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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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simple prêtre, mais par un prince de l’Eglise muni, à votre seule intention, des pleins pouvoirs de Sa Sainteté… C’est donc Sa Sainteté elle-même qui répandra sur votre front le trésor des indulgences qui feront de vous un homme semblable aux autres, vous rendront le sommeil, écarteront de votre esprit les terreurs infernales, et vous berceront dans la sérénité des apaisements paradisiaques…
    Et d’une voix de commandement suprême, tandis que son bras tendu désignait une porte, elle ajouta :
    — Maintenant, bourreau, va !… Eteins cette vie encore !… A ce prix, demain, tu seras absous de tous tes meurtres, et délivré de tous tes spectres…
    Claude se releva d’un bond, le visage resplendissant d’une épouvantable extase. Un changement terrible dans sa soudaineté se fit sur cette physionomie où domine une implacable et sauvage résolution.
    — Vous dites, gronda-t-il, que je serai absous de tout mon passé ?…
    — Tu seras absous !…
    — Et que cette exécution est la dernière… qu’après cette femme, je ne tuerai plus personne ?…
    — Cette femme sera ta dernière victime !
    — Qu’elle meure donc ! rugit maître Claude, en se dirigeant vers la chambre des exécutions.
    C’était un homme qui s’était prosterné aux pieds de Fausta : celui qui marchait maintenant vers la porte qu’on lui avait désignée, d’un pas rude de fauve, c’était le bourreau !… Il entra brusquement, refermant la porte derrière lui… Alors Fausta s’approcha, colla son visage à un invisible treillis, et regarda ce qui allait se passer dans la chambre des exécutions…
    C’était une large pièce qui, greffée sur les murs de la maison, était suspendue au-dessus de la Seine. Il n’y avait pas de fenêtres. La lampe suspendue au plafond très élevé, au lieu d’éclairer ne faisait qu’accentuer les ténèbres, et, pour ainsi dire, donner un relief aux ombres entassées dans cet antre. Les parois étaient en bois mal équarri. De même le plancher…
    Seulement, au milieu de ce plancher, apparaissaient les rainures d’une trappe fermée. Il y avait un anneau à cette trappe. Une corde y était adaptée ; elle montait droit au plafond, puis, par un système de poulies, descendait le long d’une paroi où elle était fixée à un gros clou par un nœud. Il n’y avait qu’à défaire ce nœud : la corde glissait dans ses poulies, et le couvercle de la trappe, n’étant pas soutenu par elle, s’abaissait, retombait…
    Quiconque se trouvait alors sur ce couvercle était précipité… En bas, la Seine coulait, avec de sourdes lamentations, des froissements d’eau qui ressemblaient à des plaintes, des clapotis qui étaient pareils à des malédictions.
    Le bourreau, en entrant, saisit un paquet de cordes… Il s’agissait de lier la victime, de l’étrangler d’un coup sec, puis de pousser le cadavre sur la trappe, et de laisser retomber le couvercle !… C’était là sa besogne !…
    * * * * *
    En entrant, le bourreau aperçut au milieu de la salle, dans la livide clarté diffuse, celle qu’il allait tuer. Elle était étendue sur le plancher, évanouie de terreur sans doute ; sa tête enveloppée d’un sac noir touchait au couvercle même de la trappe. Elle ne bougeait pas… Peut-être ne respirait-elle plus… Le bourreau eut comme un geste de déception… ou de honte !… Sa résolution tomba.
    — Qui est cette malheureuse ? murmura-t-il. Qu’a-t-elle fait ? Pourquoi faut-il qu’elle meure ?… C’est moi qui vais la tuer !…
    Il frissonna longuement. Aux trois exécutions précédentes, c’étaient des hommes, et la lutte… l’effroyable lutte réveillait en lui les instincts du carnassier, du fauve qui ne pardonne pas… mais là ! une femme… jeune, belle peut-être… innocente… qui savait ?… une malheureuse créature qu’il n’était même pas besoin de tuer !… qui se livrait, la tête déjà sur la trappe fatale… comme s’il n’y eût qu’à la pousser dans la mort !… Claude détourna la tête… ses yeux vacillèrent de pitié… Non ! jamais il n’aurait le courage de porter la main sur sa dernière victime !…
    Il se dirigea vers le clou auquel était accrochée la corde qui soutenait la trappe !… Mais pour y aller, il fit un long détour, rasa les parois de bois, sans regarder la victime. Il marchait courbé, sur la pointe des pieds, haletant, formidable et pitoyable… la sueur coulait à grosses

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