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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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irlandais, dans
le droit brittonique comme dans le mythe général. C’est le témoignage d’un refoulement
du désir secret de revenir à l’ancien système, sinon dans les faits, du moins
dans une sorte de métaphysique doublée d’un érotisme très subtil que seule la
psychanalyse peut expliquer de façon satisfaisante.
    Puisque les Celtes sont malgré tout des Indo-Européens, considérons
d’abord la notion de féminité chez les anciens Indiens. Le principe féminin est
appelé, dans la terminologie des Védas , la shakti . Or, il semble bien que toute la mythologie
brahmaniste repose sur le fait que la divinité mâle ne peut rien seule, et
qu’il est nécessaire qu’une divinité femelle le complète en vue de l’action. Il
n’y a pas de dieu mâle unique et jaloux de prérogatives chez les Indiens. Il
n’y en avait pas chez les autres Indo-Européens, du moins aux époques
primitives. On peut résumer ainsi, de façon schématique la théogonie des
Védas : au début était Brahma, le Tout indifférencié, l’Absolu. Mais
l’Absolu étant absolu, il n’est pas capable d’action. Cette constatation hégélienne
conduit à supposer une forme relative de la divinité absolue et
indifférenciée : ce sera Çiva. C’est en Çiva que s’accomplit l’une des
phases de Brahma. Çiva est l’être relatif, mais on ne peut concevoir d’être
sans son contraire – ou son complément – et Çiva, qui est mâle, qui est le
législateur caractéristique d’une société paternaliste, ne peut l’être
effectivement que si on lui oppose un principe féminin, par lequel il
existe ; sinon, il redeviendrait Brahma indifférencié et absolu. Ce
principe féminin, cette shakti , prend l’image
de l’ancienne déesse pré-aryenne Kâli, ou le visage de toute autre
déesse : elle est l’épouse de Çiva, elle est étymologiquement « l’énergie
en action, le dynamisme du temps ». Çiva est assis en contemplation intérieure,
hors du temps, et donc de l’espace. Il est donc l’aspect passif de l’éternité. Et c’est la shakti qui le met en mouvement : la déesse est
par conséquent l’aspect actif de l’éternité.
    À y bien comprendre, les rôles sont renversés. Les hommes
qui se croient les dominateurs du monde et les régulateurs de l’ordre établi ne
s’imaginent pas un seul instant que leur pouvoir n’est que passivité et que le
pouvoir de la femme, qu’ils méprisent (mais aussi qu’ils redoutent et envient),
est le pouvoir actif. Ainsi s’explique que dans certaines langues qui ont conservé
le souvenir des époques antérieures, le germanique, le celtique et le
sémitique, pour ne parler que de celles-là, le soleil soit féminin et la lune
masculine. Le soleil représente en effet la chaleur active qui se répand sur le
monde et qui donne la vie à la Lune, astre stérile et qui n’est fécondé que par le soleil. Dans le folklore du monde entier, on
raconte des histoires à propos de la lune qui engrosse les femmes, on avertit
les femmes de ne pas uriner en face de la lune, on établit une relation entre
la lune et le cycle menstruel. Ce dernier point est très important d’ailleurs,
car il indique les périodes de fécondité de la femme : ce qui veut dire
que la fécondité féminine solaire a besoin de
son contraire lunaire , contraire passif et
froid. Ce n’est après tout qu’un raisonnement dialectique, mais l’histoire de
Tristan et Yseult qui a fait les beaux jours de toutes les exégèses de l’amour
occidental est basée sur cette opposition, et nous verrons plus loin les conclusions
qu’on peut tirer de cette constatation.
    Il va sans dire que la conception de la shakti , principe actif de la divinité, est cause des
représentations nombreuses d’unions sexuelles réalistes sur les temples
brahmaniques : ces représentations évoquent toutes, à des degrés divers,
l’union de Çiva et de Shakti. C’est là le hiérogame, vers lequel tendent inconsciemment
toutes les créatures, parce qu’elles sentent que de cette union naît la maya , le monde de l’illusion, ce qui signifie en
clair, pour un Européen, le monde des réalités apparentes, ou encore le monde
de la relativité.
    C’est à ce hiérogame que tendent tous les héros des épopées
celtiques. Maelduin, au cours de sa navigation sur la mer, découvre l’île
merveilleuse où se trouve la Reine . Lancelot
du Lac tente l’union sacrée avec la reine Guenièvre. Tristan tente lui

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