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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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fête, comme si
ce fût Dieu en personne. Lancelot regarda l’enfant et le trouva si beau et si
gracieux qu’il en fut tout ému. « À qui est cet enfant ? demanda-t-il.
    — Il est à moi, seigneur, répondit la jeune femme. N’est-il
pas beau ? – Certes, je n’ai jamais vu si bel enfant de cet âge. » Et
Lancelot demeura rêveur devant cet être d’où émanait une telle lumière. « Seigneur
Lancelot, dit la jeune fille qu’il accompagnait, dis-nous ce que tu en penses.
– Je ne peux rien dire d’autre : il est magnifique. – Et sais-tu bien qui
il est ? – Non, sinon que sa mère est celle qui est devant nous. – Eh bien,
c’est ton proche cousin, Lancelot. Car il a été engendré par Bohort de Gaunes
lorsqu’il remporta le tournoi de Brangore d’Estrangore, et quand des vœux
extravagants furent énoncés par les douze chevaliers qui entouraient ton cousin.
Je pense qu’il est impossible de le nier, surtout quand on connaît Bohort de
Gaunes. Il ne peut avoir eu d’autre père ! »
    Cette nouvelle combla de joie Lancelot. En examinant plus
attentivement l’enfant, il constata qu’il était le portrait vivant de Bohort et
fut bien persuadé que c’était lui qui l’avait engendré. Il le prit dans ses
bras et se mit à le cajoler. Et quand la dame comprit que c’était Lancelot du
Lac, celui dont on disait tant de bien, et qui était le cousin germain de l’homme
qu’elle aimait le plus au monde, elle n’en fut que plus heureuse et elle s’offrit
à son service. Il la remercia et lui fit la même offre. La jeune fille qu’il
accompagnait lui raconta alors par quel plan divin Bohort avait couché avec la
fille de Brangore d’Estrangore. Cela laissa Lancelot tout rêveur, car il se mit
à penser que c’était à peu près chose semblable qui lui était arrivée avec la
fille du roi Pellès, laquelle, lui avait-on dit, avait eu un enfant de lui.
    Cependant, après que l’entretien se fut prolongé, Lancelot
se leva, affirmant qu’il était temps pour lui de partir. La jeune fille qu’il
accompagnait lui dit alors : « Je te remercie, Lancelot, de ta
sollicitude. Grâce à toi, j’ai retrouvé sans dommage ceux que je devais
rencontrer. Je ne partirai donc pas avec toi. Mais, réponds-moi en toute
franchise : où vas-tu te diriger maintenant ? – Je ne sais, répondit
Lancelot. Mon destin est de parcourir le monde et d’y subir des épreuves. – N’as-tu
donc rien de mieux à faire ? – Je ne le pense pas. – J’ai l’impression que
tu oublies beaucoup de choses dans tes errances, dit la jeune fille. Ne sais-tu
pas qu’à la prochaine Pentecôte, le roi Arthur a convoqué à Kamaalot, où il
tient sa cour, tous ceux qui ont le droit de s’asseoir à la Table Ronde ?
– Je ne le savais pas, répondit Lancelot. – Alors, tu ferais bien de t’y
préparer, car c’est pour bientôt, dans quelques jours à peine, et il te reste
assez de temps pour rejoindre Kamaalot. – Certes, dit Lancelot, et tu as bien
fait de me le rappeler. Je vais me mettre en route sans tarder. » Alors
Lancelot salua la mère de l’enfant, la jeune fille qu’il avait accompagnée et
tous ceux de leur suite et, sautant sur son cheval, il se mit à galoper sur le
grand chemin.
    Quand il arriva devant la grande porte de Kamaalot, la première
personne qu’il rencontra fut une femme très belle, vêtue d’une robe de soie
blanche recouverte d’un grand manteau noir, qui sortait de la forteresse, montée
sur un cheval d’une blancheur éclatante. Quand elle aperçut Lancelot, elle
dirigea son cheval vers lui et lui barra le passage. « Seigneur, dit-elle,
que Dieu te garde. Dis-moi qui tu es. » Lancelot la regarda avec attention
et la reconnut bien. C’était Morgane, et il eut soudain très peur d’être
reconnu par elle. C’était en fait la femme qu’il redoutait le plus, sachant ce
qu’elle faisait contre lui et contre bien d’autres chevaliers et rois de ce
monde. Il avait beau se dire qu’elle avait été l’élève de Merlin, il ne la
tenait pas moins pour dangereuse. Il refusa de se nommer afin de se prévenir de
tout maléfice, mais il lui répondit : « Dame, je suis chevalier
errant de la maison du roi Arthur, compagnon de la Table Ronde. – Mais qui
es-tu donc ? insista Morgane. – Tu n’en sauras pas davantage. » Et
Lancelot piqua des deux pour bondir à l’intérieur de la cité. Mais Morgane, avec
grande habileté, fit déplacer son cheval de

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