Quant à Marie de Montpensier, ayant déjà eu l’occasion de la présenter à nos lecteurs, nous nous dispenserons d’esquisser ici sa jolie frimousse de Parisienne délurée, sémillante, très capable de commettre en riant quelque crime atroce, sans trop s’apercevoir que c’est un crime.
    Ces cinq personnages étant donc réunis dans le vaste cabinet tout tapissé d’armes, tandis que le reste de l’hôtel est plein du bruit des conversations et du cliquetis des éperons, tandis que Paris hurle à la mort et demande du sang, tandis enfin que postée au fond de la Cité comme une araignée au centre de sa toile, Fausta I re songe, combine, agit, et de loin inspire ces esprits si différents, assistons à ce conseil de famille d’où tant d’événements devaient sortir pour aboutir à une catastrophe.
    La duchesse de Nemours avait pris place dans le grand fauteuil de son fils aîné. Elle se trouvait placée le dos à la fenêtre, et face à un immense portrait de François de Guise qui, ses deux mains gantées de fer appuyées sur la croix de l’estramaçon, le casque à triple panache à ses pieds, semblait la regarder.
    Henri de Guise était assis devant elle, tournant le dos au portrait. A droite, le cardinal de Guise s’était placé, ses jambes croisées l’une sur l’autre, calme d’apparence, mais tourmentant le manche de sa dague. A gauche, c’était Mayenne qui, ne trouvant pas de fauteuil assez large pour lui, avait approché deux chaises pour en faire un seul siège. Enfin, un peu en arrière de sa mère, appuyée au dossier du fauteuil, Marie de Montpensier

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