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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ses bras, il était méconnaissable… il était hideux… il était sublime… il était la personnification de la stupeur dans la douleur… D'abord, il ne regarda pas le cardinal… son regard tragique et sanglant alla jusqu'à l'autel, jusqu'à la Croix, jusqu'à Christ, jusqu'à Dieu… Et ce regard contenait une malédiction, une révolte de tout son être stupéfié par tant d'injustice… Et alors, seulement, il le ramena sur Farnèse… Et il dit… ou du moins, il grogna quelques mots… Farnèse seul pouvait comprendre, en un tel moment, une telle voix… Il dit ceci:
    - Tu as fait cela, prêtre?… Tu l'as fait?…
    - Oui, bourreau! J'ai fait cela!…
    - Tu as livré cette enfant?… Dis? C'est bien toi qui l'as livrée?
    - Oui! Je l'ai livrée!…
    - Et tu dis qu'on la tue?… On la tue, n'est-ce pas?… Elle est morte!…
    - Morte!
    Un gémissement, une plainte d'une étrange douceur monta jusqu'aux voûtes de la cathédrale. Puis ce gémissement s'enfla, se transforma, grandit, devint un grondement furieux, et Claude tonna:
    - Cette enfant, prêtre!… Cette enfant que tu as fait assassiner!… sais-tu qui elle est?
    - Cette enfant! balbutia Farnèse qui, à son tour, sentit son cœur défaillir, et ses cheveux se hérisser… Eh bien?… cette enfant…
    - Eh bien… hurla Claude, d'une voix déchirante, d'une voix mugissante, terrible et lamentable… Eh bien… cette enfant!… c'était ta fille!…
    Et il s'en alla, titubant, emplissant la vaste nef de ses sanglots, sans regards derrière lui, sans voir ce que devenait le cardinal. Le cardinal s'était affaissé avec un râle bref, comme un bœuf à l'abattoir, assommé net, plus sûrement assommé que par le coup de massue du poing du bourreau! Un jeune moine qui priait non loin de là s'approcha alors de lui, et ayant constaté qu'il vivait se mit à le soigner activement.
    Ce moine s'appelait Jacques Clément.
    q

Chapitre 11 LE PACTE
    C laude sortit de Notre-Dame. D'instinct, il contourna la cathédrale, marcha sur la maison Fausta, et frappa violemment du poing à la porte de fer, sans songer au heurtoir.
    La porte ne s'ouvrit pas. La façade demeura muette, rigide et triste.
    - On m'ouvrira bien, grognait Claude; il faudra bien qu'on m'ouvre, il faudra bien qu'on me dise ce qu'est devenu mon enfant… Malédiction!… Ouvrirez-vous?…
    Des deux poings, il frappait… Cela résonnait sourdement, cela réveillait à l'intérieur de longs échos de bourdon en branle.
    - Mais, mon bon monsieur, dit une voix, vous ne savez donc pas que la maison est déserte?
    C'était une femme du peuple qui passait et donnait ce charitable avis. Claude se retourna et dit:
    - Je veux ma fille!… Je vous dis qu'ils ouvriront, moi!…
    La femme recula, épouvantée de cette monstrueuse physionomie. Claude se remit à frapper avec rage; parfois, il s'arrêtait et s'appuyait de tout son poids à la porte; alors ses muscles saillissaient; les veines de ses tempes gonflaient; un râle s'échappait de ses lèvres tuméfiées; arc-bouté des épaules géantes, les talons plantés aux pavés, il apparaissait comme un de ces colosses de pierre que la rude imagination des architectes de cette époque tourmentée plaçait aux contreforts des murailles, et les gens qui l'entouraient frémissaient.
    Car un rassemblement s'était formé autour de lui. Bien peu reconnurent l'ancien bourreau, et ceux-là se gardèrent bien de dire son nom, car il ne faisait pas bon s'attirer la colère d'un tel personnage.
    - C'est un fou…
    Des gamins se mirent à huer… Maintenant, Claude essayait, de ses ongles, de trouver un joint… Ses ongles saignaient… et comme il ne réussissait pas il frappa de sa tête… Son front ruissela de sang…
    - C'est un fou…
    - Il faut aller chercher le guet.
    Claude était tombé à genoux. Il appelait, criait, suppliait… Les gens s'écartaient à chacun de ses mouvements; Claude sanglotait… Il disait des choses qu'on ne comprenait pas, mais sa voix faisait passer des frissons sur la nuque des femmes…
    Un homme, à ce moment, un cavalier vêtu de noir, traversa les groupes sans rien voir, marchant d'un pas égal et rapide, et il pénétra dans la petite maison voisine, dans l'
Auberge du Pressoir de Fer
. Cet homme ne vit pas Claude, et Claude ne le vit pas…
    Après l'abattement et les supplications, Claude eut une nouvelle crise de fureur… Longtemps encore, il se débattit, frappa, poussa; et c'était effrayant cette lutte du géant contre

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