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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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gibet ! que celle que vous aimez, duc, c’est la petite-fille de celui que vous avez fait aveugler ! Race de démons !… il n’est pas étonnant qu’elle ait reçu mission de renverser l’échafaudage que nous édifions pour restaurer l’Eglise ! Il n’est pas étonnant qu’elle se soit attaquée au principal ouvrier de notre œuvre !…
    — La fille de Léonore de Montaigues ? balbutia le duc.
    — Oui ! Comprenez-vous, maintenant !… Je veillais sur vous, par bonheur ! Je suis parvenue à conduire cette fille des races maudites jusqu’au pied du bûcher…
    — Grâce pour elle !… Oh ! ne la tuez pas !…
    — Elle est sauvée ! dit Fausta en haussant les épaules. Vous le savez bien puisque, sous vos yeux mêmes, l’infernal Pardaillan l’a arrachée aux bourreaux…
    — Oui, oui ! Elle est sauvée… Il ne faut pas qu’elle meure… car je mourrais aussi, moi !
    — Vous me faites pitié, duc !… Oui, j’ai eu pitié de vous !… Sur la place de Grève, je vous ai vu si tremblant, si pâle, que j’ai compris la puissance du sortilège que cette fille vous a jeté… J’attendrai donc pour ordonner son supplice que nous ayons trouvé l’exorcisme suffisant et que vous soyez guéri… Remerciez-moi, duc, de ménager votre faiblesse.
    — Mais pourquoi ce mariage ? gronda le duc. Pourquoi Maurevert est-il devenu l’époux de Violetta ? Ce qui est vrai pour moi ne l’est donc pas pour lui ? Si mon amour pour la bohémienne me souille d’hérésie, Maurevert n’est-il pas souillé ?… Ah ! qu’il prenne garde !…
    — Laissez votre poignard tranquille, dit Fausta. Il doit vous servir pour frapper les ennemis et non pas pour meurtrir le meilleur, le plus dévoué de vos serviteurs… Maurevert se dévoue ! Maurevert a consenti à ce simulacre pour pouvoir éloigner de vous la bohémienne hérétique… Mais Maurevert ne sera pas l’époux de Violetta…
    — Que sera-t-il donc pour elle ?
    — Il sera son geôlier !… Henri de Lorraine, vous aimez la petite-fille de l’homme que vous avez fait aveugler ! Ne voyez-vous pas cette pensée impure qui vous paralyse, qui vous arrête au pied du trône, qui fait de vous l’homme le plus faible de toute notre Ligue ?
    Guise songeait. De tout ce que Fausta venait de lui dire, il ne retenait qu’un fait… mais ce fait le bouleversait et lui inspirait une sorte d’horreur.
    Oui, c’était vrai ! C’est lui qui avait fait subir à Montaigues l’effroyable supplice de l’aveuglement. Et c’était la descendante de cet homme qu’il aimait !… Aveuglement pour aveuglement !… Lui, Guise, avait crevé les yeux du corps. Et elle, Violetta, aveuglait son esprit pour l’empêcher de marcher à la conquête du trône…
    Remords ? Superstition ? Ambition plus forte que l’amour ? Sans doute, il y avait de tout cela dans l’esprit du Balafré. Fausta l’avait acculé au dilemme : Renoncer à Violetta ou renoncer à la couronne ! Et Guise ne voulait renoncer ni à l’une ni à l’autre. Il fallait gagner du temps. Il fallait convaincre Fausta et garder son aide jusqu’au jour où…
    Il serra convulsivement les poings, tandis que Fausta le couvait de son œil noir.
    — Vous m’avez rappelé mes serments, dit-il enfin, je vais vous en demander un autre. Je suis prêt à tenir les miens. Je tiens la bohémienne pour hérétique. Je suis prêt à me soumettre à l’exorcisme. Je crois, j’espère, par votre toute-puissante intercession, me guérir de cet amour… de cette pensée impure !… Mais à votre tour, jurez-moi que Maurevert ne sera pas l’époux de cette fille !
    S’il y eut une hésitation dans l’esprit de Fausta, Guise ne s’en aperçut pas, car elle répondit aussitôt :
    — Je vous le jure, duc. Violetta ne sera l’épousée ni de Maurevert, ni d’aucun autre, jusqu’au moment où vous-même, enfin guéri, donnerez l’ordre de la supplicier…
    — Ce n’est pas tout. Puisque la bohémienne va être prisonnière, je veux savoir en quel lieu elle sera retenue.
    — A l’abbaye des bénédictines de Montmartre, répondit Fausta sans hésiter.
    — Vous me jurez, madame, qu’elle y restera jusqu’au jour que vous venez de dire, c’est-à-dire jusqu’à ce que, guéri de mon amour, je donne moi-même l’ordre de la supplicier ?
    — Je vous le jure ! dit Fausta.
    Quelques minutes de silence s’écoulèrent. Guise songeait à cet ascendant que la mystérieuse Fausta

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