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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dit-il en lui-même. Il
courut alors prendre ses armes, dans l’intention de désarmer le fou et de le
rendre inoffensif.
    « Seigneur ! Laisse-moi faire ma bataille comme je
l’entends ! » cria Lancelot. Mais comme le chevalier avançait
toujours, il lui assena un tel coup sur le heaume qu’il en fut assommé et s’écroula
sur le sol. Là-dessus, Lancelot lança l’épée comme on jette un objet encombrant
et pénétra dans le pavillon. Il y avait là une jeune fille, vêtue d’une simple
chemise, qui se trouvait dans un lit. Quand elle vit entrer le fou, elle poussa
un cri d’effroi, sauta hors du lit et se précipita au-dehors. Mais Lancelot ne
s’en préoccupa même pas : il sauta dans le lit qu’il trouva chaud et s’y
endormit aussitôt, épuisé par tous ses efforts.
    Cependant, la jeune fille qui était revenue s’était penchée
sur le chevalier et lui délaçait le heaume. « Par ma foi ! s’écria
celui-ci en reprenant conscience, je ne croyais pas qu’un homme né de femme pût
frapper si fort ! S’il plaît à Dieu, je le nourrirai, le soignerai et le
garderai jusqu’à ce qu’il revienne en son bon sens, car c’est assurément un
valeureux et brave chevalier ! » Et, aidé de son écuyer, il lia
Lancelot tout endormi dans le lit avec des chaînes et des cordes, et le fit
ainsi transporter dans son manoir.
    Il le garda chez lui pendant plusieurs semaines. Lancelot
fut bien nourri et on lui donna toutes sortes de remèdes réputés pour guérir la
folie. Peu à peu, il reprenait ses esprits, mais demeurait taciturne et se
refusait à dire ce qui lui était arrivé. Avec beaucoup de patience, on parvint
enfin à lui rendre sa forme physique et à le faire parler plus longuement. Mais
quand on lui demandait son nom et de quel pays il était, il répétait :
« Je suis un chevalier de la maison d’Arthur. » Et comme il allait de
mieux en mieux, on le délivra de ses entraves et on le laissa aller à son gré. Il
fut plusieurs jours à se réhabituer à marcher. À la fin, il se sentit
complètement rétabli et dit à son hôte qu’il voulait prendre congé. « Et
où vas-tu aller ? lui demanda celui-ci. – Je ne sais pas, répondit Lancelot,
mais je dois partir. » Le chevalier n’insista pas. Il lui fournit des
armes et un cheval qui n’était pas trop mauvais, et on le laissa aller en le
recommandant à Dieu.
    Lancelot chevaucha dans la forêt, toujours triste et mélancolique.
Le soir, il s’engagea dans une vallée profonde où les ombres commençaient à s’épaissir.
Il rencontra alors une jeune fille montée sur une mule blanche et la salua
courtoisement. « Seigneur, dit la jeune fille, Dieu te garde. Mais dis-moi
ton nom, je te prie. – Je n’ai pas de nom. Je ne suis qu’un simple chevalier
errant », répondit Lancelot. La jeune fille le regarda avec plus d’attention
et comme la visière de Lancelot était relevée, elle put voir son regard. Elle
lui dit : « Il est inutile de me cacher la vérité, car je t’ai bien
reconnu, chevalier ! Tu es Lancelot du Lac, fils du roi Ban de Bénoïc. Sois
le bienvenu, Lancelot, car j’étais justement à ta recherche. – Et pourquoi donc ?
– Tu viens de me tirer d’un grand embarras, continua la jeune fille, et je t’avoue
que si je ne t’avais pas rencontré, je n’aurais cessé d’aller avant de t’avoir
trouvé. » Lancelot s’impatienta : « Mais pourquoi donc me
cherchais-tu ? – Parce qu’il y a dans cette forêt la plus extraordinaire
aventure du monde, et toi seul peux la mener à bien. Veux-tu venir avec moi ?
– Oui », répondit Lancelot très intrigué et voulant savoir de quelle sorte
d’aventure parlait la jeune fille à la mule.
    Ils chevauchèrent tous deux jusqu’à une puissante et riche
construction, entourée de murs et de fossés. Ils y entrèrent et la jeune fille
dit à Lancelot : « Seigneur, nous prendrons notre logis ici ce soir. Il
est bien tard et si nous poursuivions notre chemin, nous serions surpris par la
nuit. Demain, quand il fera jour, je te mènerai où je t’ai dit. » Lancelot
accepta et descendit de son cheval. La jeune fille lui dit encore :
« Attends-moi, je ne serai pas longue, mais il faut que j’annonce notre arrivée.
– Fais donc pour le mieux », lui répondit Lancelot.
    La jeune fille entra alors dans le corps du logis. Elle se
précipita vers une salle assez haute et richement décorée, avec un bon feu de
bûches dans la

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