La Femme Celte
appartient le cheveu doré qu’une hirondelle
vient de déposer. Tristan, qui a reconnu le cheveu comme appartenant à Yseult,
offre à son oncle d’aller la demander en mariage [346] .
Il part, déguisé en marchand et arrive en Irlande. Le pays est bouleversé par
un dragon, un énorme « serpent crêté ». Le roi a promis sa fille à celui
qui débarrassera l’Irlande de ce fléau. Évidemment Tristan part à la recherche
du monstre et, après un dur combat, il parvient à le tuer [347] .
Mais il a été blessé par l’haleine empoisonnée du serpent, et c’est un félon
qui se vante de la victoire. Alors la reine et Yseult, soupçonnant la
traîtrise, cherchent à savoir la vérité et découvrent Tristan inanimé. Elles le
soignent et le guérissent. On découvre alors que l’épée de
« Tantris » est ébréchée et qu’à cette entaille correspond le morceau
de métal retrouvé dans la tête du Morholt. Yseult se saisit de l’épée de
Tristan et veut venger son oncle en tuant le jeune homme, mais elle se laisse
convaincre par les paroles de Tristan et lui pardonne [348] .
Finalement Tristan demande en mariage Yseult pour son oncle le roi Mark, et le
roi d’Irlande accepte : ainsi la paix sera rétablie entre les deux pays.
Le jour du départ est fixé. La reine donne à Brangwain, suivante d’Yseult, un philtre qu’elle devra verser aux nouveaux époux le
soir des noces pour qu’ils puissent s’aimer éternellement. Sur la nef qui
cingle vers le pays de Cornouailles, Yseult se plaint d’être promise à un roi
qu’elle ne connaît pas et montre une violente animosité envers Tristan [349] .
Or un soir, alors qu’il fait très chaud, Tristan demande à boire. Brangwain se
trompe et leur donne le philtre dans un hanap. Aussitôt qu’ils l’ont bu,
Tristan et Yseult se sentent la proie d’un irrésistible amour [350] ,
et ils passent la nuit ensemble, à la grande désolation de Brangwain.
Cependant, à leur arrivée en Cornouailles, on célèbre le mariage d’Yseult et du
roi Mark, et le soir, c’est Brangwain qui, à la faveur de l’obscurité, prend la
place dans le lit du roi, afin que celui-ci ne se doute de rien [351] .
Alors s’installe une situation ambiguë digne du vaudeville le plus
vulgaire : Tristan et Yseult se rejoignent chaque fois qu’ils le peuvent,
même sous le nez du roi. Mais leur endroit de prédilection est un verger [352] .
Lorsque Tristan désire qu’Yseult vienne le rejoindre, il jette des copeaux ou
des écorces dans un ruisseau qui prend sa source dans le verger et qui passe
près du château royal. Ainsi Yseult peut-elle comprendre le message [353] .
Cependant les barons et le nain du roi ne sont pas sans s’être aperçus des manèges
des deux amants. Ils préviennent le roi [354] qui décide de les
surprendre en se postant sur le pin qui est au milieu du verger. Mais Tristan
et Yseult ont vu l’ombre du roi [355] sur la fontaine et
rétablissent astucieusement une situation dangereuse. Cela ne les empêchera
pas, plus tard, d’être vraiment pris sur le fait et d’être condamnés à mort par
le roi Mark, furieux d’avoir été trahi par son neveu qu’il considérait comme un
fils. Mais Tristan s’échappe, délivre Yseult qui allait être confiée à des
lépreux, et les deux amants se réfugient dans la forêt de Morois où ils se cachent
durant plusieurs mois [356] . Un jour, le roi Mark,
seul, les découvre endormis et séparés par l’épée de Tristan. Il renonce à les
tuer, et sans les éveiller, il substitue son épée à celle de Tristan et
s’éloigne [357] . Cependant les deux
amants, bouleversés par la clémence de Mark et comprenant que tout cela ne peut
durer, décident de se réconcilier avec Mark. Tristan rend solennellement la
reine à son oncle et part pour l’exil [358] . Il aboutit ainsi en
Bretagne armoricaine où, après s’être brillamment illustré, il épouse la fille
du duc Hoel, parce qu’elle s’appelle Yseult . Mais
le mariage de Tristan et d’Yseult aux Blanches Mains [359] n’est jamais consommé [360] car Tristan ne peut pas
oublier celle à qui il est lié d’une façon indissoluble [361] .
Il revient plusieurs fois en Cornouailles sous des déguisements divers afin de
rencontrer Yseult la Blonde, et à chaque fois, c’est un nouveau déchaînement de
leur passion. Un jour, il pénètre à la cour du roi Mark sous l’aspect d’un fou
(= bouffon). Il tient au roi des discours en apparence fort
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