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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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physiquement mais capable de voir l’éternité [206] ,
en dit long sur son appartenance à l’Autre Monde. C’est d’ailleurs le
dieu-druide, le shaman inspiré qui possède la science de l’Au-delà, symbolisée
dans la quatrième branche du Mabinogi par les
fameux Cochons venus d’Annwfn et qui sont le lot de Pryderi avant d’être
dérobés par Gwydyon, l’homme du Nord, c’est-à-dire d’une autre culture, d’une
autre religion, mais néanmoins, fils de Dôn, fils de la même déesse-mère Anna.
    Il nous reste à préciser le schéma du mythe de la Grande
Reine, compte tenu des différences qui existent entre toutes les versions
celtiques que nous possédons. La Déesse Grande Reine est vierge , c’est-à-dire non liée à un époux, donc
toujours disponible pour de nouvelles amours (Morgane). Lorsqu’elle est
amoureuse d’un homme, c’est elle qui fait le premier pas (Rhiannon, Macha,
Grainné, Deirdré, Yseult, etc.), ou bien c’est elle qui enchaîne l’homme
(Viviane). Elle est toujours mystérieuse et l’homme ne doit pas connaître sa
réalité profonde sous peine de la perdre (Mélusine, Sadv, mère d’Oisin). Son
fils est toujours promis à de hautes destinées (Rhiannon, Arianrod, Sadv, Ness,
mère de Conchobar, Keridwen, Rivanone, Dechtire, etc.) mais elle en est séparée
(Modron, Rhiannon, Mélusine) ou bien elle l’abandonne (Arianrod, Rivanone,
Keridwen.) En sa qualité de vierge , et au sens
étymologique du mot, elle est détentrice du pouvoir réel, de l’ énergie qui met le monde en mouvement (Mélusine,
Keridwen, Rhiannon, Yseult, Guenièvre, Grainné, Macha, etc.). Cette énergie
dont elle est détentrice, elle ne peut en disposer qu’en faveur de ceux qui se
montrent dignes de la posséder, généralement son fils (Mélusine, Keridwen,
Morgane-Modron, Ness, Viviane en tant que mère adoptive de Lancelot, Dechtire,
etc.) ou bien son amant (Morgane, Guenièvre, Yseult, Grainné, Sadv, etc.), beaucoup
plus rarement son époux légitime (Rhiannon en faveur de Pwyll, Mélusine en faveur
de Raimondin). Elle s’enferme volontiers pour garder ses secrets (Arianrod dans
sa citadelle, Viviane et Keridwen dans le lac, Mélusine dans sa grotte) :
elle est, comme le répètent les Litanies de la Vierge, l’ arca foederis , l’Arche d’Alliance, ce qui n’est pas
une simple image biblique mais la constatation qu’elle est détentrice du Secret
dans cette Arche qui la symbolise [207] . Enfin, elle est
éloignée du monde des hommes et elle se méfie de la prétention des hommes à vouloir
usurper ses pouvoirs, ce qui la conduit à maudire les hommes (Arianrod,
Mélusine) ou à se venger de leur mépris par des sortilèges (Macha).
    Car la Grande Reine est en butte, non seulement aux sarcasmes
des hommes, mais aussi à leur volonté de puissance, leur égoïsme, à leur
instinct de propriété. Ce sont les hommes qui ont inventé la Femme-Objet, parée
de mille atours, mais prisonnière quand même. Et parfois la Femme-Objet,
c’est-à-dire la Déesse, la Grande Reine, prisonnière dans le tabernacle, va
secouer ses chaînes. Et sa révolte sera terrible, car elle menace directement
la société que les hommes ont édifiée sans elle.

CHAPITRE IV -
La révolte de la fille-fleur
    Il n’échappe à personne que la société industrielle dans laquelle
nous sommes plongés, quoique nous en pensions, et qui est inéluctable, quoi que
nous fassions pour l’ignorer ou la refuser, est la suite logique de la société
paternaliste instaurée aux débuts de l’agriculture qui consacrait la division
du travail et la répartition des forces et des richesses entre les différents
participants de la communauté. Cette société repose sur le travail, donc sur
l’effort, voire sur la souffrance [208] . Cet effort, cette
souffrance ont pour but un rendement destiné à
procurer l’abondance des biens et de la nourriture. Mais pour viser haut,
c’est-à-dire pour obtenir le maximum de rendement, il faut nécessairement
sacrifier l’intérêt immédiat qui pousse à la consommation simultanée, au profit
de l’intérêt futur qui pourra se satisfaire d’une production plus ample et plus
variée, donc d’une consommation supérieure. Il y a déséquilibre entre l’intérêt
immédiat qui est instinctuel et l’intérêt
futur qui est rationnel , et nous retombons
dans l’éternelle querelle entre l’ instinct et
la raison . Or, en dépit de ce que prétendaient
les philosophes

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