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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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prisonnier plus longtemps le mortel qu’elle
aimait. C’est l’histoire de Fand et Cûchulainn, celle de Brân et de Maelduin
avec la reine de l’Île Mystérieuse, celle de Condlé le Beau, fils de Conn, celle
de saint Guengalc’h de Tréguier, celle de Morgane et de Lancelot.
    Tacite, au milieu de peuples à demi-germains et quelque peu
celtisés, cite le nom des Naharvales, lesquels possèdent un bois consacré à une
religion antique. On y honore un couple divin, en qui Tacite semble reconnaître
Castor et Pollux, et le prêtre qui est chargé de ce bois est revêtu de
vêtements féminins ( Germania , XLIII).
L’identification avec Castor et Pollux est donnée par Tacite avec toutes
réserves, et il est probable qu’il s’agit d’un couple homme-femme plutôt qu’un
couple de frères jumeaux, indice d’une société déjà très paternalisée.
D’ailleurs le fait que le prêtre soit revêtu d’habits féminins est assez
significatif : le prêtre s’identifie à la déesse de la même façon que les
fameux galloi , les prêtres de Cybèle, qui eux
aussi portaient des vêtements de femme, et qui en plus étaient émasculés, de la
même façon que les prêtres eunuques qu’on trouvait à Uruk, chez les Hittites, à
Éphèse, à Chypre et en Lybie, sans parler des shamans de toute l’Europe
ancienne et de toute l’Asie encore actuelle dont les rapports avec les druides
sont certains.
    On s’est beaucoup mépris sur ce travestissement en en faisant
une composante homosexuelle. Le rituel de ces religions aurait comporté un certain
nombre d’actes relevant directement ou non de l’homosexualité, les homosexuels
étant considérés comme des êtres intermédiaires, tout comme les fous et les gens
ivres, et donc doués de pouvoirs surnaturels. Il ne semble pas que ce soit là
une explication satisfaisante. Sans nier que l’homosexualité ait été répandue
partout dès la plus haute Antiquité et qu’elle ait fait partie de certains
rituels, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit avant tout de religions de
la Grande Déesse. Or c’est là que joue à plein le processus d’identification de
l’homme, créature, fils et amant, avec la divinité, mère créatrice et
maîtresse : la psychanalyse nous le prouve à l’aide des observations les
plus élémentaires.
    Si, en effet, l’homme primitif enviait à la Femme son mystère,
son ambiguïté fondamentale, son pouvoir de donner la vie, l’homme moderne a
oublié, par son éducation tout entière masculinisée, ce désir métaphysique de
la Femme Divine. Ce désir se retrouve à l’état inconscient chez tous les
individus. Les poètes et les artistes le traduisent dans leurs œuvres, les
autres dans leurs comportements en apparence inexplicables ou tout simplement
aberrants, comme c’est le cas pour l’imitation physiologique et le fétichisme
du vêtement. « L’approche la plus serrée de la féminité chez l’homme
relève du Carnaval. Ce sont les travestis qui ont subi ce qu’ils appellent la
grande opération (castration suivie de la création d’un simili-vagin). Ceci
nous rapproche de la deuxième origine de la crainte de la castration découverte
par Freud : les désirs féminins entraîneraient chez l’homme le désir
d’être châtré… En fait, les impressions qu’éveille chez un homme un tel
comportement ne soulèvent-elles pas un peu le voile
de l’épais mystère que représente pour les hommes la féminité  ? Le
travesti ne correspond-il pas à l’interprétation erronée que fait un frère
lorsqu’il constate l’absence de pénis chez la petite fille [182]  ? »
    Le problème est là : il ne s’agit pas de revenir à la
conception freudienne de la femme qui se sent frustrée parce qu’elle n’a pas de
pénis, et qui manifeste son envie du pénis par différentes attitudes, il s’agit
des approches de la féminité, d’ailleurs aussi mystérieuse pour la fille que
pour le garçon, cela en dépit des apparences. Le prêtre qui officie dans ses
vêtements de cérémonie, tous d’origine féminine, et le travesti, châtré ou non,
obéissent au même désir : soulever un coin du
voile , soulever le fameux voile d’Isis. Et si l’on peut facilement – et
stupidement – classer le geste d’un jeune garçon qui veut voir sous les jupes
des femmes comme une dépravation, une perversion, alors c’est toute l’humanité
qui est pervertie, le geste de l’amant qui dévoile le corps de la

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