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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la
déesse galloise. Nous débouchons en effet sur un groupe ANA qui est loin d’être
inconnu de la mythologie, et qui présente, en plus, l’avantage de s’expliquer
par le celtique.
    Car le groupe ANA se rencontre dans de nombreux noms de
divinités, la plupart féminines, dans diverses traditions indo-européennes ou
sémites. Ainsi, dans l’ancienne mythologie indo-iranienne, trouvons-nous la
déesse Anahit ou Anahita ,
dont le sens serait « immaculée », devenue en Grèce et en Asie Mineure Anaïtis . Chez les Sémites, c’est Nanaï ou Nanâ ,
assimilée de bonne heure à Ischtar Astarté, celle qu’on adorait à Carthage sous
le nom de Tanit , dans laquelle se reconnaît
encore nettement le groupe ANA. À Babylone, une déesse Anat correspondait à la Cybèle d’Asie Mineure, et il
faudrait aussi parler d’ Anou , dieu hittite et
babylonien, qui semble le résultat d’une masculinisation du mythe de la déesse [192] .
Dans le domaine indo-européen, il faut insister sur le nom de la déesse des
Scythes Tanaïs  : c’est en effet le nom du
fleuve Don et du fleuve Danube (Danuvius) et il est en rapport étroit avec le
mythe grec archaïque du tonneau des Danaïdes ,
ou filles de Dana . À l’indienne Anna Pourna
(la Nourrisseuse), nom qui a été donné à l’une des plus hautes montagnes qui
surplombent l’Inde, correspond la très latine Anna Parenna, qui est également
la « nourrisseuse ». Mais c’est dans le personnage bien connu de
Diane qu’on va la retrouver avec le plus de signification. En effet, Diana semble être la transcription latine (Di-Ana)
du nom de la déesse des Scythes, Tanaïs, celle dont les Grecs, et particulièrement
Hérodote, nous racontent les cruelles cérémonies et dont nous trouvons des
traces encore bien visibles dans le mythe d’Iphigénie rapporté par Euripide [193] ,
et aussi dans l’histoire de Phèdre et d’Hippolyte. Cette Diana semble avoir été la déesse primitive des
Latins sous le nom de Dianus (Di-Anus, la
déesse vieille-femme), avant d’être masculinisée en Janus (Di-Anus ou Dji-Anus), et ensuite réimportée sous la figure d’Artémis, sœur
d’Apollon, par le canal des Grecs [194] .
    Rappelons à cette occasion que toute l’aventure de Merlin et
de Viviane se déroule autour du fameux Lac de Diane, et en quelque sorte sous
le patronage d’une Diane qui n’a rien à voir avec la vierge sage et chasseresse
de l’imagerie classique la plus lénifiante [195] . Et cela nous conduit
au domaine purement celtique. Ici, nous sommes comblés : c’est d’abord la
grande déesse-mère de la mythologie gaélique, Dana ,
ou Danu , ou Ana ,
l’ancêtre des Tuatha Dé Danann, et que les Gallois appellent Dôn , mère de Gwyddyon, d’Arianrod, d’Amaethon et de
Gilvaethwy (elle apparaît sous la forme Do, dans les romans de la Table ronde,
comme en témoigne Girflet fils de Do , dans La Mort du roi Arthur ). Deux collines du Kerry, en
Irlande, sont appelées les « Tétons d’Anna ». Dans le folklore du
Leicestershire, il est question d’une black Annis (Annis la Noire), déesse des morts, monstre féminin anthropophage qui habite
une caverne. Et puis il y a surtout ce personnage mystérieux qui est devenu Sainte-Anne , mère de la Vierge, en Bretagne armoricaine,
à une époque d’ailleurs assez récente.
    Il y a en effet une coïncidence étrange dans le fait que le
culte de sainte Anne ait correspondu à un culte de la déesse, surtout dans les
pays à prédominance celtique. Si sainte Anne, mère de Marie, aïeule du Christ,
a vu son culte s’implanter d’une façon étonnante à partir du XVII e  siècle en Bretagne armoricaine, il y a une
raison. On pourrait baser une argumentation sur des données historiques
montrant que la légende de saint Anne en Bretagne, telle qu’elle est racontée
en Cornouaille, remonte assez haut dans le temps, mais que le culte lui-même ne
date vraiment que du XVII e  siècle, époque
où Nicolazic découvrit la fameuse statue de Keranna, village devenu Sainte-Anne
d’Auray [196] . Cette statue de Keranna
devait représenter une quelconque déesse, mais peut-être Ana , puisque les lieux où l’on découvrit ces statues
s’appelaient depuis fort, longtemps Commana (Auge d’Ana) et Keranna (la ville
d’Ana). D’autre part, Keranna se trouve précisément sur la voie romaine qui va
de Nantes à Quimper, et se trouve non loin de ces célèbres champs élyséens que
sont les alignements de

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