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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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menaces.
    En réalité, ses sens s’abandonnaient maintenant à l’exaltation parce qu’elle avait trouvé, croyait-elle, un moyen de réduire son cœur au silence et de redevenir la Vierge de la pensée.
    « Mais pour exécuter mon projet, gronda-t-elle à un moment, il n’en faut pas moins que cet homme soit retrouvé, qu’il soit de nouveau en mon pouvoir ! Et si cela n’arrive jamais ?… »
    Comme elle pensait ces choses, un coup fut frappé à la porte de communication par où l’on pénétrait dans l’auberge.
    « Qui peut venir ? » songea Fausta.
    Le deuxième coup fut frappé.
    — Est-ce Guise ?… Est-ce le moine ?… Qui est-ce ?…
    La porte, une fois les cinq coups frappés dans l’ordre, s’ouvrait automatiquement. Mais Fausta pouvait l’empêcher de s’ouvrir, simplement en poussant un léger verrou qui faisait obstacle à la marche du mécanisme. Au quatrième coup, elle eut soudain l’idée de pousser ce verrou. Un étrange sentiment la poussait à ne pas recevoir celui qui frappait… quel qu’il fût. Elle se leva vivement et marcha à la porte.
    A ce moment, le cinquième coup fut frappé et la porte s’ouvrit. Fausta s’arrêta pétrifiée : Pardaillan était devant elle. Le chevalier se tourna vers Charles d’Angoulême, et d’un ton étrange :
    — Monseigneur, dit-il, je compte sur vous pour veiller sur le prisonnier…
    « Quel prisonnier ? » se demanda Charles stupéfait.
    — Si dans une heure vous ne m’avez pas revu, tuez sans pitié, puis sautez à cheval, courez à Chartres à franc étrier, et prévenez le roi…
    « De quoi faut-il prévenir le roi ? » gronda en lui-même le jeune duc étourdi.
    Sa confiance dans la force et l’esprit d’invention de Pardaillan était illimitée. Mais il sentait que le chevalier jouait en ce moment un jeu effroyable, et Charles, au lieu de répondre, se dit qu’il serait le dernier des lâches s’il n’entrait pas en même temps que son compagnon dans l’antre de la Fausta. Il fit donc résolument un pas.
    — Monseigneur, dit Pardaillan en lui saisissant le bras, vous m’avez bien compris, n’est-ce pas ? ‘
    Et cette fois, le ton était tel que Charles comprit que de son obéissance passive dépendait le succès de l’entreprise et la vie du chevalier.
    — Soyez tranquille, dit-il, si dans une heure vous n’êtes pas de retour où vous savez, je tue, et dès demain matin, dès cette nuit, Henri III est prévenu.
    — Admirable ! fit Pardaillan.
    Et il entra, cessant de maintenir ouverte la porte. La porte, alors, se referma d’elle-même, lourdement.
    Charles demeura tremblant, éperdu, stupéfait encore d’avoir consenti à se séparer de Pardaillan en une telle minute. Il colla son oreille à la porte, mais n’entendit rien.
    Pardaillan s’était avancé vers Fausta, la tête découverte, la plume de son chapeau balayant le tapis. Il s’inclina avec une sorte de respect qui n’avait rien de commun, avec les marques de vénération que tous les jours recevait Fausta.
    — Madame, dit-il en se redressant, daignerez-vous me pardonner de me présenter chez vous à une heure tardive et par une porte dérobée ?
    Fausta s’était assise. Une joie funeste brillait dans son regard. Elle s’était accoudée au bras de son fauteuil, et telles étaient sa pâleur et son immobilité qu’il eût été facile de la prendre pour quelque beau marbre. Pardaillan reprit :
    — Un entretien de vous à moi, madame, était indispensable et urgent. Je n’avais pas le choix des moyens. Je me suis introduit chez vous comme j’ai pu. Voulez-vous me pardonner cette grave infraction aux règles de toute étiquette, soit princière ou royale, soit pontificale ?
    Cette fois Fausta fit un geste : elle frappa d’un marteau sur un timbre. Un homme entra, qui ne témoigna d’aucun étonnement à la vue de l’étranger.
    — Combien de gardes au palais ? demanda Fausta d’une voix calme.
    — Vingt-quatre arquebusiers, dit l’homme. Mais si Votre Sainteté le désire, on peut faire aussi venir les archers dont c’est jour de repos jusqu’à minuit.
    — Combien de gentilshommes de service ? reprit la Fausta.
    — Les douze ordinaires. Mais…
    — Silence. Faites prendre les armes aux gardes et surveillez toutes les issues. Que les gentilshommes de service se tiennent prêts à entrer ici au premier coup de sifflet. Allez.
    L’homme fit une génuflexion et sortit. Pardaillan sourit. Les mesures prises

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