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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bois avec lui et lui parla longtemps. Puis,
ils se quittèrent. Yvain revint à son logis avec l’épée de son père. Morgane se
mit à errer le long des remparts, la tête bourdonnante de pensées
contradictoires.
    C’est alors qu’elle vit arriver un cortège de six chevaliers
qui escortaient un cercueil. Ils pénétrèrent dans la forteresse. Intriguée, elle
suivit le cortège et s’informa. L’un des chevaliers lui transmit alors le
message d’Arthur : « Reine Morgane, le roi Arthur t’envoie en guise
de présent le corps du chevalier Accolon de Gaule. Il te fait dire également qu’il
a retrouvé sa bonne épée Excalibur. » Morgane ne répondit rien. Elle s’éloigna
le long des murailles, le cœur plein d’angoisse. Arrivée dans un recoin, elle
se mit à pleurer. « Est-ce de rage ou de chagrin que tu pleures ainsi ? »
dit une voix derrière elle. Elle se retourna et reconnut la Dame du Lac [50] .

11

Le Siège Périlleux
    Depuis plusieurs semaines, Lancelot errait de royaume en
royaume, ne s’attardant pas plus d’une nuit dans chaque forteresse où on le
conviait. Il pensait toujours à la reine Guenièvre et son amour le tourmentait.
Mais, il n’osait revenir à la cour du roi, tant son impatience de se retrouver
seul avec Guenièvre l’aurait incité à quelque folie. Alors, il tournait et
retournait par les vallées et par les plaines, délivrant des prisonniers et poursuivant
des félons pour la plus grande satisfaction des honnêtes gens qu’il rencontrait.
    Un soir, il fut hébergé dans le manoir d’une jeune fille
dont il avait pris la défense lorsque celle-ci avait été agressée, en pleine
forêt, par des mécréants qui voulaient la violenter. Mais, le matin, il demanda
ses armes et se disposa à partir. C’est alors que le frère de la jeune fille, un
jeune chevalier à la mine avenante, lui dit : « S’il te plaisait d’avoir
un compagnon pour ton voyage, je serais très fier d’être celui-là, du moins
pendant quelques heures. – Si tu le désires, ce sera une joie pour moi. »
    Quand ils se furent un peu éloignés du manoir, le chevalier
dit à Lancelot : « Seigneur, tu es de la maison du roi Arthur et
compagnon de la Table Ronde. C’est pourquoi tu dois connaître tous ceux qui
partagent cet honneur. – Je ne suis pas capable de les connaître tous, répondit
Lancelot, car je ne séjourne pas souvent à la cour. Quant aux chevaliers
errants comme moi, qui sillonnent les chemins, je crois les bien connaître, car
il n’y en a pas un seul qui ne soit brave et valeureux. » Le chevalier
garda un instant le silence, comme s’il n’osait pas poser une question. « Qu’as-tu
donc à me demander ? fit Lancelot. – Eh bien, voici : connais-tu un
jeune chevalier du nom d’Hector des Mares ? – Certes, oui, répondit
Lancelot. – Et que penses-tu de lui ? Aurait-il quelque renom ? – Par
la sainte Croix, s’écria Lancelot, il n’est pas de chevalier de son âge, à ma
connaissance, que je redouterais autant que lui s’il nous fallait aller au bout
d’un combat. Il est preux, alerte et agile, et capable d’endurer la fatigue
au-delà de toute imagination. – Et sais-tu qui il est ? – Je ne le lui ai
pas demandé. Tout ce que je sais, c’est qu’il est d’une vaillante famille. – Mon
Dieu, dit le chevalier, il est en effet naturel qu’il soit vaillant puisque son
père était le roi Ban de Bénoïc. » Lancelot fut fort surpris de ce qu’il
entendait. « Seigneur, dit-il, es-tu sûr d’être bien renseigné à son sujet ?
– Certes, oui, répondit l’autre, d’autant plus que je suis son cousin. Je sais
vraiment que le roi Ban de Bénoïc, qui fut ton père, l’engendra. – Comment cela ?
demanda Lancelot.
    — Je vais te le dire. Après la mort du roi Uther
Pendragon, à la veille du couronnement d’Arthur, les barons vassaux d’Uther
furent mandés devant le nouveau roi pour lui prêter hommage et recevoir de lui
leurs fiefs. Le roi Ban et son frère, le roi Bohort de Gaunes, vinrent eux
aussi à la cérémonie et, durant leur voyage, ils passèrent une nuit au château
des Mares. À cette époque, le seigneur avait une fille qui était parmi les plus
belles du pays. À sa vue, le roi Ban la désira tant que, grâce à la magie du
sage Merlin, il put coucher avec elle, et c’est là qu’il engendra Hector. – Par
Dieu tout-puissant, dit Lancelot, je ne savais point cela, mais je me réjouis d’avoir
un

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