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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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révéler le signal ?
    — Le signal ? bégaya la Roussotte.
    — Eh oui, le fameux signal qui fait ouvrir la porte de communication…
    Pardaillan souriait béatement en parlant ainsi. La Roussotte et Pâquette étaient à peu près ivres ; mais, comme nous avons dit, c’étaient de solides commères, des biberonnes capables de boire un jour et une nuit sans perdre de leur raison que ce qu’il leur convenait d’en perdre. A la question de Pardaillan, la Roussotte, femme prudente et avisée, prépara sa retraite :
    — Allons, Pâquette, fit-elle, il s’en va temps de préparer le dîner de messieurs les écoliers ; pendant que nous en contons ici, nos mâtines de servantes doivent laisser brûler la venaison. Viens, Pâquette…
    Et elle fit la révérence à Pardaillan, tout en reculant. Tout à coup, le chevalier la saisit par le bras en disant :
    — Prenez garde, mon enfant, vous alliez tomber. Et voici la jolie Pâquette qui fléchit aussi sur les genoux. Tenez-la ! Soutenez-la ! Retenez-la donc, mon brave compagnon ! C’est étonnant comme ce petit vin du Saumurois casse les jambes aux femmes et donne de la force aux bras des hommes !
    Le duc d’Angoulême, au premier mot, au premier coup d’œil de Pardaillan, avait compris et suivi Pâquette qu’il maintenait solidement. En même temps, Pardaillan s’était levé, avait repoussé du genou la porte déjà entrouverte, et se retournant :
    — Vous n’avez pas répondu à ma demande, fit-il avec une grande douceur.
    — Monsieur le chevalier, dit la Roussotte avec une sorte de dignité qu’elle puisait peut-être dans le vin plus encore que dans son droit, écoutez-moi : je me suis battue pour vous autrefois. J’étais dans le Temple avant même Catho, et voici la Pâquette qui, comme moi, a risqué sa vie pour sauver la vôtre. Depuis cette époque, et cela date de loin, il n’est pas de journée où le soir, au coin du feu, nous n’ayons causé de vous avec grande admiration. En sorte, monsieur le chevalier, que nous avions de vous l’idée même qu’on se fait d’un roi. Allons-nous être forcées de nous repentir ?…
    Et la digne hôtesse versa quelques larmes, tandis que Pâquette continuait à son tour :
    — Ah ! monsieur le chevalier, je n’aurais jamais cru qu’un jour ce serait vous qui condamneriez la Roussotte et la pauvre Pâquette. Car si nous vous répondons, nous serons tuées sans miséricorde !
    Pardaillan répondit gravement :
    — Vous me fendez l’âme toutes les deux. Vous n’avez que trop raison. Je suis un ingrat, si ingrat que j’en suis blanc de honte et rouge d’indignation, comme vous pouvez voir.
    — Vous vous moquez de deux pauvres filles, dit tristement la Roussotte.
    — Eh ! par la tête et le ventre ! Je voudrais vous y voir, ma bonne Roussotte, et vous, ma jolie Pâquette. Je me moque !… Croyez-vous ? En êtes-vous sûre ?… Moi, je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que vous me donnerez le signal ou je suis décidé à vous poignarder de ma main.
    Pardaillan tira sa dague. Les deux femmes s’interrogèrent d’un regard navré, poussèrent un terrible soupir, et la Roussotte, enfin, balbutia :
    — Sur la porte, il y a une croix formée de cinq gros clous. Frappez successivement sur ces cinq clous, en haut, en bas, à gauche, à droite et enfin au centre : la porte s’ouvrira !…
    Aussitôt, elle couvrit son visage de ses mains et murmura en pleurant :
    — Nous sommes perdues !…
    — Vous êtes de bonnes filles, dit Pardaillan avec une grande douceur : vous me pardonnerez de vous avoir mal menées… Votre auberge vaut douze à quinze mille livres… je vous l’achète !
    A ces mots, il vida sur la table le contenu de sa ceinture de cuir, et il fit signe à Charles, qui l’imita sans hésitation. La Roussotte et Pâquette, apercevant le tas de ducats d’or, furent instantanément consolées, tout en gardant un restant de terreur à la pensée de la vengeance qu’elles encouraient. En sorte que si leurs lèvres continuaient à garder ce pli chagrin du masque qui pleure, leurs yeux riaient.
    — Avec cet or, dit Charles, vous pouvez fuir…
    — Bah ! bah ! s’écria la Roussotte, plue enivrée par la vue des ducats qu’elle ne l’avait été par le vin, pourquoi fuir, mon gentilhomme ?…
    — Mais les cordes… les fameuses cordes qui se tendent si lentement ?…
    — Bon. Nous jurerons que vous êtes entrés à l’auberge avec le cavalier de tout à

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