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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dont l’un portait une torche. Le reste de la rue semblait désert.
    — A l’abbaye de Montmartre ! commanda Fausta sans monter dans la litière.
    Le véhicule s’ébranla avec son escorte et disparut bientôt au fond de la rue Saint-Antoine. Fausta était demeurée seule. Elle fit quelques pas hésitants vers la Bastille, puis soudain s’arrêta, comme indécise. A ce moment, le duc s’approcha d’elle.
    Fausta, entendant un bruit de pas, mit vivement la main à sa dague qu’elle sortit à demi du fourreau. Mais aussitôt, elle la rengaina : elle venait de reconnaître Guise. Le chapeau à la main, le duc, d’une voix où tremblait une sourde irritation, lui dit :
    — Madame et bien-aimée souveraine, les rues de Paris sont peu sûres à cette heure. Vous êtes depuis trop peu de temps à Paris pour le savoir. Sans quoi, vous ne vous seriez pas aventurée seule. Mais moi qui le sais, ce m’est un devoir que de vous offrir l’appui de mon bras et la protection de mon épée…
    Fausta n’avait pas eu un geste de surprise.
    — Duc, répondit-elle gravement, vous savez que je suis celle que rien ne peut atteindre, et qu’il n’y a pas de danger pour moi dans ces rues, fussent-elles remplies de truands. L’épée temporelle que vous m’offrez est bien peu de chose auprès de l’épée spirituelle dont je puis disposer…
    — Madame ! balbutia le duc frappé d’une crainte superstitieuse.
    — Duc, vous sortez de cette église, continua-t-elle en désignant Saint-Paul.
    Ce n’était pas une question. Fausta, affirmait comme si elle eût été sûre. Pourtant, elle ne savait pas.
    — Oui, madame ! répondit Guise, et c’est justement parce que je sors de cette église, que…
    — Eh bien, rentrons-y ! interrompit Fausta. Pour ce que nous avons à dire, peut-être nous serons mieux placés, nous mettant sous le regard de Dieu…
    Et Fausta, résolument, marcha vers Saint-Paul où elle entra. Guise, partagé entre l’irritation et la crainte, subjugué par ce ton de suprême autorité, la suivit jusqu’au chœur où elle s’arrêta.
    Les deux cierges, qui avaient été allumés pour l’étrange cérémonie, étaient éteints. Le chœur n’était plus éclairé que par la veilleuse suspendue à la longue chaîne qui descendait des voûtes. Fausta prit alors la main de Guise et, d’une voix rude, rauque, menaçante, prononça :
    — Au nom de la Sainte-Trinité.
    « Je jure Dieu le Créateur, touchant cet Evangile, et sur peine d’anathématisation et damnation éternelle, que j’ai entré dans la sainte association catholique, suivant la formule qui m’a été lue loyalement et sincèrement, soit pour y commander, soit pour y obéir.
    « Et promets sur ma vie et mon honneur de m’y conserver jusques à la dernière goutte de mon sang, sans y contrevenir ou me retirer pour quelque mandement, prétexte, excuse ni occasion que ce soit… »
    C’était la formule du serment de la Ligue dont le duc de Guise était le chef suprême.
    Fausta, qui tenait la main de Guise, leva brusquement cette main vers l’autel et continua :
    — Au nom de la Sainte-Trinité.
    « L’association des princes, seigneurs et gentilshommes catholiques doit être faite et est faite pour rétablir la loi de Dieu en son entier, remettre et retenir le saint service d’Icelui selon la forme et la manière de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine, abjurant et renonçant toutes erreurs au contraire. »
    Fausta laissa retomber la main de Guise.
    — Voilà ce que vous avez juré, dit-elle.
    — Et ce que je suis prêt à jurer encore, fit sourdement le duc, si mon premier serment se trouve infirmé.
    — Bien ! dit Fausta. Maintenant, duc, une question : savez-vous la peine infligée dans nos traités à tout catholique épousant une hérétique ?…
    — La peine de mort, répondit Guise en frissonnant.
    Fausta garda un instant le silence, paraissant méditer.
    Sombre, agité de pensées contradictoires, secoué parfois d’un tremblement nerveux, le Balafré songeait de son côté. Il était résolu à poursuivre Violetta. Et il comprenait que la papesse… la souveraine voulait lui arracher Violetta.
    Alors, quoi ?… Briser violemment avec la Fausta. Mais la Fausta était la source même de sa puissance. Par des fils invisibles, elle tenait la Ligue dans ses petites mains frêles ! C’était elle qui avait soulevé les provinces, elle qui avait exaspéré Paris, elle qui avait fait la

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