Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
(« Demain je suis allé au
cochon pour vendre mon village. Je ne verrai pas celui que j’ai rencontré, mais
il m’a payé une table au verre de l’aubergiste. D’ailleurs j’avais mouillé ma rivière
en passant la chemise et je serai trempé lorsque je me suis trompé de vent en
prenant la route… »).
    Néra a donc atteint le stade de la royauté intemporelle qui
est celui du Parzival de Wolfram. Mais il a pu parvenir à ce stade par la Femme,
comme Parzival guidé par Kundry, double de Condwiramur, comme Peredur hanté par
l’Impératrice aux multiples visages. Peredur-Parzival a accompli un long
périple initiatique (c’est-à-dire un itinéraire intérieur débouchant sur la
compréhension) qui va du départ du château où il était tenu à l’écart par sa
mère (le ventre maternel) à l’union mystico-sexuelle par laquelle il devient
Roi du Graal (retour au ventre maternel). Il y a, comme l’a montré René Nelli [302] ,
une « érotique du Graal » qui n’est point tellement différente de
l’Érotique des Troubadours, mais qui, en plus ,
bénéficie des apports celtiques les plus divers dans l’interprétation
particulière du rôle de la Femme en tant qu’initiatrice. Robert Lafont, dans
une remarquable étude sur les Troubadours [303] , fait remarquer que
« chez eux, la mort est peut-être tout autre chose qu’un arrêt du temps de
vivre, une borne à franchir, un mystère à élucider. Elle semble une réalité
quotidiennement vécue ». Cette transcription poétique de l’expérience de
la mort ne peut pas être séparée de l’amour, comme il ressort de toute lecture
des troubadours. Il en est de même dans la tradition celtique dont la légende
de Tristan demeure à cet égard la plus significative ; il en est de même
dans la version de la légende du Graal que nous présentent Chrétien de Troyes
et Wolfram d’Eschenbach, version où, semble-t-il, se mêlent harmonieusement les
thèmes des troubadours occitans et les thèmes des bardes celtiques.
    Psychanalytiquement, la Quête du Graal s’explique par le retour
du Fils à la Mère. Lorsque Peredur-Perceval s’est échappé de chez lui,
lorsqu’il a fui sa mère, il naît , et cette
naissance coûte la vie à sa mère qui tombe morte dès qu’il a franchi le pont.
Mais Perceval ne s’en aperçoit pas, il ne le peut pas, car il est encore trop
au stade de l’égocentrisme, il est ivre de liberté, ivre d’existence. Mais cet
acte sera lourd de conséquence, puisque finalement, s’il ne peut, la première
fois, guérir le Roi-Pêcheur et redonner la fécondité au Pays du Graal, c’est
parce qu’il porte le poids du péché de sa mère morte [304] .
Et Peredur-Perceval commence sa longue quête dont toutes les étapes ou presque
sont marquées par des femmes. Puisqu’il doit expier la mort de sa mère,
c’est-à-dire sa propre naissance, il doit donc retrouver, par ses propres
moyens, le chemin qui le conduira au Château du Graal ( entouré d’eau et invisible la plupart du temps ) qui
est le symbole évident de la Nouvelle Mère, celle à laquelle on ne peut accéder
qu’en tant que fils ou en tant qu’amant, c’est-à-dire la même chose, car,
répétons-le, tout amant est un fils qui s’ignore, comme toute maîtresse est une
mère.
    Il suffit pour s’en convaincre, d’examiner les textes
relatifs à la quête accomplie par Perceval [305] après son initiation
plus ou moins ratée que constitue son premier passage au Château du Graal. Non
seulement les « femmes » que rencontre Perceval ressemblent
étonnamment aux « fées » et aux divinités que rencontrent les héros
des expéditions celtiques, mais aussi chacune d’elles semble jouer un rôle
comparable à celui joué par les différentes pièces d’un jeu d’échecs. Et
précisément, la Quête du Graal, considérée sous l’angle de la Quête de la Femme est une véritable partie d’échecs,
dans laquelle il faut battre le roi afin de prendre
sa place . Mais on ne peut vaincre le Roi sans le concours de la Reine, la seule qui puisse, sur l’échiquier, se déplacer en tous
sens et assurer la victoire définitive . Cette multiplicité de mouvements
de la part de la Reine, c’est-à-dire de la Femme considérée comme Souveraine,
se traduit dans les épopées celtiques comme dans la Quête du Graal, par une
multiplicité d’aspects ou d’apparences : en fait, pour reprendre un vers
de Gérard de Nerval à propos de tout autre

Weitere Kostenlose Bücher