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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’heure, et que c’est lui qui vous a indiqué le signal.
    — Et si on ne vous croit pas ?
    — Alors, il sera temps de songer à fuir.
    Pardaillan admira avec quelle facilité les femmes savent résoudre les cas de conscience ; puis, suivi de Charles d’Angoulême, il se dirigea vers la salle somptueuse qui servait pour ainsi dire de transition entre l’auberge et le palais. Il marcha droit sur la porte et vit les cinq gros clous signalés par la Roussotte. Alors, du poing, il se mit à frapper sur ces clous, dans l’ordre qui lui avait été indiqué. Au cinquième coup, la porte s’ouvrit !…
    * * * * *
    Après le départ de Maurevert, Fausta était demeurée seule dans cette pièce tendue de tapisseries où elle se tenait d’ordinaire. Elle avait renvoyé ses femmes, qui, selon leur service, s’étaient présentées pour la distraire, soit en chantant, soit en jouant du luth.
    Fausta avait reçu avec un calme étrange la nouvelle de la fuite de Pardaillan. Demeurée seule, elle ferma soigneusement les portes, abaissa les tapisseries qui les voilaient, et lentement alla s’asseoir dans son grand fauteuil, s’accouda à un des bras, et se mit à songer.
    « Cet homme m’a dit qu’il ferait obstacle à mes projets. Il tient parole. Tout m’a réussi jusqu’au jour où il est entré dans ma vie. Tout s’effondre depuis l’instant où il s’est révélé à moi… Pourquoi ?… Le mal qui est fait par sa faute vient-il de lui, vraiment ?… Est-ce par son génie, par sa force, par sa volonté que mes plans sont détruits l’un après l’autre ?… Ou bien est-ce que ce n’est pas ma propre faiblesse qui prépare la ruine de Guise, la ruine de la Ligue, de la Nouvelle Eglise, et la mienne ?… »
    Fausta, lorsque, devant témoins, elle gardait sur le visage un calme presque effrayant dans les circonstances les plus émouvantes, ne jouait pas la comédie. Dans ce moment même, sûre que nul de ses gens d’armes, de ses gentilshommes ou de ses serviteurs n’oserait l’épier, elle était aussi calme, orgueilleuse et sereine que si elle eût assisté à quelque fête. Mais ce qui se passait en elle était effroyable.
    Fausta sentait, comprenait qu’elle pleurait. Mais ses larmes, à elle, au lieu de déborder des paupières, au lieu d’être des gouttes visibles brûlant ses joues, étaient des larmes invisibles et semblaient retomber sur son cœur comme du plomb fondu. Ce n’étaient pas ses yeux qui pleuraient, c’était sa pensée.
    Il y avait dans son âme, dans ces profondeurs lointaines de l’être humain ou bien peu parviennent à descendre, il y avait là des cris de haine et d’amour, des clameurs déchirantes, des sanglots, des imprécations. C’était Fausta qui souffrait… Et ce n’était pas elle.
    Ce qui souffrait, ce qui se débattait dans une angoisse mortelle, c’était la créature humaine, la femme, l’être primitif qui ne ment pas, qui n’admet pas de masque. Et ce qui demeurait ainsi paisible sur ce fauteuil, c’était une Fausta pour ainsi dire artificielle, la souveraine de l’orgueil, celle qui ne s’était jamais vue pleurer et qui jamais n’avait eu peur.
    « Ce Maurevert, songea-t-elle, m’a parlé de leur épouvante, à tous. Et moi ?… Epouvante, qui es-tu ?… Epouvante, je t’ignore !… »
    Et elle vit que désormais, elle n’ignorait plus l’épouvante. Elle comprit que si Pardaillan était libre, elle tremblait. Elle avait peur. Peur de quoi ? Elle ne savait.
    — C’est ma propre faiblesse qui fait sa force, continuait-elle. Il y a en moi un sentiment que je ne devais pas connaître. Entre Dieu et moi, ce pacte avait été fait. Je devais être la Vierge immaculée non seulement dans son corps, mais dans le plus secret de sa pensée… Je ne suis plus la Vierge…
    Fausta prononça ces mots presque à haute voix. Et qui les eût entendus n’eût eu aucune idée de la rage, de la terreur, de la honte qui bouleversaient cette âme. Fausta parlait et même pensait avec une sorte de mélancolie très douce… et au fond d’elle-même, sous cette douceur, sous cette mélancolie, se déchaînait la tempête.
    Peu à peu, pourtant, elle s’apaisa. Et par un phénomène qui pourra sembler étrange mais qui est très naturel, à mesure qu’elle s’apaisait réellement, ses attitudes extérieures perdaient leur sérénité. Elle pâlit et rougit. Son visage eut des flammes de pourpre, ses yeux des éclairs, ses lèvres de sourdes

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