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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’était assez courageux pour relever le défi d’un
chevalier étranger. Qu’allait-elle devenir et qu’allait donc être le sort des
terres qu’elle avait réussi à préserver jusqu’à ce jour ? Aussi, commença-t-elle
à se repentir d’avoir congédié Luned, car celle-ci était de bon conseil, bien
que parfois trop impertinente, et elle se mit à espérer que la jeune fille
reviendrait la voir sans qu’elle-même eût à faire le premier pas.
    Luned revint effectivement le lendemain sans y avoir été invitée,
et elle reprit son discours où elle l’avait laissé. La dame, qui se reprochait
de l’avoir offensée, baissait la tête, résolue à lui faire des excuses et à
écouter jusqu’au bout ce qu’elle lui dirait. « Je te demande pardon, dit-elle
humblement, pour toutes les méchancetés que j’ai prononcées à ton égard. Je
sais bien que celui qui a vaincu mon mari était meilleur chevalier que lui. – Il
est toujours le meilleur chevalier ! affirma solennellement Luned. – Dis-moi
alors qui il est, reprit Laudine, à quelle maison il appartient. S’il est de
mon rang, pourvu qu’il n’y ait pas d’empêchement de sa part, je pourrai, j’en
conviens, en faire mon mari et le seigneur de ma terre. Mais il faudra agir de
telle sorte qu’on ne puisse jamais dire : c’est celle qui a pris celui qui
a tué son époux. – C’est bien mon avis. En tout cas, je peux te dire que tu
auras le seigneur le plus noble, le plus franc, le plus beau jamais sorti du
lignage d’Adam. – Comment se nomme-t-il ? – Yvain, fils du roi Uryen
Rheged. – Certes, ce n’est pas un vilain. Il est de bonne famille et sa
réputation n’est plus à faire. Quand donc pourrai-je le voir ? – Dans cinq
jours, tout au plus. – Cinq jours ! s’écria Laudine. C’est bien long. Qu’il
vienne dès ce soir, ou demain au plus tard ! – Dame, dit Luned, ce n’est
pas possible. Nul ne peut parcourir si longue distance en un seul jour. Même si
je partais maintenant pour la cour d’Arthur, je n’arriverais jamais à le
joindre en si peu de temps. Disons que cela pourra se faire demain soir. – C’est
encore trop long. Luned, pars immédiatement pour la cour du roi Arthur et ramène-moi
dans les plus brefs délais cet Yvain, fils du roi Uryen. » Luned ne se le
fit pas dire deux fois. Elle prit congé de la dame et fit comme si elle devait
accomplir un long voyage. En réalité, elle alla rejoindre Yvain dans la chambre
où il se cachait.
    Le lendemain, vers midi, Yvain revêtit une robe, un surcot
et un manteau de soie jaune, rehaussé de larges festons de fils d’or. Ses pieds
étaient chaussés de brodequins de cuir bigarré, fermés par une figure de lion
en or. Yvain éprouva une grande appréhension à l’entrée de la chambre où l’on
attendait impatiemment sa venue et où il craignait d’être mal accueilli. La
dame, quand elle l’aperçut, resta bouche close, ce qui augmenta sa frayeur. Il
se crut trahi et demeura immobile à la porte. Luned alors s’écria :
« Aux cinq cents diables celui qui n’ose pas entrer dans la chambre d’une
femme si belle et n’a ni langue ni esprit pour se faire connaître ! Chevalier,
entre ! N’aie pas peur que ma dame te morde, mais implore plutôt d’elle la
paix ! Et je la prierai avec toi de te pardonner la mort d’Esclados le
Roux, son défunt mari. »
    Yvain joignit les mains, s’agenouilla et murmura en tremblant :
« Dame, je ne crierai pas merci, mais je te remercierai pour ce que tu
voudras faire de moi, car rien qui vienne de toi ne saurait me déplaire. – Vraiment ?
répondit Laudine. Et si j’ordonnais ta mort ? – Dame, je ne saurais dire
autre chose que grand merci ! » La Dame de la Fontaine considéra Yvain
avec attention. « Luned, dit-elle alors avec une certaine ironie, ce seigneur
n’a pas l’allure de quelqu’un qui vient d’accomplir un long voyage ! – Quel
mal y a-t-il à cela, princesse ? répondit Luned. Aurais-tu préféré qu’il
se présentât devant toi couvert de boue et de poussière ? – Après tout, peu
m’importe, tu as raison, reprit Laudine. Ainsi, ce n’est pas un autre que lui
qui a fait sortir l’âme du corps de mon seigneur. – Tant mieux pour toi, princesse,
car s’il n’avait pas été le plus fort, il ne lui aurait pas enlevé l’âme du
corps. C’est chose faite et nous n’y pouvons rien. »
    La dame fit relever Yvain. « En somme, dit-elle, tu t’en
remets

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