Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
cria Pardaillan. Allons, messieurs, vos alléluias sont hors de saison. Suivez-moi… Vous êtes libres.
    Les trois fanatiques se turent instantanément et regardèrent avec terreur cet homme déchiré, ensanglanté, qui leur montrait la porte du cachot grande ouverte. Et déjà Pardaillan était sorti, suivi de Comtois qui mâchait de sourdes imprécations.
    Alors, les huguenots voyant que ces gens se remettaient en marche, pareils à eux, hâves, avec cette pâleur spéciale que donne le cachot, les uns déguenillés, les autres vêtus des défroques des prisonniers comme eux, enfin furent saisis d’un tremblement nerveux, et muets de cette joie énorme que peuvent avoir les ensevelis vivants qu’on déterre, ils se mirent à suivre.
    Dans le sombre escalier de la tour du Nord, Pardaillan descendit le premier, son falot à la main.
    Près de Pardaillan marchait Charles d’Angoulême, tremblant d’une émotion qui le faisait palpiter. Puis, Comtois le geôlier qui dardait sur Pardaillan des yeux effarés ; puis, enfin, les huit prisonniers pêle-mêle, avec un sourd murmure composé de rires nerveux, de sanglots, d’exclamations étouffées, croyant rêver un rêve impossible…
    Dans la petite cour, Pardaillan s’arrêta soudain. Au loin, par-delà la grille de fer que nous avons signalée, il voyait venir un falot pareil au sien. Dans la lueur confuse de ce falot en marche, une douzaine d’ombres s’agitaient :
    — La ronde de trois heures ! murmura une voix derrière Pardaillan.
    Il se retourna et vit que c’était Comtois qui avait parlé. En même temps, il comprit que le geôlier allait crier, appeler…
    — Alerte ! hurla Comtois. A moi ! A…
    Il n’eut pas le temps d’achever. Le poing de Pardaillan s’était levé, pareil à une masse, et était retombé sur la tempe du geôlier. Comtois tomba tout d’une pièce, perdant le sang par le nez et par la bouche, et demeura immobile. Cela s’était passé dans l’espace d’une seconde.
    La ronde avait entendu le cri d’alarme… elle accourait au pas de course… En bas, au fond de la tour, on entendait les coups sourds de Bussi-Leclerc enfermé. Les huit prisonniers, frémissants, la tête délirante, vivant une minute prodigieuse, jetèrent une terrible clameur. Chalabre, Sainte-Maline, Montsery, Charles d’Angoulême, mirent leurs arquebuses en joue. La ronde, composée de douze hommes et d’un officier, déboucha dans la cour en criant :
    — Nous voici ! Qu’y a-t-il ?…
    — Feu ! commanda Pardaillan.
    Et, en même temps que les quatre arquebuses tonnaient, il se rua, la dague au poing, jusqu’à la grille de fer, qu’il referma. Alors, dans les ténèbres de l’étroite cour, il y eut une fantastique mêlée d’ombres qui bondissaient, un déchaînement de cris, de plaintes, de hurlements, de jurons, de soupirs ; le cliquetis des hallebardes entrechoquées, les brusques lueurs de l’acier, les visages flamboyants, pareils à des visages de démons, ces gens déguenillés, qui se heurtaient aux gardes, ces étreintes furieuses, tout cela dura une minute à peine et s’évanouit, cessa tout à coup…
    En effet, Pardaillan avait tout de suite vu l’officier. Il avait bondi sur lui, lui avait arraché son épée, l’avait saisi à la gorge et, l’acculant à un coin de la cour, lui disait :
    — Monsieur, nous sommes trente, et vous êtes une douzaine. Criez à vos gens de se rendre, ou je vous tue.
    L’officier, d’un regard affolé de stupeur, vit l’étrange bataille. Comprit-il ou ne comprit-il pas ce qui se passait ?… Il sentit la pointe de sa propre épée s’enfoncer dans sa gorge. Et peut-être cela suffit-il.
    — Bas les armes ! vociféra-t-il d’une voix enragée de terreur.
    Les gardes jetèrent leurs hallebardes.
    — Ici ! commanda Pardaillan.
    Affolés, ivres de peur, les survivants, blessés ou non, obéirent à cette voix impérieuse, pendant que les prisonniers, sautant sur les hallebardes, les poussaient vivement. Et alors on vit ce spectacle exorbitant : un à un, depuis l’officier jusqu’au dernier garde, les gens de la ronde entraient dans la tour !… Quand ils furent tous dedans, Pardaillan referma tranquillement la porte et dit :
    — Maintenant, nous avons tous des armes !…
    Sur le pavé de la cour, il y avait trois ou quatre corps étendus. Pardaillan remarqua qu’ils portaient tous l’uniforme et, sur le pourpoint de buffle, la double croix de Lorraine [16] . Alors,

Weitere Kostenlose Bücher