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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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arrière ; le bohémien la harponna solidement ; dans la seconde qui suivit, elle se vit dans un vaste vestibule dallé, aux hautes murailles nues, faiblement éclairé, où se tenaient deux hommes masqués, la dague nue à la ceinture.
    — Où suis-je ! Où suis-je !… palpita la jeune fille.
    — Voici la petite que moi, Belgodère, devais amener ici. C’est bien ici ? fit le bohémien.
    — C’est ici ! dit l’un des deux gardes.
    Au même instant, cet homme jeta sur la tête de Violetta un sac de toile noire qu’il serra au cou par un cordon. Sans un cri, sans un souffle, paralysée par une de ces terreurs extraordinaires comme on n’en a que dans certains hideux cauchemars, Violetta se sentit soulevée, entraînée, emportée elle ne savait où !… L’autre géant masqué tendit à Belgodère une bourse bien gonflée :
    — Voici les cent ducats d’or que tu as demandés…
    — Ce n’est pas moi qui les ai demandés, grommela le sacripant. C’est monseigneur le duc qui m’a dit la chose : dix bourses contenant chacune dix ducats…
    — Monseigneur le duc ? demanda l’homme avec étonnement. Tu veux dire : le prince ?…
    — Duc, prince si vous voulez. Peu importe. L’essentiel est que ma besogne est faite.
    — C’est vraiment l’essentiel. Prends ton or, et file ! Un instant, l’ami : si tu veux avoir la langue arrachée, si tu veux être écorché vif, tu n’as qu’à souffler à âme qui vive un mot de ce que tu viens de faire… Encore un conseil : tâche d’oublier si bien cette maison que jamais on ne te voie rôder par ici… Et maintenant, au large !
    Le bohémien s’inclina jusqu’à terre, avec un sourire narquois, et sortant à reculons, s’évanouit dans la nuit.
    * * * * *
    Dix heures sonnèrent à Notre-Dame. Belgodère avait disparu depuis longtemps. Ce fut à ce moment que maître Claude, s’approchant à son tour de la terrible maison, heurta le marteau de bronze, comme avait heurté le bohémien.
    Comme pour le bohémien… comme pour Violetta ! La porte de fer s’ouvrit sans bruit. Après la victime, le bourreau !… Sans doute les deux hommes masqués le reconnurent, car l’un d’eux, lui faisant signe de le suivre, se mit à le précéder dans l’intérieur de la maison. Et sans doute, aussi, maître Claude connaissait cet intérieur… car il ne manifesta aucun étonnement de ce qu’il voyait.
    Et pourtant, il y avait là de quoi stupéfier l’esprit, et affoler l’imagination !
    Dès le vestibule franchi, cette maison hideuse dont la façade branlait, dont les murs extérieurs poussiéreux, noircis et rongés par la lèpre des siècles tombaient en ruine, oui, cette maison devenait un fabuleux palais de monarque asiatique, une succession de pièces vastes et ornées avec une magnificence inouïe, aboutissant à une salle immense au fond de laquelle, sous un dais, s’élevait un trône d’or, merveille de sculpture et de ciselure…
    Les plafonds de ces pièces peints à fresque, les hautes murailles couvertes des toiles du Primatice, du Tintoret, d’Annibal, Carrache, de Raphaël, du Corrège, de Véronèse, les dressoirs de chêne précieusement fouillé, les admirables tapisseries des fauteuils, les mosaïques prestigieuses des parquets, les somptueuses tentures, les panoplies d’armes étincelantes, formaient un prodigieux ensemble d’un luxe écrasant, d’une beauté sévère, d’un goût très pur…
    Dans la salle du trône, douze torchères en or massif supportant chacune douze flambeaux de cire rose, des colonnes alternativement de jaspe et de marbre, d’énormes vases de porphyre contenant de gigantesques bouquets aux fleurs radieuses, des tapisseries d’Arabie, soixante fauteuils aux dossiers très hauts, tous surmontés d’une tiare sculptée, tous portant une F brodée sous laquelle se croisaient deux clefs symboliques, les statues de marbre entre les colonnes, constituaient un décor fantastique, exorbitant, qui tenait du rêve et que semblaient garder, comme un trésor des Mille et une Nuits, vingt-quatre hommes d’armes vêtus d’acier, silencieux, immobiles, hallebarde au poing, douze à gauche du trône, douze à sa droite…
    Et ce décor, dans sa splendeur, gardait on ne savait quoi de menaçant et de formidable, comme s’il eût été fait pour quelque souveraine orientale, pour quelque antique impératrice, distribuant autour d’elle selon son caprice l’amour ou la mort.
    Le bourreau passa parmi ces

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